Archives mensuelles : juillet 2011

Avec de vrais morceaux de roman dedans

On avance, on avance, doucement mais sûrement. Si vous avez suivi, vous saurez de quoi je parle.

Capture d'écran (Libre Office et StarDict sous Ubuntu)

Nous avancions parmi les rues encombrées ; plus légers cependant, au fond de notre cœur, depuis avoir quitté le palais. Seul Néreïssin faisait grise mine.

— Toujours inquiet, Neïri ?

— Je ne sais pas… Mal à l’aise, surtout. Vois-tu, Yenshaya, la vérité n’est pas monnaie de bon aloi en ce pays-ci.

— Ce pays… Que veux-tu dire ? Ici, au Nintaïka ?

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Échec et mat express

Les connaisseurs (comme Éric Mainville, j’imagine) connaîtront forcément. Mais juste pour le fun, une petite démonstration d’une tactique permettant de gagner une partie d’échecs en 2 coups – et donc des deux déplacements à éviter en commençant! (Source: @SLSingh.)

(Chanson: « How You Remind Me », par Nickelback.)

Harry Potter and the Opportunity for Science Education

A whole generation grew up on the Harry Potter books and the films adapted from these books. So, what does it mean? Everybody and their little sister is going to pay attention if you use dear Harry as a teaching prop!

For zoologists, both books and movies are a mine of educational opportunities. All those owls flitting to and fro, bringing wizards messages — oops! The species mentioned in the books are not always the same as those used in the films. In part because, for instance, it would be difficult, and quite dangerous, to have a huge eagle owl landing on the tender shoulders of a school-age kid… (Yes, even Draco.)

Harry Potter and the PSA, by lyosha

Now, if you are a botanist, how about telling us what a real willow looks like? Not like the films’ poor angry Whomping Willow, in any case!

And then, there’s genetics. This is straight from book canon, and basic knowledge about how wizards can be born from Muggles stock. (Hat tip: @SLSingh).

That’s creativity for you, people! Yes, creativity. Science can has it too.

L’impolitesse du désespoir

« Des suites d’une longue maladie »: l’euphémisme n’est guère employé pour un déprimé qui se suicide, mais pourtant ce serait juste. Il y a aussi ceux qui s’en sortent, définitivement ou seulement pour un temps. Dans tous les cas, il peut s’avérer utile, indispensable, urgent – thérapeutique – carrément effrayant… courageux en tout cas de témoigner.

Mais c’est le chemin choisi par Laurent Gidon, un auteur qui avait publié chez le regretté Navire le roman Aria des Brumes, et qui a depuis récidivé avec d’autres titres chez Mnémos et Griffe d’encre.

N’allez pas imaginer. Laurent est bien vivant.

C’est le texte qu’il a entrepris de publier, L’Abri des regards, qui risque de flanquer un vieux coup à l’estomac. Roman? Témoignage? Les deux? Un texte en tout cas non pas tant sur la dépression qu’écrit pendant un épisode dépressif majeur, alors que l’auteur commençait à plonger dans un univers d’où son propre père, après des années, n’était sorti que par un suicide.

Parlez de choses qui changent une vie…

Je ne vais pas m’étendre. Lisez plutôt L’Abri des regards. Une publication par épisode, au rythme de quatre pages de manuscrit par jour, et qui devrait s’achever le 10 octobre.

Un dernier mot?

« Ce n’est pas l’auteur qu’il faut chercher là-dedans, mais le bonhomme, qui pourrait être vous ; sa voix, qui pourrait être la vôtre. »

Il y a même une page, « Contributions », pour recueillir d’autres témoignages.

Et pourtant… Et pourtant, derrière la modestie, derrière la pudeur (paradoxalement) avec laquelle l’auteur s’exprime, c’est indiscutablement à une œuvre qu’on a affaire ici. Un texte. Incontournable et singulier.

Le photographe, la guenon et le domaine public

Une « fable » du droit d’auteur à découvrir sur S.I.Lex: peut-on définir à qui appartient le droit d’auteur dans le cas d’une photo (ou tout autre « œuvre de l’esprit ») créée par un animal? (En l’occurrence, une guenon, malgré le surnom « Simius qui lui a généralement été attribué dans la presse.)

En effet, cette photo n’appartient pas à l’agence, ni au photographe, mais elle n’appartient pas non plus au singe (du moins tant que l’on aura pas reconnu de personnalité juridique au profit des animaux). Mais tout comme nous avons parfois un peu de mal à nous passer d’horloger, il est difficile de concevoir une photo sans auteur et ce besoin d’imputation fait le lit de toutes les théories les plus farfelues.

N’appartenant pourtant à personne, l’autoportrait de Simius fait donc partie du domaine public, au même titre que les informations et les faits bruts, dépourvus d’originalité et ne portant pas l’empreinte de la personnalité d’un humain.

En fait, la notion de « propriété intellectuelle » a-t-elle même un sens dans ce cas? Comme l’avait fait remarquer Jastrow en commentaire d’un précédent billet sur la même affaire, en droit français:

« Les animaux sont des choses au regard des classifications du droit des biens. Ils sont donc insusceptibles de créer au regard du droit d’auteur. [Ces œuvres] n’en seront pas moins ignorées par le droit d’auteur puisque la création exige une intervention humaine. »  (Cf. Christophe Caron, Droit d’auteur et droits voisins.)

C’est ainsi que Wikimedia Commons s’est enrichie d’un nouveau bandeau, PD-Monkey, indiquant qu’une œuvre est du domaine public et peut être partagée sous le régime Creative Commons lorsqu’elle est l’œuvre d’un singe ou autre animal non humain…

La jurisprudence Simius sur Wikimedia Commons

N’empêche que ce n’est pas la première fois que des personnes ou des institutions récupèrent à leur profit le droit de reproduction – et les royalties – sur des « œuvres » créées par des animaux. Le livre de Christophe Caron cité plus haut évoquait des tableaux « peints » par des chats. Il y a aussi divers précédents de chimpanzés peintres, et même d’éléphants!

J’avais cité le cas de la projet Elephant Art, un refuge pour éléphants, en Thaïlande, où les animaux « peignent » pour les touristes des toiles minute. La vente de ces toiles alimente les caisses de la fondation, qui œuvre pour la sauvegarde des éléphants d’Asie. Les toiles sont même vendues sur leur site avec… un copyright. (Comme l’a si bien observé Calimaq.)

Je ne sais ce qu’il en est du statut des animaux dans le droit thaïlandais, ni en Indonésie – puisque « Simius », notre photographe, est l’hôte d’une réserve naturelle de ce pays.

Mais je ne peux m’empêcher de reproduire ici la modeste (ahem) proposition que j’avais faite chez Calimaq: le parc naturel où vit la guenon a des administrateurs, peut-être représentants de l’État indonésien, ou bien d’une fondation privée. En tout cas, derrière l’animal, il y a des humains. Même si « les animaux sont des choses au regard des classifications du droit des biens » et que la notion de droit d’auteur ne leur est pas applicable, les gens dont ces animaux dépendent ne peuvent-ils être considérés comme leurs représentants légaux?

Donc les droits d’auteurs sur la photo devraient dans cette hypothèse revenir à la réserve naturelle dont l’animal est l’un des « éléments » vivants…

À méditer?

Juste quelques mots de plus…

…Après une journée d’écriture. Eh oui, le même travail en cours.

— Passerons-nous cette fois par la Cour d’Onyx, Yenshaya ? Si tu ne l’as jamais vue, c’est le moment ou jamais.

Mais ce n’était que plus de splendeur glaciale, évidemment. Pas de plantes, pas de statues ; rien que des colonnes aux couleurs étranges soutenant une galerie en guise de promenade. Au centre, un jet d’eau retentissait dans sa vasque, solitaire parmi les dalles. La roche blanche de Tsilkansa resplendissait au soleil du matin.

Je hâtai le pas, frissonnant dans l’air doux et léger, sans bien savoir pourquoi.

Allez, mentionnons un titre. La Cité des Jours Nouveaux. Probablement. Merci de rester… hum, pas « à l’écoute », évidemment, mais… en ligne?

Quote of the day, while thinking of #Oslo

Thank you, Twitter. (Link via @JMAbrassart.)

This is in response to a widely circulated Twitter/Facebook status of Anders Behring Breivik. (Though I’d rather have “suspect” instead of “killer” in the above tweet, because that’s what the guy is until proven guilty. Remember?)

Another good reminder: “John Stuart Mill was all for dissent – but fundamentally opposed to violence. Terrible that his words were used in the context of murder.”

Indeed.

En passant

(Attention: ironie à bord.) Voilà-t’il pas que les Le Pen père et fille se piquent de faire un procès à Caroline Fourest pour son livre sur leur drôle de petit business familial. Cela va-t-il faire des commotions dans la cervelle … Lire la suite

Ursula K. Le Guin: « I am a man »

Inspired by the latest kerfuffle-brouhaha-thingy that doesn’t want to die, but also something that has been lurking on my mind from some time…

The Wave in the Mind, essays by Ursula K. Le Guin (cover)

Ursula K. Le Guin once wrote an essay beginning like this:

I am a man. Now you may think I’ve made some kind of silly mistake about gender, or maybe that I’m trying to fool you, because my first name ends in a, and I own three bras, and I’ve been pregnant five times, and other things like that that you might have noticed, little details. But details don’t matter. If we have anything to learn from politicians it’s that details don’t matter. I am a man, and I want you to believe and accept this fact, just as I did for many years.

You see, when I was growing up at the time of the Wars of the Medes and the Persians and when I went to college just after the Hundred Years War and when I was bringing up my children during the Korean, Cold and Vietnam Wars, there were no women. Women are a very recent invention. I predate the invention of women by decades. Well, if you insist on pedantic accuracy, women have been invented several times in widely varying localities, but the inventors just didn’t know how to sell the product. […] Models like the Austen and the Brontë were too complicated, and people just laughed at the Suffragette, and the Woolf was too far ahead of its time.

So when I was born, there actually were only men. People were men. They all had one pronoun, his pronoun; that’s who I am. I am the generic he, as in, « If anybody needs to have an abortion he will have to go to another state, » or « A writer knows which side his bread is buttered on. » That’s me, the writer, him. I am a man. […]

« Introducing Myself, » © 1992 by U. K. Le Guin, in The Wave in the Mind: Talks and Essays on the Writer, the Reader, and the Imagination (2004).

And so on.

(Question for the attentive reader: who is « I » in the above quoted text? And is it the same « I » throughout? I’ll leave the unraveling of that one to your sagacity…)

Bonne lecture pour écrivains en herbe (et les autres)

C’est une petite histoire pour encourager, mais aussi faire méditer, tous ceux et celles qui s’acharnent sur leurs projets d’écriture – et plus particulièrement qui veulent accéder au statut de romancier: « La petite grenouille qui voulait faire publier son roman ».

Et l’on y évite pas les questions qui fâchent:

[…] « Quand un éditeur te dit non, même sans expliquer, c’est qu’il a une bonne raison. Tu ne le feras pas changer d’avis sans changer ton texte. Et crois-moi, il se souviendra de toi si tu as pris de son temps de travail en demandant des explications, et ton prochain manuscrit sera reçu avec la plus grande méfiance !
— Mais il devrait quand même expliquer pourquoi, non ?
— Rien ne l’y oblige. S’il n’a pas le temps ni l’envie de le faire, il ne le fera pas : ce n’est pas son travail d’aider les jeunes auteurs. De l’aide, tu peux en trouver sur la mare, avec plein d’autres grenouilles qui seront ravies de t’aiguiller si tu leur proposes ton expérience en échange. L’éditeur, lui, doit juste savoir si le manuscrit est publiable et s’il correspond au public de sa maison d’édition. Autant dire que si tu envoies ton manuscrit, tu dois le penser excellent : n’espère pas avoir juste un avis.
[….]
— Et s’il me propose des pistes de travail avec lesquelles je ne suis pas d’accord ?
— S’il t’a laissé entrevoir la possibilité d’une collaboration, tu peux argumenter pour essayer de comprendre son point de vue. S’il te les a juste données parce qu’il a aimé ton manuscrit mais ne veut pas le publier, c’est inutile : c’était juste une information pour t’aider !
— Super ! Merci, grand esprit de la mare, je vais pouvoir envoyer mon projet à tous les éditeurs maintenant !
— Ne sois pas trop gourmande, petite. Cible les éditeurs qui te conviennent, il y a même un Grimoire Galactique des Grenouilles pour t’y aider. Et attention aux envois groupés qui montrent que tu l’as envoyé à tout le monde ! Ça ne fait vraiment pas professionnel… »

À lire sur Tintamarre, le blog associé au forum CoCyclics, où les auteurs de l’imaginaire se regroupent pour faire de la bêta-lecture, bref, s’entraider pour s’améliorer et pour multiplier leurs chances de se faire éditer.