Archives de Tag: évolution

En passant

La sélection naturelle a encore frappé! Après les super-bactéries anti-antibiotiques, voici des souches de « super-souris » qui ont développé une résistance à la warfarine et autres poisons communément utilisés contre la prolifération des rongeurs. Temps pour les chats souriciers (et chiens … Lire la suite

Moles are very strange vertebrates

Extra fingers don’t come out of nowhere, even when they have adaptive value.

These days in the news, we have an interesting example of the way inherited sets of genes and body plans limit the options for adaptation: the mystery of the mole’s second thumb. Short version: some moles (genus Talpa) have a second « thumb » on their forelimbs, which is one more digit than other modern vertebrates – an oddity in need of explanation.

But biologist Christian Mitgutsch, from Zurich, and colleagues, have shown that, just like what happened in the famous case of the panda’s thumb, these mole species have evolved their supplementary digit out of a wrist bone, and the result is a large six-finger « hand » very efficient for digging, indeed.

It’s also one of many examples of something this recent post by P. Z. Myers on aliens touches on: the idea that a good look at how evolution works here on Earth should give pause to science-fiction writers, film-makers and designers… Before they imagine life on alien planets too much like ours, let them see how different adaptive solutions already crop up among the multitude of living forms on our home planet!

En passant

J’ai sorti une araignée de la baignoire ce matin. Bref moment de culpabilité biologique. Et si j’avais laissé la bestiole se débrouiller? Il y aura bien un jour une mutation chez ces arachnides qui conduira, sélection naturelle aidant, à les … Lire la suite

Première neige pour… trois tigres de Sibérie

Parce que certains jours, on a tous besoin de vidéos débordantes à ras bords de l’élément adorable

Les bambins sont de jeunes Tigres de l’Amour (alias Tigres de Sibérie) nés au zoo du Bronx, à New York, et qui découvrent la neige pour la première fois.

Commentaire du biologiste Jerry Coyne (du blogue Why Evolution Is True, où j’ai piqué – sans vergogne aucune – cette vidéo): cette variété de tigre a manifestement développé au cours de son évolution les gènes nécessaires pour bien tolérer la neige… mais pas les gènes pour en avoir une connaissance innée! Et ces trois-là font comme tous les bébés mammifères du monde: ils jouent avec la nouveauté afin de mieux l’explorer.

Du complotisme, du créationnisme et de mes prétendues «bêtises»

Réponse à Jean Robin, qui m’accuse de «raconter des bêtises»… Il n’a pas dû apprécier que je parle à son sujet d’un basculement du côté obscur!

Terme trop fort? On en jugera. Je commentais un article d’Olcola à propos d’une vidéo où le journaliste donnait la parole à… Jean Staune, un de nos quelques spécimens de créationnistes à la française (version «dessein intelligent»).

Hélas, mon commentaire est dans la file de modération, le proprio de Coffee and Sci(ence) étant pour l’instant en vacances… Voici donc, ci-dessous, l’intégralité de ma réponse:

* * *

Jean, je ne vois pas quelles «bêtises» vous m’accusez de raconter. D’autant que vous semblez avoir compris de travers, ou lu trop rapidement, mon commentaire. Je n’ai jamais prétendu porter un jugement sur vos livres (même si j’ai suivi le lien donné par Oldcola et soupiré devant la collection hétéroclite de prétendus «débats interdits» que vous affichez dès la couverture – débats interdits sur la place de la France dans l’UE ou sur le réchauffement climatique, vraiment? Sur quelle planète avez-vous passé les dix dernières années?) mais témoigner de ce que j’avais pu voir, lire et entendre lors de l’affaire Thierry Ardisson, et après.

Il s’agit de débats qui ont largement eu lieu sur Internet, notamment sur le blog tenu à l’époque par l’équipe d’Arrêt sur images, mais aussi sur celui de Pierre Assouline et sur le mien, puisque je vous avais défendu quand Assouline avait censuré vos commentaires. J’espère que vous vous en souvenez? Et vous vous souvenez peut-être aussi que je vous avais rencontré dans un café près de St-Lazare pour discuter du possible témoignage d’un ancien collaborateur d’Ardisson, qui se trouve faire partie de mes connaissances. (La chose ne s’était d’ailleurs pas faite, cette personne préférant rester en dehors de la polémique.)

Il faudrait sans doute que je remette en ligne mon précédent blog pour pouvoir citer mon article. Mais je me souviens très bien, pour ma part, que dans Ils ont tué la télé publique, l’un des principaux reproches que vous faisiez à Ardisson (en plus d’avoir donné une tribune non critique aux complotistes du 11 Septembre) était de mettre en scène des conflits entre invités, en invitant des personnalités extrémistes et/ou promptes à s’énerver, et particulièrement à monter en épingle tout ce qui touche à Israël ou aux Palestiniens.

Que vous ayez analysé le fonctionnement de ce type d’émission est tout à votre honneur, et je n’ai jamais prétendu le contraire. Ni voulu laisser entendre que vous donniez dans les élucubrations d’un Thierry Meyssan!

Mais il y a plus d’une forme de conspirationnisme. Ce qui m’a mise mal à l’aise, dans les mois qui ont suivi notre échange à propos d’Ardisson, c’est que vous sembliez vous enfoncer peu à peu dans une sorte de syndrome du martyr médiatique, en multipliant les cas de prétendus «sujets interdits», où vous sembliez accepter sans guère prendre de recul le discours de gens qui se prétendent victimes d’ostracisme lorsqu’ils n’ont pas d’argument de fond à présenter. En répercutant par exemple sur votre blog, à un moment, la paranoïa d’un Maurice G. Dantec (le gars qui prétend qu’il est allé s’installer au Canada parce que la France serait trop accueillante pour les musulmans – mort de rire, vu que les exigences en matière d’intégration culturelle sont bien plus légères dans ce pays nord-américain, où le communautarisme n’est pas un gros mot!) ou en publiant en août 2006 un livre sur ce que vous appelez la «judéomanie», que vous définissez comme «Admiration outrée pour la communauté juive, qui génère de l’antisémitisme par retour de boomerang». Sans rire?

Ce faisant, vous commettez l’erreur que vous reprochiez naguère à Ardisson et autres «tueurs» de la télé publique: vous mettez dans le même sac l’influence de quelques intellos médiatiques (BHL, Finkielkraut) et le clientélisme des politiciens auprès du CRIF (en oubliant qu’il y a aussi un clientélisme similaire vis-à-vis des Corses, des Arméniens, des Pieds-noirs, des agriculteurs, de l’église catholique, et même des artistes), en amalgamant tout ça avec la réparation d’une injustice historique, avec la reconnaissance tardive, sous Chirac, du rôle de l’administration française dans la déportation des juifs pendant l’Occupation. Vous montez tout cela en épingle en croyant y voir une entreprise systématique de «sacralisation» des juifs, comme si le lobbyisme du CRIF était à mettre sur le même plan que le rétablissement des faits historiques! Au final, vous agissez comme les complotistes qui voient des manipulations occultes partout, pour qui tout événement néfaste est dû à la volonté de ceux qui tirent les ficelles en coulisse.

Pour Jean Staune et la prétendue «absence de débat» sur «l’évolution non darwinienne», il faut s’entendre: ce que la majorité des biologistes refusent comme non-scientifique, c’est la tentative d’introduire des thèses créationnistes (y compris le «dessein intelligent») dans leur discipline, pas les débats sur la façon dont se produit l’évolution. Les biologistes discutent en permanence des rôles respectifs joués dans l’évolution par la sélection naturelle et par d’autres mécanismes, notamment la dérive génétique. (Googlez ce terme pour voir.)

Une bonne idée aussi serait de lire, ou relire, ce qu’écrivait déjà S. J. Gould sur le sujet il y a vingt ans: les arguments des tenants du «dessein intelligent» et consorts n’ont guère changé depuis. Il s’agit encore et toujours de faire passer pour «scientifique» leur idée préconçue du rôle nécessaire d’un agent surnaturel dans l’évolution, qu’il s’agisse d’un Créateur ou d’une nébuleuse «force» qui dirigerait mystérieusement l’évolution vers son pinacle supposé, l’espèce humaine. Cette conception, hélas pour eux, est largement dépassée, car elle ne colle guère à ce que l’on sait du monde naturel: l’évolution est buissonnante, pas disposée sur une «échelle» de perfection; et la sélection naturelle continue toujours, y compris dans l’espèce humaine.

Bref, prétendre que les scientifiques refusent le débat sur l’évolution darwinienne, c’est soit enfoncer une porte largement ouverte (ben oui, ils refusent d’accorder le statut de science à des idées religieuses…) ou bien avaler tout cru le discours des néo-créationnistes.

La coccinelle de Darwin

Allez, tiens, un petit jeu pour perdre du temps sur le Net — euh, pardon, apprendre en s’amusant!

C’est Evolutionary Ladybug (“La coccinelle évolutionniste”), où le but est de guider la coccinelle avec la souris pour lui faire manger les pucerons. On ne gagne rien, mais on voit évoluer la population de pucerons: des individus vert feuille apparaissent (plus difficiles à repérer), leur vitesse moyenne augmente (ils sont plus durs à attraper), etc.

Un joli exemple de modèle informatique d’un système soumis à la sélection naturelle. C’est réalisé par le réseau de recherche en bio-informatique BEACON (Bio/computational Evolution in Action CONsortium), qui regroupe plusieurs universités américaines.

(Source: Blake Stacey et The Panda’s Thumb.)

Piquantes suprises

Et si le piment pouvait aider à vaincre la douleur ? Non, pas « parce que ça fait du bien quand ça s’arrête »… Mais parce que des chercheurs d’une faculté d’odontologie, au Texas, ont découvert que le corps humain fabriquait une molécule chimiquement proche de la capsaïcine, c’est-à-dire au principal élément actif du « piquant » des diverses espèces de piment.

La sensation du brûlure dans la bouche, quand on mange du piment, est provoquée par la liaison de molécules de capsaïcine ou d’autres capsaïcinoïdes à des récepteurs chimiques présente sur les muqueuses de la bouche mais aussi à l’intérieur le corps. (D’où la douleur si on met du piment sur une coupure, par exemple.) Ces substances irritantes sont le résultat de l’adaptation des plantes à la prédation par les herbivores, une sorte de course aux armements du monde végétal. Mais ne les blâmons pas trop si elles ne respectent pas la Convention de Genève sur les armes chimiques ! Pour des espèces qui n’ont pas de système nerveux et vivent fixées au sol, la fuite comme l’attaque sont hors de question. Reste la production de produits toxiques, irritants, répulsifs en tout genre…

Enfin, pas forcément pour une bestiole aussi bizarre qu’Homo sapiens, qui s’est fait une spécialité de cuisiner toutes les saveurs, piquant inclus, et de cultiver pour les connaisseurs des variétés particulièrement intenses de piment !

Et la douleur provoquée par d’autres causes que le piment, dans tout ça ?

La découverte du Dr Kenneth Hargreaves et de son équipe montre que les molécules impliquées dans la perception de douleur par le système nerveux humain ressemblent elles-mêmes à la capsaïcine, et se fixent à la même catégorie de récepteurs chimiques. Cela offre désormais aux chercheurs en anesthésiologie un meilleur modèle, plus finement détaillé, pour comprendre le mécanisme de la douleur. Une fois identifiées, dans ces fameux analogues humains de la capsaïcine, les molécules qui transmettent l’information « Aïe ! » ainsi que leur mode d’action, il devient envisageable de bloquer ce mécanisme en introduisant dans le milieu une autre molécule qui bloquerait la production de cette « pseudo-capsaïcine » produite par l’organisme en cas de blessure.

Ce qui devrait ouvrir des voies de recherche prometteuses pour le développement d’analgésiques à la fois puissants et ne provoquant pas d’addiction – un domaine où, aujourd’hui, on ne peut avoir l’un sans l’autre.

Et c’est ainsi que le piment peut aider à vaincre la douleur : non en  « soignant le mal par le mal » (vieille formule du temps des alchimistes, lorsque, faute de comprendre le fonctionnement du corps humain, on voulait y voir un microcosme, un analogue en miroir et en miniature du vaste monde avec ses plantes, ses étoiles et autres phénomènes macroscopiques) mais à en nous apprenant comment traiter le problème à la source.

Et même les palais délicats, rétifs aux plus doux d’entre les piments doux, devraient enfin pouvoir apprécier l’apport de ces plantes rétives, mais hautement évoluées, au bien-être de l’humanité.

La terraformation de notre planète laisse encore à désirer

L’éruption du volcan islandais Eyjafjallajökull est la catastrophe idéale : beaucoup de perturbations pour les grands de ce monde comme pour les gens ordinaires, des photos à couper le souffle, mais pour l’instant, heureusement, aucun mort.

Pas de panique ! L’Eyjafjöll au satellite : 3 cratères sous un nuage de cendres (Nasa).

Pas comme le récent séisme dans l’ouest de la Chine. Quelques 1400 morts, 10000 blessés et des dégâts considérables. Sans parler des retombées politiques possibles, dans cette région où habitent de nombreux Tibétains.

Ou les deux autres tremblements de terre majeurs enregistrés cette année, au Mexique et surtout en Haïti. À l’échelle de l’île, celui-là est au moins un cataclysme séculaire.

Mais l’Eyjafjöll (ou Eyjafjallajökull, si vous aimez la difficulté – ou suivez de près les médias anglo-saxons) ? Nonobstant l’animation fin-du-mondesque postée sur les blogues de Gaël et de Sarkofrance, on est encore loin du Krakatoa, dont les éruptions ont plusieurs fois perturbé le climat de la planète entière. Sa situation dans la zone intertropicale garantit en effet une répartition équitable (si j’ose dire…) du plumet de cendre dans l’atmosphère.

C’est du moins l’opinions des géologues (comme Evelyn, du blogue sceptique anglophone Skepchick, que je paraphrase ici).

L’Eyjafjöll est un volcan respectable, certes, mais tout de même moins dangereux, par la taille et la violence de ses éruptions jusqu’ici observées, que le Krakatoa, le Pinatubo ou le mont St. Helens. Et la zone affectée par les retombées devrait se limiter à l’Atlantique nord et les pays riverains.

Ce qui ne veut pas dire que nous en aurons bientôt fini avec ses manifestations. La dernière explosion historique de ce même Eyjafjöll a duré deux ans.

Ce qui n’est rien à l’échelle du globe terrestre.

Il faut dire que l’Islande est traversée par la dorsale médio-atlantique, une zone de remontée permanente de magma et d’expansion entre les plaques nord-américaine et eurasiatique, une zone de formation en continu de la croûte terrestre. Au milieu de ce « tapis roulant » à haute énergie, l’île est comme une marmite sur le feu. On parle même techniquement d’un point chaud !

J’aime bien les histoires de science-fiction qui parlent de terraformer d’autres planètes. Mars, le plus souvent. Mais on ne peut que constater que la planète Terre elle-même n’est guère adaptée à la présence de son locataire, Homo sapiens

Logique : au cours de l’évolution de humaine, c’est le contraire qui s’est produit !