Archives de Tag: édition

Trucs d’écriture (19) : Dire aux lecteurs les choses que je sais

On gagne à écouter les retours de lecture, même si on n’est pas d’accord avec. C’est l’occasion de découvrir son texte avec d’autres yeux, ceux de gens qui ne connaissent pas l’histoire aussi bien que je la connais… Et qui donc ont besoin qu’on leur dise des choses qui peuvent me sembler évidentes à moi, l’auteure. Mais ne le sont pas pour eux.

J’ai déjà parlé de cet éditeur de revue de fantasy/fantastique qui m’avait conseillé de mettre plus de détails sanglants dans une nouvelle. En effet, mon texte, en l’état, péchait par l’insuffisance de matière : c’était plus un résumé qu’une histoire avec des personnages en chair et en os. En les faisant saigner (au propre comme au figuré), j’ai pu passer cet écueil. Et la nouvelle obtenue a été ma toute première publication professionnelle, payée. Pas mal.

Rebelote il y a à peu près deux ans, quand j’ai envoyé mon roman Du sang sur les dunes à des éditeurs. Assez rapidement, je reçois un courriel d’un éditeur (non, pas celui du 81, attendez la suite…) qui me remercie pour cet envoi mais regrette qu’il ne peut le publier tel quel.

Jusque là, rien que de banal. Mais il ajoute quelques remarques et suggestions, et indique que si je les intégrais au texte, il pourrait reconsidérer sa décision.

Gros remue-méninges de ma part. D’un côté, j’avais certes envie d’être publiée. De l’autre, cet éditeur ne faisait pas partie de mes préférés, pour diverses raisons. Je l’avais sélectionné parce qu’il publiait parfois des romans policiers historiques, mais ce n’était pas non plus sa spécialité. Bref ce ne serait pas non plus une grosse perte s’il disait non. Finalement, j’ai décidé de ne pas réécrire le texte dans le vague espoir de satisfaire cet éditeur. J’étais déjà engagée dans la rédaction d’un autre roman, de toute façon, et cela me semblait du temps mieux employé. J’ai donc répondu poliment, sans m’engager.

Mais j’ai tout de même réfléchi aux suggestions.

C’étaient pour l’essentiel des questions sur ce que le lecteur savait ou pas de mes personnages et de leurs motivations. Autour du protagoniste, notamment. Mais il y avait aussi une remarque qui m’a semblé au premier abord un peu absurde : il trouvait que ça manquait de femmes !

Sur le moment, je me suis demandé s’il avait lu en entier le manuscrit. Il y a en effet dans Du sang sur les dunes plusieurs personnages féminins bien distincts, dont deux jouent un rôle absolument clef. D’où pouvait provenir cette impression ? À force de réfléchir, et d’essayer de me mettre à la place du lecteur, j’ai fini par réaliser que ces personnages n’étaient pas présents au tout début du roman, mais qu’on les découvrait à partir du troisième chapitre environ.

J’avais déjà décidé que je ne réécrirais pas de fond en comble le roman, mais je pouvais ajuster certains éléments. Je me suis donc arrangée pour mentionner dès les premières pages les noms de quelques personnages féminins qu’on rencontrerait plus tard. Histoire de signaler à celui ou celle qui lit que ce roman contenait bien de tels personnages.

Même procédé pour les questions au sujet du héros : j’ai ajouté quelques lignes pour rendre plus claire sa position et les raisons qu’il avait de mener l’enquête. C’est cette version qui a été publiée aux Éditions du 81 en 2021. Et j’en suis plutôt contente.

Des avantages de publier avec un éditeur

Du côté des Éditions du 81

Toute personne qui passe ne serait-ce que quelques minutes dans les recoins des réseaux sociaux où discutent des écrivains sait que les plus actifs, les plus passionnés, sont souvent les auteurs auto-édités. Ce qui est logique, quelque part : pour réussir dans l’auto-édition, il faut déjà être bon dans l’auto-promotion.

Mais peut-être que de ce fait, la vision de l’édition depuis les réseaux sociaux est un peu biaisée. Du moins je vois peu de personnes éditées à compte d’éditeur parler de leur parcours, à part évidemment quand ça marche mal. C’est humain.

Et pourtant, c’est un système qui a ses avantages. Je peux parler d’expérience, ayant eu plusieurs éditeurs depuis le début des années 2000.

Tout d’abord, l’aspect matériel : quand il y a un éditeur dans le tableau, ce n’est pas à moi d’avancer le capital pour la fabrication et la commercialisation du livre. Eh oui ! Les coûts ont certes baissé avec l’avènement de la micro-informatique et de l’internet, mais il faut au moins payer la correction du texte, la mise en page et le graphisme de couverture, et bien sûr l’impression. Même si on travaille avec un prestataire d’impression à la demande, il faut leur fournir un fichier prêt à imprimer, de qualité professionnelle. Un investissement en temps, sinon en argent.

Je connais le problème, car j’ai testé moi-même l’auto-édition vers 2007-2008, avec un modeste recueil de nouvelles, et je peux confirmer : c’est beaucoup de travail. Pourquoi je l’ai fait ? Par curiosité, parce qu’on parlait beaucoup de ce système de print on demand, et que j’avais envie de voir ça par moi-même. Le prestataire que j’avais utilisé, Lulu, est honnête, et à l’époque il y avait plus de francophones dessus, mais ça ne m’a pas donné envie d’abandonner l’idée de publier à compte d’éditeur.

Pour être honnête, on peut techniquement s’auto-publier grâce à ce genre de prestataires, mais c’est un investissement non négligeable en termes de temps ou d’argent, ou les deux. Pour faire la maquette du livre, par exemple, il faut apprendre à utiliser des logiciels capables de produire le genre de fichier qui est envoyé à l’impression. Idem pour la couverture : si on n’est pas graphiste, soit on paye un professionnel, soit on doit se contenter d’un visuel pris dans une banque d’images, ce qui n’est pas idéal, on l’imagine.

Même le travail sur le texte n’est pas une affaire d’amateurs. J’ai maintenant l’expérience des corrections avec quatre éditeurs différents : le Navire en pleine ville (disparu depuis, hélas) pour la première publication de L’Héritier du Tigre, puis Rocambole (devenu Doors et acquis par Vivlio), Gephyre (pour l’anthologie Marmite & Micro-ondes), et bien sûr les Éditions du 81, qui ont publié mes romans Du sang sur les dunes et Augusta Helena.

À chaque fois, cela avait été l’occasion de jeter un regard neuf sur le texte du roman ou de la nouvelle en cause. Même un texte qui avait été relu par plusieurs lecteurs bêta peut être amélioré par l’étape de la correction : c’est l’occasion de traquer les erreurs de grammaire restantes, mais aussi de clarifier certains points de l’intrigue, des références historiques, etc. Tous éléments que l’auteure pensait évidents, mais qui ne l’étaient pas tant que ça. Du moins, un professionnel, l’éditrice ou son correcteur, estime qu’il faut clarifier le point pour le bénéfice du public du livre.

Si j’étais dans une démarche d’auto-édition sérieuse, je pourrais certes payer un professionnel pour corriger le texte, mais je serais entièrement libre de suivre ou non ses suggestions. Tandis que si je travaille avec un éditeur ou une éditrice qui a le pouvoir de décision final sur le texte, je suis obligée de discuter et de convaincre la personne en charge des corrections que mon choix est meilleur que le sien en la matière. Ça vous oblige à être très pointue en matière de langue (ça tombe, c’est un de mes points forts), mais aussi à très bien connaître le milieu ou l’époque du roman. Exemple : vaut-il mieux dire « montre de gousset » ou « montre à gousset » ? L’expression imagée « avoir charge de famille » est-elle compréhensible pour des lecteurs actuels ? Faut-il ajouter une expression en note ou dans le texte pour clarifier ce qu’est la Guerre de la Première Coalition ? Telle allusion de l’un des personnages à un événement passé n’est-elle pas un peu obscure dans le contexte ? Et ainsi de suite.

Tout cela permet d’améliorer la lisibilité du texte, mais aussi sa cohérence interne. Et c’est un travail, une expérience, qui servira pour les textes qu’on pourra écrire à l’avenir.

Mais revenons au processus d’édition et de commercialisation d’un livre : une fois le texte peaufiné et mis en page, il faut encore l’imprimer et l’acheminer jusqu’aux acheteurs potentiels. C’est un travail dont la maison d’édition se charge, ou plutôt charge d’autres professionnels : imprimeur, diffuseur, distributeur, attachés de presse…

Si j’étais dans un cadre d’auto-édition, je devais me débrouiller. Essentiellement, cela reviendrait à passer par un prestataire comme Lulu ou (le plus souvent) Amazon. C’est ce prestataire qui assure la fabrication du livre, que ce soit sur papier ou en livre électronique, ou les deux, et qui le met en vente sur son livre. Mais sauf exception, le titre ne sera pas mis en place en librairies. C’est une infrastructure différente, un système adapté à la distribution de livres physiques commandés par des éditeurs, imprimés puis envoyés dans les points de vente sur tout le territoire. Un système qu’on peut critiquer sous différents angles, mais qui existe, et qui fonctionne. Et auquel les auteurs auto-édités n’ont pas accès.

Il peut y avoir des exceptions ponctuelles : si je connais bien un libraire et qu’il me fait confiance, il peut accepter de prendre mon roman auto-édité en dépôt. Mais ce sera une exception. Quand on passe par un prestataire d’auto-édition, le livre est imprimé uniquement quand quelqu’un l’achète, il n’y a pas d’exemplaires imprimés en masse et envoyé aux librairies de France et de Navarre

Ce qui ne veut pas dire que l’auteur ne peut pas tirer son épingle du jeu. Être disponible sur Amazon, c’est être disponible sur la deuxième librairie du pays (la Fnac reste numéro un), après tout. Si l’auteur est capable de faire de la promotion efficace en ligne et hors ligne, il est possible de vendre autant et même parfois mieux qu’avec un éditeur. Les histoires de réussites sont là pour inspirer d’autres auteurs à tenter l’aventure. Mais il faut bien réaliser ce que cela implique.

Faire de la promotion, c’est en soi en métier. Certaines personnes ont plus de facilité pour cela, ou ont une expérience antérieure qui les y aide. Mais ce n’est pas mon cas, et j’en suis bien consciente. Même le plus petit des éditeurs a plus de ressources pour cela que moi, à commencer par un carnet d’adresses bien garni. Et puis il y a la connaissance du milieu, l’expérience d’avoir vendu d’autres livres du même genre, un bagage inestimable. Par exemple, pour la publication de Du sang sur les dunes, l’éditeur et le diffuseur ont opté pour mettre en place plus d’exemplaires dans les librairies de Picardie et du Nord, en se disant non sans raisons qu’un roman de déroulant à Calais et Boulogne marcherait mieux dans cette région.

Il y a ainsi plein d’éléments à prendre en compte, à commencer par le fait que pour beaucoup de gens, passer par un éditeur reste perçu comme un gage de qualité, une validation extérieure. Alors qu’un texte auto-édité n’a que lui-même pour recommandation. C’est bien si l’auteur est déjà connu par ailleurs, mais pour la majorité des débutants, c’est une pente de plus à monter.

L’auto-édition, en somme, c’est être non seulement son propre éditeur, mais aussi correcteur, illustrateur, metteur en page, attaché de presse, diffuseur, distributeur… Il faut démarcher soi-même les librairies, les salons du livre, transporter des exemplaires pour les ventes directes, prospecter les médias en s’adaptant à leurs codes et à leurs habitudes… C’est du boulot. Et vous savez quoi ? Personnellement, c’est du temps que je préfère passer à écrire !

Écriture : trouver son tempo (rediff.)

Beating the Story, par Robin D. Laws (2018)

(J’ai déjà eu l’occasion de jouer les fans de Robin D. Laws, mais je ne m’en lasse pas. Si un éditeur français est intéressé, je le porte volontaire pour la traduction. Sérieux.)

C’est toujours utile de lire des bouquins sur d’autres bouquins. Garanti.

Quels sont les deux conseils aux écrivains débutants sur lesquels tous les écrivains confirmés sont unanimes ? 1) Écrire, écrire, écrire. 2) Lire, lire, lire. Il est en particulier important de lire dans le ou les genres que vous pratiquez, ne serait-ce que pour éviter de réinventer la roue. Et puis il y a les manuels d’écriture créative et autres conseils de pro. Pensez à On Writing de Stephen King (en français : Écriture, mémoire d’un métier), qui offre à la fois une série de bons conseils et un exemple vécu de pratique d’écrivain, ce qui n’est pas inutile quand on est vraiment débutant et qu’on manque de repères.

D’autres manuels, destinés à un public de pros (scénaristes de télé et de cinéma…), se concentrent sur la structure du récit, depuis Story, de Robert McKee (1997, et 2015 pour la traduction française), qui est rapidement devenu la bible des auteurs de scénario d’Hollywood, faisant de la structure en trois actes l’équivalent des tables de la loi, jusqu’à Save The Cat! de Blake Snyder (2005), qui détaille plus précisément les éléments d’un bon scénario, avec des variantes selon les genres de récit. Il n’est pas difficile, là aussi, de percevoir l’influence de l’ouvrage au travers de la construction des films et séries télé de ces quinze dernières années…

Tout ceci ne concerne que la structure de l’histoire, la façon dont les briques sont agencées, en somme. Mais la nature et la qualité des briques elles-mêmes peuvent être cruciales pour l’histoire. À quoi bon peaufiner chaque étape du voyage du héros si celui-ci n’a pas une personnalité cohérente ? C’est tout le récit qui risque de paraître incohérent aux lecteurs. Et à quoi bon multiplier les péripéties quand le rythme reste monotone, poussif ?

C’est là qu’entre en scène Robin D. Laws, écrivain, créateur de jeux de rôles et podcaster canadien, avec Beating The Story (2018). Le titre fait référence au terme musical beat qui peut désigner le tempo ; ou, précédé d’un article indéfini, une mesure de temps. Ce livre a commencé comme une tentative de disséquer ce qui faisait marcher une scène dramatique dans Hamlet ou autre classique du répertoire, pour voir si on pouvait importer ce mécanisme dans l’un des jeux sur lequel l’auteur travaillait. Non seulement l’opération a réussi, mais Laws en a tiré des règles générales qui s’appliquent à tous les types de récit, sur tous types de médias, séries, films, théâtre, romans, nouvelles… Il suffit que ce soit une histoire, avec des personnages et des péripéties, ce qui couvre la quasi totalité de la production actuelle, à part quelques œuvres expérimentales.

De quoi s’agit-il ? De la tonalité émotionnelle des épisodes du récit, ici appelés beats, les temps. C’est plus facile à distinguer au théâtre, où la plupart des scènes sont des interactions entre deux personnages ou plus : l’une demande quelque chose, l’autre accepte ou refuse, et on a ainsi des hauts et des bas émotionnels pour le protagoniste, celui dont on raconte l’histoire et auquel l’audience s’intéresse.

Transposé à la prose narrative, ces hauts et ces bas peuvent être là aussi des interactions entre personnages, ou bien des obstacles à franchir, des énigmes à résoudre, selon le genre : les romans policiers et thrillers auront évidemment plus de ce type de séquences, de beats, alors que les romans sentimentaux ou centrés sur les personnages d’une famille seront quasi uniquement du premier type. Tout l’art est de doser les temps forts à tonalité positive (espoir ou satisfaction pour le protagoniste) ou négative (peur ou échec). On peut analyser de cette façon les livres, films ou épisodes de séries à succès et constater qu’ils font alterner de façon rapide les notes positives et négatives, de façon à garder le public en haleine, lui faire vivre les émotions du héros ou de l’héroïne.

Ce sont des préoccupations commerciales, on me dira ? Oui, bien sûr. Si on veut trouver un public, ce sont des questions à considérer. Et rendre son livre addictif n’est pas la pire façon de procéder.

Roald Dahl, un cas de droit moral

Méfiez-vous des imitations. (« Persona », musée du Quai Branly)

C’est la dernière affaire de cancel culture qui affole l’Internet : la réécriture des livres pour enfants de Roald Dahl. Du moins dans le monde anglo-saxon, car en France, les éditions Gallimard Jeunesse n’ont aucune intention de suivre le mouvement. Et pour cause : le droit français ne s’y prête pas !

J’en ai déjà parlé, mais ça ne fait pas de mal de revenir là-dessus : en France et dans certains autres pays, notamment l’Allemagne, la loi reconnaît aux auteurs des droits moraux sur leur œuvre, en plus des droits patrimoniaux que sont les rémunérations pour l’exploitation de l’œuvre. Ainsi, pour un livre, les droits patrimoniaux contiennent le droit de l’éditer, reproduire, traduire, adapter, etc. Mais le droit moral protège les intérêts intellectuels de l’auteure ou de l’auteur : être reconnu comme créateur (ou créatrice) de l’œuvre, et voir l’intégrité de cette œuvre protégée.

C’est ce critère d’intégrité de l’œuvre qui est en cause ici : quand l’éditeur anglais Puffin (département jeunesse de Penguin) et la société de gestion des droits patrimoniaux sur l’œuvre de Roald Dahl se mettent en tête d’adapter ses textes à ce qu’ils pensent être la « sensibilité » du jour, ils violent le droit moral de l’auteur sur son œuvre, puisque c’est une réécriture qui n’a pas l’aval de l’auteur. (Et pour cause, celui-ci étant décédé.)

Mais voilà : dans le droit anglais, ce droit moral relatif à l’intégrité de l’œuvre n’est pas pris en compte. Du moins pas devant les tribunaux.

Alors qu’en France, on a vu un procès intenté par les héritiers de Victor Hugo contre l’auteur d’une « suite » des Misérables. Ce dernier a finalement eu gain de cause, mais le tribunal a bel et bien dû examiner la question : cette nouvelle œuvre ne risque-t-elle pas de dénaturer l’œuvre d’origine ? La réponse a été négative, parce qu’ici, il n’y a pas de changement du texte d’origine, pas d’attribution à l’auteur d’un texte qui n’est pas le sien, et que (soyons honnêtes) cette suite ne risque guère de faire oublier le livre de Hugo.

Alors que l’éditeur de Roald Dahl change le texte de ses livres et les republie sous son nom, comme si on devait l’inflexion woke du texte à l’auteur lui-même. Même si le droit français n’est évidemment pas recevable devant les tribunaux anglais ou américains, cela confine à de la tromperie sur la marchandise.

Augusta Helena, deux volumes, un seul roman, bientôt complet

Augusta Helena t. 2 : L’Odyssée de l’Impératrice, par Irène Delse, à paraître le 17/02/2003 aux Éditions du 81

On ne publie plus beaucoup de romans en plusieurs livraisons, aujourd’hui, alors que c’était commun du temps de Dickens ou d’Alexandre Dumas. Le prix des livres par rapport au revenu moyen des gens était alors élevé, et cela faisait sens économiquement de faire paraître Les Trois Mousquetaires ou David Copperfield en feuilleton, pour les republier ensuite en volume une fois le public appâté. Hugo, Balzac, Sand, Nerval : quasiment tous les grands noms de la littérature de l’époque ont paru d’abord en feuilleton. En 1955, encore, Tolkien a dû accepter de publier Le Seigneur des Anneaux en trois tomes à cause du coût du papier qui restait élevé dix ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale.

Au XXIe siècle, on n’en n’est plus là, d’autant que la technologie a évolué : par exemple, la colle qui sert à coller le dos est bien plus sophistiquée, permettant de maintenir une quantité énorme de pages tout en restant souple. Ce n’est pas pour rien que l’édition du 50e anniversaire du Seigneur des Anneaux était en un volume.

Sauf que… L’année 2020 est passée par là.

Augusta Helena, t. 1 : Énigmes en Terre Sainte, par Irène Delse, paru le 21/01/2021 aux Éditions du 81

Après le premier choc de la pandémie de covid, le coût du papier a grimpé, celui de l’énergie aussi, l’un influençant l’autre (la fabrication de papier nécessite beaucoup de d’énergie), et les difficultés à trouver de la main-d’œuvre n’ont rien arrangé. Mon éditeur, les Éditions du 81, ont été obligées de couper en deux le gros manuscrit que je leur avais confié, afin de laisser chaque tome à un prix raisonnable.

Le résultat a été Augusta Helena, tome 1 : Énigmes en Terre Sainte, paru en janvier 2021, sous une couverture très élégante, à mon avis. (L’illustration provient d’un carton pour un vitrail, d’époque post-Viollet-Leduc, apparemment.) Et dans un peu plus d’une semaine, le 17 février, le tome 2, L’Odyssée de l’Impératrice, paraîtra, au même prix que le premier : 16,90 €. Et toujours avec un graphisme splendide, jugez-en par la couverture en haut de l’article ! Cette fois, c’est Véronèse, La Vision de Sainte Hélène, qu’on peut voir normalement à la Pinacothèque du Vatican.

Reste à voir si ma protagoniste restera en odeur de sainteté une fois arrivée à la fin du roman… Je me demande ce qu’en penseront les lectrices et lecteurs ?

Augusta Helena : le deuxième et dernier tome s’achemine. Arrivée en librairie le 17 février !

Couverture du roman : détail d'un tableau de Véronèse représentant une femme (Sainte Hélène) en train de somnoler et rêver, assise dans un grand fauteuil, avec un manteau de pourpre et une couronne d'or et de pierreries

Splendide, non ? C’est la couverture du second tome de mon roman Augusta Helena, intitulé L’Odyssée de l’Impératrice, à paraître aux Éditions du 81 le 17 février 2023, soit dans moins de deux semaines.

Quatrième de couverture :

« Après de nombreuses péripéties, le cortège impérial continue sa route en direction de Jérusalem. Mais la quête sainte est loin d’être terminée ! (…) L’amour et la trahison s’invitent à bord du cortège impérial qui n’a pas fini de déjouer les embuscades et les complots ! »

Oui, cette fois, c’est la bonne : l’imprimeur vient de livrer les bouquins, qui sont actuellement dans l’entrepôt du distributeur pour être acheminés dans les librairies. Je devrais pouvoir récupérer mes exemplaires d’auteure la semaine qui vient. Ça roule, on dirait. Alors croisons les doigts…

Mais en attendant, il n’est pas interdit de pré-commander le livre chez votre libraire préféré ou dans un service de vente en ligne bien connu, je ne vous fais pas un dessin ! C’est un bouquin un peu hors normes, par le genre et par les dimensions, et il est d’autant plus important de soutenir un petit éditeur comme le 81, qui a pris là un pari assez risqué.

Et puis, c’est un roman foisonnant, plein de personnages cocasses et de rebondissements étranges, qui promet des heures et des heures de lecture pour s’évader de la grisaille du quotidien… À offrir ou à s’offrir, comme on dit !

Post-scriptum qui n’a rien à voir : Si vous faites partie des fidèles de ce blog, vous avez dû remarquer le changement de titre, tout en haut. J’aimais bien le précédent, « L’Extérieur de l’asile », mais le private joke échappait à la plupart des gens. Tant pis.

Ma nouvelle, « Décalages culinaires », dans l’anthologie Marmite & Micro-ondes, est disponible sur Kindle, le saviez-vous ?

Couverture de l'anthologie : un monstre géant verdâtre qui mange une fusée spatiale

J’ai déjà parlé ici de l’anthologie Marmite & Micro-ondes, réunie par Vincent Corlaix et Olivier Gechter pour les éditions Gephyre. Épuisé au format papier, le volume est disponible sous forme Epub pour les liseuses Kobo et les smartphones, et maintenant aussi sur le Kindle d’Amazon.

C’est aussi là qu’on peut lire ce qui doit être ma nouvelle la plus déjantée : « Décalages culinaires », une histoire de voyages dans le temps et de junk food, de futur dystopique et de perceptions du passé… De mauvais goût et d’encore plus mauvaises actions.

Le texte a une histoire un peu compliquée elle aussi, puisque je l’avais écrit il y a une quinzaine d’années pour le fanzine Marmite & Micro-ondes, mais avais changé d’avis alors même que ma nouvelle avait été acceptée. Drôle d’idée ? C’est que j’avais cru trouver un autre canal de publication plus intéressant : un petit éditeur qui voulait lancer une collection de nouvelles publiées individuellement. Hélas, il n’a pas voulu d’un texte de science-fiction, et je me suis retrouvée avec le texte sur les bras. « Décalage culinaires » a finalement vu le jour vers 2007 en auto-édition, sous le titre « Et si la faim venait » (cela évoquera peut-être des souvenirs à certains) et j’ai dû en écouler, tout compris, 20 exemplaires.

Heureusement que la présente anthologie est indulgente avec ces péchés de jeunesse !

Pas de panique

Je découvre comme vous que la date de parution de Mort d’une Merveilleuse et de L’Odyssée de l’impératrice (tome 2 d’Augusta Helena) a beau être venue, les librairies en ligne affichent ces ouvrages « en rupture de stock », ce qui doit vouloir dire qu’il y a un problème du côté de l’imprimeur, ou du distributeur, ou des deux…

La maison d’édition est prévenue. J’espère sincèrement que tout cela sera vite réparé, et que les bouquins pourront bientôt aller à la rencontre de leur public.

Wait and see.

Découvrir ou redécouvrir mon roman Du sang sur les dunes, en attendant la parution du prochain

L’année 2022 a encore frappé, la sortie de mon roman Mort d’une Merveilleuse a été (légèrement) reportée, au 2 décembre cette fois. Je vous avoue que je ne suis pas sereine. On y croira quand on le verra…

Bon, comparé aux problèmes du monde en ce moment, c’est minime. (Mais pas sans lien : le prix du papier a suivi la hausse des prix de l’énergie, et l’embargo russe sur la matière première, le bois, n’a pas aidé, pas plus que la sécheresse au Canada, autre fournisseur, et en Europe.) J’aurais mauvaise grâce à me plaindre, vous me direz.

Reste que c’est vraiment pas de chance quand on veut lancer non pas juste un livre, mais une série. Le premier roman des aventures du capitaine Dargent, Du sang sur les dunes, est paru fin août 2021, soit il y a un peu plus d’un an. Cet automne aurait fait une parfaite date de sortie pour le tome 2.

Bref. On se consolera avec le premier, qui est toujours en stock à la Fnac, sur Amazon, chez Cultura, ou le Furet du Nord. À découvrir ou faire découvrir autour de vous si le cœur vous en dit. C’est une sombre histoire de morts mystérieuses, d’armes secrètes et d’espions insoupçonnés, au temps haut en couleurs de l’Empire, l’année d’Austerlitz… et de Trafalgar.

Bref on aura compris : une parfaite lecture d’évasion !

Mort d’une merveilleuse : nouvelle date de parution en novembre, désolée du retard

Changement de programme : ce n’est plus pour octobre, comme un précédent billet l’annonçait, mais pour novembre.

Oui, je sais, il y avait eu le même gag l’an dernier… Mais on n’y peut rien, le monde de l’édition n’a pas changé substantiellement entre temps. Donc Mort d’une Merveilleuse paraîtra finalement le 18 novembre.

La mauvaise nouvelle, c’est que vous aurez un peu plus longtemps à attendre. La bonne (pour moi), c’est que cela laisse plus de temps pour parler du livre. Je croise les doigts.