
Donc le roman est paru, on peut découvrir la présentation sur le site de l’éditeur (très élégant, d’ailleurs) et le trouver dans les librairies en ligne ou physiques. Plus qu’à voir si le public est au rendez-vous. En attendant, je peux répondre par avance à certaines questions à mon sujet. Les gens qui lisent ce blog depuis longtemps n’apprendront probablement rien, mais peut-être que cela les amusera.
Je n’ai pas mené une vie riche en événements. C’est plutôt une question de nuances. Née à Paris un peu par hasard, j’ai en fait passé mes premières années à Abidjan, en Côte d’Ivoire, où mes parents étaient coopérants. Mes premiers souvenirs sont des bruits et des images d’un pays où le climat alterne non pas entre été et hiver, mais saison sèche et saison des pluies, où des nuées de chauve-souris nichent dans les arbres sur les places et les jardins (et avec l’expérience du Covid-19, ça donne un frisson rétrospectif…) et où on lâchait des paons le dimanche dans la cour de l’école pour chasser les serpents. J’ai eu l’occasion de me faire la réflexion, même à l’âge de 6 ou 7 ans, que des gens différents pouvaient vivre côte à côte mais chacun à sa façon : les Français avaient leurs habitudes, les Ivoiriens les leurs, ainsi que les diverses minorités, Libanais, Voltaïques (on dit aujourd’hui Burkinabés), etc. Ce qui ne veut pas dire que le résultat était harmonieux, la suite des événements l’a montré. Mais du point de vue limité de mes souvenirs, dans les années 70, c’était une expérience formatrice importante.
Écrire a toujours été mon rêve, mon but, ma passion dévorante. Dès que j’ai su écrire, j’ai décrété que j’allais « faire des livres ». À six ans, j’agraphais des feuilles de papier A4 et je les remplissais de dessins et de textes, tant bien que mal, sans aucune notion évidemment de mise en page ou de maquette. À l’époque, mon idée d’un livre était forcément un illustré ou une bande dessinée. Mais écrire, à ce stade, restait un peu ardu, et je passais plus de temps à raconter des histoires oralement, les déversant dans l’oreille des parents ou instits assez patients pour m’écouter. Certains dans ma famille ne l’étaient pas du tout, d’où le surnom « robinet à sornettes », que j’ai beaucoup entendu depuis…
Attention, je ne cherche pas à me plaindre ! L’un dans l’autre, l’expérience d’un public peu impressionné a été utile pour m’éviter des illusions et me pousser à améliorer mes créations. Les rédiger de façon claire, d’abord, et les présenter de façon lisible. Vérifier la cohérence, la vraisemblance, l’originalité, m’assurer que ce que j’avais en tête était bien traduit sur la page, etc. Car entre temps, je m’étais mise à écrire sérieusement. Vers neuf ans, des poèmes. Vers treize ans, une première tentative de roman, qui tournera court. Et puis vers cette même époque, une revue dont j’étais la seule rédactrice, illustratrice et rédac chef, et où je publiais pêle-mêle des contes, des jeux, des articles où j’exprimais mon opinion sur divers sujets. Le titre… Défense de lire ! Eh oui, j’avais 14 ans, et ça me semblait puissamment original.
Un peu plus tard, alors que j’étais étudiante, et que je commençais à avoir une idée assez claire du monde de l’édition, j’ai commencé à placer des textes courts dans des revues et fanzines, et à m’impliquer dans le petit monde de la science-fiction et du fantastique francophones. Participer à des revues, à des salons, des discussions en ligne… Certaines de mes nouvelles sont parues dans le fanzine québécois Horrifique, par exemple. C’était aussi un bon apprentissage, car ce genre de texte doit être efficace, et on apprend vite à couper les longueurs et à cultiver un style clair, imagé, direct.
Ma première publication professionnelle, au début des années 2000, était une nouvelle de fantasy, « Le joueur d’échecs », dans la revue Faëries. Puis ce fut mon premier roman, L’Héritier du Tigre, également de la fantasy, paru en 2006 aux éditions Le Navire en pleine ville. Joie de courte durée : l’éditeur a déposé son bilan en 2009, victime de la crise, et la suite que j’avais tenté d’écrire n’a jamais vu le jour. Rétrospectivement, ce n’est pas une grande perte, j’avais un peu perdu le fil à ce moment-là. Je ne sais pas si je reviendrai un jour à cet univers.
L’Héritier du Tigre a cependant connu une seconde vie en 2020 sous forme de série pour Rocambole, l’appli de lecture. Entre temps, j’ai passé pas mal de temps à réfléchir, à participer à des débats en ligne, en particulier au sujet de l’évolution de la lecture. Je peux me vanter d’avoir contribué, à ma modeste mesure, à avoir fait adopter le mot liseuse dans la langue française (qu’on doit à Virginie Clayssen) pour traduire ebook reader, et j’ai fait partie des premiers clients en France de Cybook, de Lulu.com, etc. J’ai bricolé, j’ai bidouillé. Et puis je me suis remise à écrire.
Depuis 2017, j’ai commencé à écrire des romans historiques, attirée par la richesse des histoires qu’on pouvait raconter ainsi. La confrontation entre deux mondes, la Rome chrétienne et la Rome païenne au IVe siècle, lorsque le monde occidental a basculé vers la nouvelle religion avec la conversion de Constantin. Les aventures d’un groupe de Volontaires nationaux pendant les guerres de la Révolution, des bords du Rhin à l’Italie. D’autres aventures sous l’Empire, dans la grande confrontation avec l’Angleterre, directement ou par l’intermédiaire de conflits locaux… Et pourquoi pas une intrigue policière, avec une aiguille explosive à chercher dans la botte de foin du Camp de Boulogne, en 1805, quand Napoléon espérait encore envahir la perfide Albion ? Ce sera Du sang sur les dunes.
Et ainsi, la boucle est bouclée. À vous de jouer, maintenant, et de plonger dans l’intrigue, si le cœur vous en dit !