Archives mensuelles : Mai 2012

Plus que dix jours avant d’aller chez l’ophtalmo…

Ou à peu près. Grrr. Pas drôle de chercher à s’informer sur Internet comme d’hab’ quand on a l’impression d’avoir un cercle de plomb (fondu) autour des yeux. Pas envie de bloguer non plus…. Hélas, avec l’âge, ma myopie ne s’arrange pas (ça ne s’arrange jamais, on ne peut que ralentir la progression) et en prime la presbytie est venue. Joyeux quarante-troisième anniversaire!

Et j’aurais besoin de nouvelles lunettes. Et essayez de trouver un ophtalmo à Paris qui ne fasse pas de dépassements d’honoraires et qui donne des rendez-vous moins d’un mois (voire deux) à l’avance.

Résultat: je force sur mes muscles oculaires pour voir de loin, et je fais la même chose pour voir de près. Et ça devient pire chaque jour. Aïe-yeux.

Je sais, je sais, j’aurais mieux fait de m’y prendre plus tôt. Ben voyons. L’ennui, c’est que je m’y étais quand même prise dès le début avril. On m’avait alors donné une date pour dans un délai de six semaines – le vendredi 18 mai. Et puis la secrétaire m’avait recontactée pour m’informer que oups, erreur de sa part, c’était le pont de l’Ascension et le centre médical était fermé ce jour-là. Est-ce que le 11 juin vous conviendrait chère madame?

Ben, que pouvais-je dire? Mais oui, merci, je note.

Il n’y avait plus ensuite qu’à patienter. (Jeu de mot inclus, bien sûr.) Et re-grrr.

En passant

L’odeur de la terre chaude lorsque tombe la première goutte de pluie. C’est un de ces petits moments dans la vie où on se sentirait presque une âme de panthéiste. Hmmm. (Eh oui, c’est tout. Et ça suffit.)

Et vous, ça ne vous agace pas, les liens vers les sites réservés aux abonnés?

Cela vous est déjà arrivé de cliquer sur un lien hypertexte, au détour d’un blog, d’un site web, d’un forum ou de votre réseau social favori, et de tomber sur une page qui vous est fermée – pour cause d’incompatibilité logicielle ou de nécessité impérative de s’abonner? Oui? Alors vous savez pourquoi c’est exaspérant.

Non? Dans quels Internets avez-vous passé les derniers mois?

J’ai l’impression que je rencontre de plus en plus de liens aboutissant vers des pages de ce genre. On peut même recenser trois catégories, classées ici par ordre d’importance d’exclusion du public:

1) Les sites qui vous obligent à installer un logiciel sur votre machine. « Tiens, » balance quelqu’un sur Twitter, « j’écoute ceci en ce moment! » Et quand on clique, on tombe sur une URL Spotify ou iTunes… Et si on ne l’a pas? Si on n’a pas envie d’installer une application qu’on n’a pas choisi ni de donner encore ses informations à une énième entreprise commerciale? Et si on est sous Linux, que les vitrines multimédia de ce genre ont tendance à snober? Alors, impossible d’écouter ce que votre copain veut vous faire partager. Bonjour la sociabilité sur le réseau.

2) Les liens vers des pages Facebook (ou Google+, ou Twitter, ou autre) réservées à certains contacts – et pas en mode public. « Un texte formidable », « une réponse définitive à ce genre d’argument », « le meilleur gag de l’année », « infos exclusives »… Heu, zut, c’est réservé aux amis. Aux friends. Aux followers. À un cercle restreint. Comment je fais? Je m’en passe, à moins de réussir à entrer dans les contacts de l’auteur. Et cela, si j’ai déjà ouvert un compte. Vous n’êtes pas sur Twitter? Vous avez fermé votre compte Facebook? Vous boycottez les réseaux sociaux? Bye, bye!

Capture d'écran de Facebook

Cliquer sur l’image pour agrandir: en haut, icône « public »; en bas, réservé aux amis.

3) Les sites qui vous obligent non seulement à vous abonner, mais à payer. Des articles de l’édition abonnés du Monde, ou de Libération, ou de Médiapart, ou de Que choisir… Bon, là, je crois qu’il n’y a pas besoin de faire un dessin pour expliquer tout le monde n’a pas envie de payer pour lire le texte ou voir les images que vous voulez partager!

Je disais plus haut que j’avais l’impression de rencontrer de plus en plus de gens postant des liens vers des pages d’accès plus ou moins restreint. J’ignore si cela correspond à la réalité, et si le fait d’avoir de plus en plus de moyens de rester connecté, dedans ou dehors, sur grand écran ou sur petit smartphone, tend à faire oublier que non, tout le monde n’est pas forcément connecté à la même chose.

Juste un truc à se rappeler, avant de poster.

Les films français pas téléchargés? À la place de Gaumont et Co., je serais embêtée

Zut, alors! Où va-t-on si nos cinéastes et producteurs nationaux se réjouissent que les internautes s’intéressent si peu aux films du cru qu’ils ne prennent même pas la peine de les télécharger? Et pourtant, c’est ce dont le rapport financier annuel de Gaumont se vante:

« Entre le 15/05 et le 15/12/11, aucun film français téléchargé sur le Web » (Cf. PC INpact)

Bonjour le « rayonnement » de la culture française. Et quid de l’intérêt des artistes – et des entreprises de l’industrie culturelle? On a encore vu ce mois-ci une énième étude montrant un lien entre le « piratage » en ligne et le succès commercial des œuvres. Plus les gens sont curieux à propos d’un nouveau titre, plus ils sont nombreux à chercher à jeter un œil et/ou une oreille dessus, même avant sa sortie. Et de créer le buzz. Et de susciter encore plus de curiosité, donc de clients potentiels… Faut-il continuer?

Détail qui tue: vu que le rapport affirme aussi qu’un internaute flashé par l’Hadopi a commis une « contrefaçon », alors que le délit n’est pas encore avéré, faute de procédure ayant abouti et d’avis des tribunaux… et que de toute façon il s’agirait alors d’un « défaut de sécurisation » de la connexion Internet…

On se dit que ce n’est pas très sérieux, tout ça. Et qu’à la place des actionnaires de Gaumont, Pathé et consorts, on se poserait quelques petites questions.

Juste une idée, comme ça… 😉

Valse d’étiquettes dans les pseudo-médecines

Que faire si des essais cliniques mettent en évidence que la pratique de l’acupuncture traditionnelle n’est pas plus efficace qu’un placebo par acupuncture simulée (par exemple, le fait de piquer légèrement la peau avec un cure-dents ou d’utiliser des aiguilles rétractiles)? Que faire si, tests à l’appui, aucune trace des méridiens ni du Qi n’est trouvé, si le placement exact des aiguilles sur le corps n’a pas d’importance pour le soulagement (subjectif) annoncé par les patients, et si même il n’est pas besoin de percer réellement la peau pour observer le même effet?

En bref, comment la profession d’acupuncteur peut-elle s’en relever?

Photo: acupuncture (Wikimedia Commons)

Heh. Facile. Il suffit de baptiser des choses qui marchent « acupuncture », ou quelque mot dérivé, et le tour est joué!

Le simple fait d’appuyer sur la peau marche? Vous avez l’acupressure, en pressant avec les doigts ou un objet sur les « points d’acupuncture ».

La neurostimulation électrique transcutanée (TENS) est utilisée par les médecins et kinés pour soulager la douleur? Elle consiste à appliquer un courant électrique sur la peau grâce à des électrodes, pour stimuler directement les terminaisons nerveuses? Prenez une aiguille (ou autre appareil de même forme), reliez-la à un générateur de courant, et voici l’acupuncture électrique! (Garantie non traditionnelle et non chinoise, mais on évitera de le dire.)

Enfin, si rien d’autre ne soulage la douleur que des analgésiques chimiques, on les introduira sous la peau grâce à une aiguille et on appellera cela de la PaP acupuncture et non plus de l’anesthésie locale! (PaP désignant une enzyme, la prostatic acid phosphatase, qui peut avoir un effet anti-douleur plus durable que celui de la morphine.)

On ne sera pas étonné qu’il y ait des gens pour considérer tout cela comme peu conforme à l’éthique, voire carrément malhonnête… On les comprend. En son temps, pourtant, Confucius ne disait-il pas déjà qu’il était crucial « d’utiliser les dénominations correctes » pour agir droit?

Certains de ses disciples ont dû prendre le conseil à l’envers: pour changer la réalité, changez les noms!

Le royalisme, c’est tellement plus sexy vu d’une république

Il est mignon, le Lorànt Deutsch, « royaliste de gauche » (?) auto-proclamé. Clovis, Jeanne d’Arc, le vase de Soissons et tout ça… Les rois-qui-ont-fait-la-France, vous savez (tout seuls, avec leurs petits bras). Et qui étaient forcément de petits saints, vilement calomniés par les méchants révolutionnaires au couteau entre les dents. Un bric-à-brac tenant plus du conte de fées que de l’histoire… mais c’est sans doute ça qui fait vendre!

(Au fond, à quoi bon s’échiner à faire dans le sérieux, le fait historique, le travail de fond, quand ce que le public veut, c’est du rêve? Hmm? Les éditeurs feraient aussi bien de créer la catégorie « para-histoire », comme il y a la parapsychologie.)

Lolcat: "Fail - u r doin it right"

Mais il oublie juste deux ou trois trucs. Par exemple, que ce concordat qu’il appelle de ses vœux, il existe encore en France: en Alsace-Moselle, dans les anciens territoires annexés par l’Allemagne après la guerre de 1870, donc qui n’avaient pas connu les débuts de la IIIe République. Et où les dispositions de la loi de 1905 sur la séparation de l’église et de l’État ne s’appliquent pas. Oh, cette cruelle République forçant tous les particularismes locaux historiques à s’effacer devant son rouleau compresseur… Euh. Oups. J’m’ai trompé, là.

Et surtout que dans son cher Ancien Régime, il n’aurait été, lui, qu’un vil manant.

Bah. Qui sait? Pour un masochiste, ce pourrait être le paradis.

« Éveiller le désir d’être trompé »

Un petit moment de poésie urbaine: ni dieu, ni maître sur les trottoirs de Paris.

Photo: "La politique et la religion c'est éveiller le désir d'être trompé"

Anar trottoir (Paris, 11e, 19/05/2012)

(La désaliénation est-elle au coin de la rue?)

Le gros, gros fichier juridico-policier où mon nom doit traîner (qui sait)

Souriez, vous êtes fiché(e)s! Enfin, probablement. Oh, pas de quoi en faire un drame: 68% des résidents en France, soit 44,5 millions de personnes, adultes et mineurs, sont logés à la même enseigne!

En tant que suspects, mais aussi victimes, personnes disparues, « antécédents judiciaires » divers… C’est le « Nouveau Système d’Information destiné à l’Investigation (NS2I) », cadeau d’adieu empoisonné de Claude Guéant, discrètement publié le 6 mai à l’extrême fin de la campagne électorale. Tiens donc.

Au final, un gros fourre-tout, façon usine à gaz, qui doit être alimenté par les fichiers de police (STIC) et de gendarmerie (JUDEX) existants, et interconnecté avec un fichier judiciaire (Cassiopée) – chacun apportant à l’édifice leurs bugs et informations erronées ou périmées. Par exemple, plus d’un million d’acquittements, non-lieux, relaxes et classements sans suite qui n’ont pas été enregistrés, les personnes concernées étant donc toujours étiquetées « mis en cause ». C’est bête, ça.

Comme le reconnaissent discrètement certains policiers, en tant qu’outil de travail, “le STIC est tellement peu fiable qu’on ne peut rien en faire“.

Et la CNIL? Elle pointe les erreurs (aux derniers chiffres parus, en 2010, 79% des dossiers du STIC comportaient des informations inexactes) et fait des recommandations, mais c’est plutôt resté au niveau du vœu pieux. Et encore… Le fichier avait été créé sans déclaration préalable à la CNIL, donc dans l’illégalité. La régularisation s’est faite ensuite, après fait accompli.

Avec l’application Cassiopée, « trou noir de la justice française », « grand bug informatique » ralentissant les procédures, on n’est pas mieux loti. Il faut dire que les procureurs, comme les magistrats en général, sont notoirement surchargés. Et la politique du chiffre dans la police est… comment dire… plus propice à l’accumulation de données qu’à leur tri sélectif.

Des rapports parlementaires (dont celui co-signé par Delphine Batho) avaient bien mis le doigt là où ça fait mal. L’interconnexion des différents fichiers au sein du méga-méta-fichier NS2I aurait dû être l’occasion de nettoyer tout ça…

Enfin, en principe. Au Syndicat de la Magistrature, on n’est pas optimiste au sujet des capacités de l’administration à mettre de l’ordre dans ce bazar: « on en a encore pour des années », « peut-être que dans 10 ans ça ira mieux », etc. On déplore aussi le manque de sécurisation d’un système qui gère des données confidentielles, et on appelle à la vigilance.

Après tout, c’est un fichier qui peut servir à bien des choses. Mettre des bâtons dans les roues de l’indépendance de la justice, par exemple: en donnant au ministre accès aux statistiques sur l’activité des juges, permettant à un gouvernement obsédé par le tout-répressif d’identifier les « laxistes » qui ne croient pas à l’efficacité des peines plancher. Juste une hypothèse, hein?

Et puis il y a le potentiel pour les déstabilisations politiques: le ministre peut saisir un procureur pour consulter le fichier – et se procurer des informations confidentielles sur n’importe quel quidam.

Joyeuse perspective. Et un sacré chantier piégé laissé en héritage à la nouvelle Garde des sceaux, Mme Taubira.

Épique: plus de 1000 ans d’histoire d’Europe en accéléré

Émergence et déclin des empires: Byzantins, Ottomans, Habsbourg, Soviets; émiettements, puis regroupements périodiques des petites nations… Le ballet des frontières de l’Europe en mouvement, de l’An Mil jusqu’aux guerres de du Kosovo et de Tchétchénie, en juste 3 min 24 de vidéo. Attention les oreilles, musique à l’avenant!

(Voir aussi la version longue de 11 minutes, en HD, avec indication des années et annotations.)

Source: @Desirade pour le lien. 😉

Une grande première bien tranquille (qu’on s’en voudrait de laisser passer)

Je ne sais pas si vous avez remarqué, mais c’est une petite grande première qui se joue aujourd’hui à l’Élysée: l’entrée en fonction, pour  la première fois dans l’histoire de la Ve République, d’un président qui porte ouvertement des lunettes de vue! Mais oui. Pas de binocles ôtées opportunément pour les photos officielles, pas de lentilles de contact discrètes…

Vu l’âge moyen des élu(e)s, pourtant, et l’incidence de la presbytie et de la myopie, il devrait y avoir plus de visibilité pour les clients des oculistes, non?

Hmm. Ça fait du bien de se sentir représenté(e).