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Mon recueil de nouvelles de nouveau disponible sur Lulu.com

De temps en temps, on me demande des nouvelles de ma prose, notamment pour savoir si ces textes sont disponibles, et si oui sous quelle forme. Récemment, c’est @Monolecte qui, convertie aux liseuses (chouette !) voulait savoir si mon roman était disponible comme livre électronique. La réponse est oui (voir la page « Textes de fiction » dans le menu en haut de ce blog) ; mais cela m’a rappelé que j’avais en 2008 tenté l’aventure de l’autoédition, en publiant un petit recueil chez Lulu.com : La Faim et autres nouvelles.

Image : couverture de livre, style science-fiction (texture métallique, motif fractal)

La Faim et autres nouvelles par Irène Delse (Lulu.com)

Au départ, il s’agissait uniquement de la version papier, mais il s’y est entre temps ajouté la possibilité d’offrir la version PDF, puis bien sûr le format epub.

Aujourd’hui, la version papier (broché, 69 pages) est disponible pour 5,22 € chez Lulu.com,  et le livre électronique (PDF ou epub) pour 1,99 € seulement – cela sans aucune « protection » technique, c’est-à-dire sans DRM.

Les deux formats sont lisibles tels quels sur ordinateur, mais aussi sur la plupart des liseuses (Kobo, Sony, Cybook…) ainsi que sur les smartphones et tablettes. (Pour Android, Blackberry et les ordis sous Windows, Mac OS ou Linux, utiliser par exemple FBReader ; pour iPhone/iPad, Stanza.) Enfin, si on a un Kindle, on peut convertir très facilement le fichier .epub en .mobi, lisible sur ce support, grâce à un freeware très sympathique, Calibre.

Bref, en réponse à la question « comment trouver mes livres », la réponse pour celui-ci est : « Voyez chez Lulu.com, les amis ! » 😉

La Faim et autres nouvelles, par Irène Delse.

Support independent publishing: Buy this e-book on Lulu.

Premiers pas avec le Cybook Odyssey HD Frontlight : une liseuse, ça sert à… lire ;-)

Ça a l’air idiot, mais c’est un peu ce que m’inspirent ces comparaisons entre liseuses et tablettes : forcément, les tablettes ouvrent la voie à toutes sortes d’applications, et séduisent donc un plus grand public. Elles sont aussi rapides (enfin, si pas trop bas de gamme…) et en couleurs. Quelle place pour l’encre électronique, là-dedans ?

Photo : le Cybook Odyssey HD Frontlight dans sa couverture, ouvert à l'écran d'accueil

L’écran d’accueil de la chose… (cliquer sur l’image pour agrandir)

Réponse : avec une tablette, on est devant un objet à tout faire, pas un environnement de lecture. Et si comme moi on est vraiment, vraiment fan de lecture… Eh bien il y a une niche pour les liseuses spécialisées !

D’où cette prise en main du Cybook Odyssey HD Frontlight, le dernier bébé de Bookeen, que je me suis offerte avec mes sous – non, je ne suis pas blogueuse sponsorisée. 😉

Question 1 : Pourquoi Bookeen ?

Parce que j’avais déjà eu auparavant leur première liseuse, le Cybook Gen3 (millésime 2007, ça ne nous rajeunit pas), puis le très agréable petit Cybook Opus, et que je fais confiance à la boîte… Et parce que je n’avais pas envie de faire profiter encore plus les géants du marché avec leurs systèmes frileusement bordés de murs commerciaux et techniques. Ni Kindle d’Amazon, ni Kobo by Fnac, donc ! Et puis j’avoue que oui, ça compte, pour moi, que Bookeen soit français. (1)

Question 2 : Et c’est facile à trouver ?

J’avais le choix entre commander directement sur Bookeen Shop, soit chez un revendeur : Cultura, Virgin, Decitre… Ils ne manquent pas en France et dans le reste de l’Europe, soit en ligne soit dans les magasins en dur. Dans mon cas, je suis allé au plus simple : le Virgin Megastore de Barbès, à deux minutes de chez moi ! (Ooouh, la veinarde que je suis.)

Question 3 : Et si on parlait sous ? C’est cher, non ?

Oui et non. Sur le site de Bookeen, l’appareil est à 149 €, contre 129 € chez Virgin comme chez d’autres grandes surfaces de produits culturels. (Non, pas la Fnac. Ni Amazon. Eux ont ne vendent que leur propre liseuse maison, point barre.)

Comptez 20 à 30 € de plus pour une couverture protectrice. Un peu dommage qu’elle ne soit pas incluse, ce n’est pas du luxe pour protéger la bête dans la poche ou le sac.

Notez que le prix Bookeen a un peu baissé depuis le mois de novembre, puisque le prix de lancement était de 159 €. Mais comme on voit sur la photo ci-dessus, le revendeur met aussi un lien direct vers son site de vente d’ebooks, avec son logo. Pas ma tasse de thé non plus, vu que je ne télécharge pas d’ebooks DRMisés…

Question 3 : Quoi, il faut passer par sa boutique pour les livrels ?!

Non, non, pas de panique. Ce qui est bien avec les Cybook, c’est qu’ils sont ouverts : on peut y mettre dessus des livres achetés sur n’importe quelle boutique en ligne (sauf Amazon, quelle suprise…) pour peu qu’il s’agisse des formats acceptés. Les plus fréquents dans le commerce, epub et PDF inclus évidemment.

Question 4 : D’accord. Trêve de blabla, si on voyait la machine ?

Très juste. Donc, je déballe, je vérifie que tout y est… On trouve aussi dans la boîte un câble USB/micro-USB pour brancher sur un ordinateur afin de charger et/ou transférer des fichiers ; ainsi qu’un bref livret de prise en main, qui vous explique que le manuel complet est chargé dans la mémoire de l’appareil. OK.

Je vous passe l’effet « rhoooh, c’est bô » des gadgets neufs, mais on n’est pas déçu. Le design du Cybook Odyssey HD Frontlight a de la gueule : tout fin, lisse, avec un bouton unique et sobre sous l’écran et les autres, discrets, sur bords… La coque est d’un noir velouté et l’écran gris perle.

Première surprise : ça me fait bizarre, une liseuse de cette taille (6 pouces de diagonale pour l’écran) après deux ans avec un petit Cybook Opus que, avec ses 5 pouces (à peu près un livre de poche), je pouvais tenir confortablement d’une seule main. Le Cybook Odyssey, lui, est un peu plus haut et large qu’un livre de poche moyen, mais plus fin. Mais tout s’arrange vite : une fois l’appareil dans sa couverture qui s’ouvre comme un livre (voir photo ci-dessus), on retrouve rapidement les gestes de la lecture « à l’ancienne » !

Le bouton d’allumage est sur le bord inférieur, à droite, à côté de l’emplacement pour carte MicroSD, du port micro-USB et d’une diode indicatrice, en allant de droite à gauche.

Une pression longue sur le bouton met en marche l’appareil : hop, c’est rapide ! Comparé à mon vieil Opus pourtant pas si lambin, on gagne quelques secondes. Première impression de l’écran : pas mal du tout, la finesse d’impression promise avec l’écran HD est au rendez-vous. Le confort de lecture y gagne. Et avec en plus 16 niveaux de gris, il est maintenant possible de visionner sans grincer des dents les ouvrages qui contiennent des illustrations ou diagrammes !

5) Et le fonctionnement ? Hmm ?

Là, j’avoue que ma première impression a été mitigée… les premiers essais avec l’écran tactile peuvent dérouter, même si on a l’habitude d’autres appareils tactiles ! Mais, heureusement, cela s’arrange assez vite.

L’interface de navigation de Bookeen reste basée sur les mêmes principes, avec le bouton du bas servant à appeler le menu contextuel. La page d’accueil est très pratique avec les raccourcis vers le dernier ouvrage consulté, la bibliothèque (avec mise en avant des textes récemment ajoutés), le navigateur internet et les réglages de l’appareil. Tout en bas, une barre d’état affiche le niveau de charge de la batterie, et si l’appareil est connecté en Wifi ou non.

Tiens, d’ailleurs, le Wifi : je l’ai testé, et si on est à proximité d’un hotspot, ça marche sans problème, la connexion se fait assez vite, donc un bon point de ce côté là. Le navigateur internet, basé sur Webkit, est simple mais efficace, avec une page d’accueil qui tout bêtement celle de… Google ! On ne sera donc pas dépaysé. Détail sympathiques : il y a quelques marque-pages enregistrés par défaut, dont Le Monde, Wikipedia et le Projet Gutemberg, qui permettront de faire ses premiers pas avec les fonctions internet de l’appareil et d’apprécier le confort de lecture qu’il offre dans un monde de texte.

Bien entendu, j’ai aussi rapidement été voir du côté d’une librairie en ligne, ici chez Feedbooks, qui offre un large éventail d’œuvres anciennes et modernes, en français, en anglais, italien, allemand et espagnol. Le site fonctionne très bien : on peut rechercher de livres par mots clefs ou en feuilletant les catégories, télécharger des extraits (très bon point pour Feedbooks par rapport à d’autres librairies en ligne), et le rendu des couvertures ne pose pas de problèmes…  J’ai testé le téléchargement avec des textes du domaine public : un clic, et c’est fait. Le livre téléchargé est directement placé dans la bibliothèque et apparaît avec l’étiquette « nouveau » dans la liste des textes récents sur l’écran d’accueil.

Rebelote avec la partie « librairie » du site :  sans bavure. Et sans DRM non plus, du moins on peut choisir de rechercher uniquement dans cette catégorie. Aussitôt le livre sélectionné, on peut payer par carte bancaire et télécharger directement depuis le Cybook, sans passer par la connexion à un ordinateur. Je sens que c’est une fonctionnalité que je vais devoir me restreindre d’utiliser… 😉

Mais si on n’a pas envie d’aller directement sur internet, il est très facile de transférer des livrels depuis l’ordinateur. Il suffit de brancher via le port USB, et tout système d’exploitation honnête devrait être capable de reconnaître l’appareil. Sous Ubuntu, en tout cas, il a été tout de suite reconnu en tant que volume de stockage externe. Et on peut déplacer des fichiers directement depuis le disque dur, ou bien utiliser pour cela un logiciel de gestion d’ebooks. Je n’ai pas testé (et pour cause !) le gestionnaire de livres sous DRM, Adobe Digital Editions… En revanche, pour les livres non verrouillés, je conseille chaudement Calibre, qui est libre, gratuit, existe en plusieurs langues et s’adapte à Windows, Linux et Macintosh.

6) Ça alors, que des points positifs, alors ?

Holà, je n’ai pas dit ça. En fait, j’ai eu un certain mal au début avec l’écran tactile, notamment pour cliquer sur les liens internet et pour me servir du clavier. Mais, après quelques essais et erreurs (irritants, j’avoue), j’ai fini par l’apprivoiser.

Une chose que je commence à apprécier à force de fréquenter les appareils tactiles, c’est que chaque écran est particulier.

C’est clair, le feeling de cette liseuse à affichage E-Ink tactile est différent que celui d’un téléphone ou d’une tablette LCD ou OLED : c’est un toucher plus proche du plastique que de la vitre, par exemple. Et le temps de réaction, même s’il a été réduit par rapport aux anciennes liseuses, reste sensiblement plus lent. Ici, la vitesse de rafraîchissement de l’encre électronique est un facteur limitatif. Heureusement, c’est une chose qui se sent moins au cours de la lecture, plutôt pendant qu’on parcourt la bibliothèque ou les réglages et menus ! Reste que cela oblige à utiliser le clavier tactile plus lentement que sur un smartphone. Mais, bon, on ne se sert pas vraiment d’une liseuse pour consulter le trafic RATP ou envoyer un courriel urgent…

Donc, se concentrer un peu, et ça vient. Et puis il faut apprendre de nouveaux gestes : pincer pour zoomer sur l’écran du navigateur internet, par exemple, ou faire un quart de tour avec le bout des doigts pour changer l’orientation de l’affichage…

À ce propos, je conseille très fortement de consulter le manuel d’utilisation qui est dans la bibliothèque : c’est là qu’on a la réponse à « comment changer la taille de caractères », « comment changer l’orientation de l’écran », « comment organiser la bibliothèque en dossiers »… Les réglages possibles sont abondants, depuis le choix de la langue (là encore un point fort, on peut même avoir son Cybook en grec, en russe, et en chinois – classique et simplifié) pour l’interface jusqu’au rythme auquel est rafraîchi l’écran.

7) Ah, d’accord. Et c’est vraiment bien pour lire ?

Ben oui. J’ai déjà parlé de la finesse de l’affichage, on n’y reviendra pas, mais c’est apprécié. C’est très bien aussi pour ce qui est des contrastes. Il y a quelques reflets en lumière artificielle, mais rien de bien gênant à mon goût.

Chose sympathique, il y a une centaine de livres déjà chargés dans la machine, la plupart des extraits de bouquins récents, mais aussi quinze titres des éditions Bragelonne, un éditeur de science-fiction, fantasy et thrillers qui a le bon goût de publier des livrels sans DRM. Au menu : Pierre Pevel, Mélanie Fazi, Stephen Baxter, Gudule, Serge Brussolo, Ange… De quoi plonger tout de suite dans l’aventure.

Le déplacement à l’intérieur d’un livre se fait bien sûr à l’écran tactile, en effleurant pour faire défiler les pages ; soit à l’aide des boutons situés sur les bords, un à gauche, un à droite ; soit à l’aide de la table des matières à laquelle le bouton du bas, qui appelle le menu contextuel, donne accès. Outre l’orientation de l’écran, on peut changer la taille et la police de caractère dans les livres au format epub, ou zoomer en avant et en arrière dans les PDF : de quoi permettre aux presbytes de ne pas se fatiguer les yeux.

J’ai testé brièvement ce qui est désormais un must pour les liseuses, apparemment : l’éclairage intégré. Bon, honnêtement, cela me laisse de marbre. Mais si on n’aime que les écrans blanc papier, ou si on veut lire en faible lumière ambiante (et prendre plein de photons directement dans la rétine…), on peut régler ce fameux « Frontlight ». Avec 20 niveaux d’intensité, là encore on est gâtés.

Il y a d’autres fonctionnalités bien agréables : un dictionnaire français intégré, Le Nouveau Littré, auquel on accède en touchant le mot à consulter ; la possibilité de surligner des passages et de mettre des notes et des marque-pages.

(Tiens, à propos des notes : j’ai vu sur Twitter que certains avaient du mal à cliquer sur les appels de notes. En fait, là aussi, c’est une question d’habitude : la zone à toucher est petite, mais l’écran est sensible, donc il faut juste prendre le tour de main. Ou plutôt de doigt !)

Je pourrais parler aussi de la capacité de stockage de l’appareil : 2 gigaoctets, qu’on peut augmenter de 32 Go avec une carte mémoire MicroSD. De quoi transporter une bibliothèque de plusieurs milliers de titres, si on les a…

8) Bref… Vous m’en mettrez une douzaine ?

Oui, si on est lecteur de fond, et si on veut investir dans un appareil pour lire confortablement sans être distrait par une messagerie ou des réseaux sociaux, mais qu’on veut pouvoir chercher sur Wikipédia en cours de chapitre, ou annoter le texte : le Cybook Odyssey HD Frontlight de Bookeen est une bonne machine, qu’on tient comme un livre mais qui a un ordinateur dans le ventre.

Si en revanche vous voulez surtout surfer sur la Toile, envoyer des messages, fréquenter les réseaux sociaux, alors voyez plutôt du côté des tablettes !

De mon côté… je vous laisse, j’ai quelques livrels qui m’attendent au chaud dans la liseuse.

P.S. Pour les questions plus pointues, notamment les comparaisons avec d’autres appareils, j’ai posté dans un billet plus récent les liens vers des forums d’utilisateurs de liseuses ainsi que les rubriques de support technique de Bookeen.

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(1) Comme tous les autres ou presque, l’appareil est fabriqué en Chine. Mais conception en France. Voilà.

Les éditeurs français et le prix des livres numériques

Donc, les ventes de livres numériques ont dépassé celles de livres en grand format chez Amazon.com, aux USA. Et les éditeurs français, dans tout ça?

Il faut évidemment comparer ce qui est comparable. Le marché du livre en langue française est beaucoup plus petit qu’en langue anglaise; et les achats de livres en anglais par les gens qui lisent l’anglais sans l’avoir comme langue maternelle ajoutent encore à la confusion. C’est souvent parce que le livre vient de sortir en V.O. avec une large publicité (*tousse* Harry Potter… *tousse*) et que les fans ne veulent pas attendre plusieurs mois pour la traduction. La question de la politique de traduction des éditeurs français est un autre débat.

(Je laisse aussi volontairement de côté la question de la TVA à 19,6% sur le livre numérique, tout simplement parce les situations sont très différentes selon les pays. Ainsi, il n’y a pas de TVA aux USA, mais des taxes sur les ventes qui différent selon les États et même les villes. Au Canada, il y a une TVA plus des taxes de vente locales. Au Royaume-Uni, la TVA est de 17,5%. Et ainsi de suite. Mais, comme j’entends le montrer ci-dessous, même sans cette question de la TVA, il faudrait s’attendre à des prix plus élevés chez nous par rapport à Amazon.com.

Précisons aussi que l’Union européenne laisse aux États membres la possibilité d’inclure les livres numériques dans les produits à taux réduit, mais que pour l’instant le gouvernement français ne s’en est pas préoccupé. Associations de consommateurs, syndicats de l’édition et de la librairie, la balle est dans votre camp…)

Revenons à nos moutons. Qui dit marché plus étroit dit moins de possibilités pour faire des économies d’échelle. Ergo, il ne faut pas s’étonner si «les livres numériques en français sont plus chers que sur Amazon.com!» devient un leitmotiv régulier. Et lancinant.

Mais évidemment, ce n’est pas tout. D’abord parce qu’Amazon n’est pas là pour jouer les locomotives… avec des méthodes plus ou moins subtiles. Eh oui, quand on est le vendeur de livres n°1 au monde, on peut se permettre de casser les prix, et vendre à perte! Au point que plusieurs grands groupes d’édition, à commencer par Macmillan, ont l’année dernière rué dans les brancards et réclamé la fin des prix fixés arbitrairement à 9,99$ par Amazon sur les best-sellers et les nouveautés.

Il faut savoir que la contre-partie de ce prix d’appel, c’est qu’Amazon ne se gêne pas pour monter les prix des livres non concernés, jusqu’à offrir des éditions Kindle plus chères que l’édition de poche déjà disponible. Ben oui, c’est bien pratique, quand on a créé son marché captif… On peut y faire ce qu’on veut. Quitte à faire trinquer auteurs et lecteurs, pris en sandwich entre la logique du «toujours moins si ça m’arrange» d’Amazon et celle des éditeurs, qui l’ont mauvaise si les utilisateurs n’ont plus d’argent disponible pour acheter des livres une fois le Kindle ou autre belle machine achetée. Oups.

C’est dire que le marché des éditions Kindle, ce sont les possesseurs de Kindle! (1) Difficile de comparer avec un marché fragmenté, chez nous, entre différents supports (ordinateurs, liseuses, smartphones…) et différents formats (du PDF à l’epub, en passant par le Mobipocket). Là encore, l’expression-clef, c’est «économies d’échelle».

Eh oui, je sais, on peut commander un Kindle depuis la France et l’alimenter avec des éditions en vente sur le site Amazon.com (eh non, pas sur Amazon.fr, pas encore). Mais regardez bien: quand on arrive sur le Kindle Store, il y a une liste de zones géographiques, en haut à gauche, que vous pouvez vous amuser à changer, pour voir. Et vous remarquerez ainsi deux choses:

  1. Les prix affichés ne sont pas les mêmes si vous vous connectez depuis l’Europe continentale, le Royaume-Uni, les USA, etc. Et sont généralement plus chers en Europe.
  2. Tous les titres ne sont pas disponibles pour toutes les zones géographiques.

Alors? Alors, Amazon n’est apparemment pas pressé de dupliquer hors USA le modèle Kindle. La machine a été lancée à l’automne 2007, il faut le rappeler. Presque trois ans plus tard, et alors que la concurrence d’Apple et bientôt Google sur les livres numériques devrait lui donner des ailes, Amazon n’a toujours pas lancé l’équivalent en Europe, et surtout pas en langue française, de son Kindle store.

M’est avis que l’un des problèmes, c’est la question des contrats. (En plus, évidemment, de la langue. Taille du marché, rappelez-vous.)

Pour publier des livres français, allemand, italiens, etc., sur les sites correspondants, il faudrait des accords directs avec les éditeurs de ces pays. Et la législation diffère d’un pays à l’autre, tout comme la culture. Les éditeurs français, notamment, semblent encore aujourd’hui avoir du mal à lever le nez de leur production pour regarder l’horizon.

Il y a donc aujourd’hui des solutions partielles. Des libraires en ligne comme Immatériel, ePagine, Bibliosurf et quelques autres tentent de faire la pige à la Fnac, qui tente elle-même de jouer les Amazon à la française (question de poids) mais sans avoir un modèle unique de liseuse à mettre en avant (elle vend aussi bien le Sony Reader que le Cybook Opus). Certains «vendent» uniquement avec DRM (ahem, suivez mon regard vers la Fnac), les autres laissent aux éditeurs le choix de verrouiller ou simplement marquer leurs livres pour indiquer la provenance, en comptant que les lecteurs seront assez responsables pour ne pas balancer tous leurs bouquins sur les torrents une fois achetés. (En général, la confiance, ça marche. Mais allez en convaincre les éditeurs…)

Il y a enfin quelques courageux (vous avez dit Publie.net? Babelpocket?) pour vendre totalement sans DRM.

Bon, j’avoue que cette question de DRM est importante pour moi (je n’achète pas si c’est DRMisé) mais évidemment pas pour l’énorme majorité des acheteurs de livres, vu le succès des offres verrouillées d’Amazon. Grand bien leur fasse. Mais qu’ils sachent que les DRM introduisent des coûts supplémentaires et qu’ils repoussent un certain nombre d’acheteurs potentiels.

En d’autres termes, la présence de DRM est un facteur de maintien des prix élevés sur les livres numériques.

Intéressant, non?

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(1) Oui, je sais: plus ceux qui utilisent l’application Kindle pour Windows ou pour iPhone. Mais devinez quoi? Je suis exclue si j’utilise Linux. Merci, les gars…

Amazon vend plus de livres numériques que de livres (hors poches)

Jeff Bezos, le patron d’Amazon, est tout content de sa stratégie Kindle: les ventes de livres numériques sur le site Amazon.com ont dépassé celles de livres papier hardback, (c’est-à-dire à couverture rigide, le standard pour une première édition d’un livre grand public aux USA). Au mois de juin, il y a eu environ 180 titres en édition Kindle vendus pour 100 hardbacks!

Et les ventes de la liseuse elle-même ont triplé entre le premier semestre 2009 et celui de 2010, consécutivement à une importante baisse de prix. (Ben non, il n’y a aura pas de Kindle surprise.)

Il faudrait évidemment s’entendre sur cette question de «vente» de livres en édition Kindle. D’abord, à cause des DRM, on n’achète pas réellement un livre pour Kindle sur le site d’Amazon: on loue le droit d’y accéder. Et comme l’ont montré quelques affaires (les titres d’Orwell effacés, vous vous souvenez?) dans un passé récent, l’équipe d’Amazon ne se prive pas d’utiliser cette charmante particularité juridique.

Ensuite, rappelons que bon nombre de titres vendus sur Amazon.com sont dans le domaine public, et disponibles pour le Kindle à 0,00$. Facile de les vendre, dans ce cas, pas vrai?

Mais, bon, c’est vrai que c’est impressionnant. D’autant qu’Amazon annonce que les ventes de hardback ont aussi augmenté chez eux entre 2009 et 2010.

Titres cultes, zéro DRM : EZTakes, le service vidéo pour geeks cinéphiles

Téléchargement vidéo ? Ciné-club en ligne ? Eh non, l’info importante du jour n’est pas la disponibilité de films sur iTunes en France ! Enfin, pas l’info vraiment importante…

Pendant ce temps, une autre boutique de vidéo en ligne fait parler d’elle : EZTakes (prononcer « i-zi-teïks », amis francophones). Plus de 5000 titres indés, classiques ou culte à regarder en ligne, mais surtout à télécharger sous forme de fichier mp4 et/ou de DVD à graver. Et ceci dans des formats lisibles où on veut, quand on veut, sur un ordinateur, un baladeur vidéo ou la télé du salon ! Pas de DRM, pas de restrictions sur le nombre de transferts vers des appareils mobiles ni sur la conversion dans d’autres formats de fichiers, pas de casse-tête pour les linuxiens…

En fait, Jim Flynn, le fondateur, ne cache pas s’être inspiré des critiques portées contre les services de VOD classiques et d’en avoir pris le contre-pied.

Quant aux prix, ils s’échelonnent de zéro, pour de nombreux films en streaming gratuit, jusqu’à près de 20$ US pour un titre comme le Ju Dou de Zhang Yimou, avec Gong Li (qui avait été distingué à Cannes et aux Oscars, tout en restant interdit en Chine). Mais pour la plupart, l’éventail va de 2 à 12 $ US.

Ce qui est très raisonnable, d’autant qu’on obtient quatre formats pour le prix d’un : streaming, plus téléchargement du DVD, plus deux fichiers mp4, l’un en haute qualité pour le plein écran, l’autre compressé pour être vu sur baladeur.

En fait, ça va être difficile de trouver à redire à EZTakes. Par exemple, il faut certes installer un logiciel Windows pour accéder au téléchargement d’images DVD… Mais pas pour télécharger les fichiers vidéo, y compris celui de qualité identique à celle d’un DVD. (Que l’on peut ensuite graver soi-même sans restriction, d’ailleurs.) Bref, ce n’est pas moi qui irai me plaindre…

Question navigation, usage du site : c’est extrêmement facile, même si on ne maîtrise pas tout à fait l’anglais.

On peut fureter dans le catalogue (par genres, par collections, par époques ou par prix) ou faire une recherche sur un titre ou un artiste particulier. La page de chaque œuvre permet de lire les critiques et de voir au moins un extrait en ligne avant d’acheter. Enfin, d’un clic sur le gros bouton « Download », on accède au passage en caisse. Pas de prise de tête non plus à ce stade : l’acheteur hors USA pourra sans problème régler avec Paypal, et télécharger ses emplettes sans délai.

Quant au catalogue, on ne sera pas déçu si on cherche des grands classiques à petit prix (Le Cuirassé Potemkine, M le Maudit, Les 39 Marches, Buster Keaton…) ou des films cultes, de la zérie B jusqu’à Z, des Chasses du Comte Zaroff à La Nuit des Morts-vivants, en passant par White Zombie et même Le Père Noël contre les Martiens – un film en concurrence avec ceux d’Ed Wood pour le titre de pire œuvre de cinéma jamais tournée…

Les amateurs de films d’arts martiaux, de péplum, d’espionnage ou de western ne sont pas en reste. Et le choix (vaste) de documentaires recèle des incontournables, comme The Real Middle Earth, sur les sources d’inspirations de J.R.R. Tolkien, ainsi que sur la difficulté de traduire visuellement au cinéma ce qu’il avait créé par les mots et en imagination.

Petit, ou gros regret, enfin. Comme le site est conçu pour des cinéphiles américains à la recherche des œuvres délaissées par les circuits de distribution locaux traditionnels, on trouve même une bonne petite sélection de films francophones… Mais la quasi-totalité est indisponible à la vente en France !

Non, mais, ho, les producteurs et distributeurs de l’Hexagone, vous pensez à quoi, là ?

Bande de nuls. Tiens, je vais me consoler en allant plutôt regarder, parmi les films disponibles, un petit joyau du cinéma d’animation anté-CGI : Le Rossignol et l’Empereur de Chine, Jiří Trnka.

When the e-book you want to buy is not available in your country

It’s very, very annoying. Trust me.

Or no, don’t trust me. Rather, witness this Twitter conversation between two serious book lovers and geeks who happen to express themselves in English, even writing professionally in that language, but don’t live in a dominantly English-speaking country.

Says Aliette de Bodard, a French-American sci-fi writer who lives in Paris, where she works as an IT engineer:

I’m getting tired of the ebooks I want not being available outside of the US or Canada…

Charles A. Tan (sci-fi writer, blogger and editor, in Philippines) answers:

and that’s the irony of eBooks; not available in areas that has demand for them

@aliettedb:

yeah, they really need to rework their rights model (geographical distribution shouldn’t apply anymore to books-maybe language?)

(Emphasis mine, as below.)

@charlesatan:

Language is fine. Unfortunately, companies and laws are still regional.

@aliettedb:

yeah, I know. Sucks for us, though…

Obvious consequence of such restrictions?

Enters @theefer (Sébastien Cevey, a French sci-fi writer who lives and blogs in London):

Time to put on your pirate helmet? (could buy paper versions and offer them to friends if you feel morally awkward)

@aliettedb:

I am seriously tempted, and not for the first time. This is bloody ridiculous

Indeed. That’s one of the reasons I dislike DRM « protection » so much on e-books. If the publisher wants to restrict the sale of their products to one geographical market (say,  North America), they have both the technical tools and the legal right to do so. And they have the on-line retailers like Fictionwise, Booksonboard or Amazon filter the buyers from their IP addresses.

If one is outside the rights-holder’s zone, the message received is a loud and clear: « Go away, we don’t want your money! Or go back to the dead tree era, you loser. »

Riiight.

(No pun intended.)

Now, compare with John Scalzi’s essay/rant: « On How Many Times I Should Get Payed For A Book (By Readers) »

Buy one paper book, download a DRM-free e-edition, and piracy concerns be damned?

Tempting, very tempting.

Obviously, this issue won’t be resolved by authors or even authors’ fans alone. But publishers should be concerned about the bad e-book buying experience of their customers, especially when these customers are bloggers, journalists or writers who can give it a wider echo.

And authors’ agents too should give it a chunk of their brain-time if they want to do what’s best, in the long run, for their book-writing clients.

Liens du jour : surveillés sur le Net, surveillés IRL ‒ et en plus il faudrait aimer ça…

Salade de liens. Parce qu’après un dimanche passé à batailler avec des pilotes de carte graphique, Ethernet et autres, il ne me reste plus beaucoup d’énergie pour bloguer.

Heureusement, on peut encore en rigoler.

  • Un peu d’auto-défense intellectuelle avec Champignac : appelons un chat un chat, et la vidéo-surveillance par son nom.
  • Théâtre de la sécurité : vous refusez d’être déshabillé(e), ou tout comme, par un scanner corporel, sous les yeux pas toujours désintéressés d’agent(e)s de la PAF ? Vous ne prendrez pas l’avion.
  • En Grande-Bretagne, 10% des lycées ont installé des caméras dans les toilettes. Au prétexte de lutter contre le vandalisme. Hum. Vous avez dit cercle vicieux ?
  • Aux USA, le distributeur en ligne grand public Netflix a voulu imposer des DRM sur son œuvre à la cinéaste indépendante Nina Paley. Qui a connu le succès sur le Net pour le film d’animation Sita Sings the Blues, sorti en Creative Commons après une longue bataille de copyright. Fidèle à elle-même et à ses fans, Paley a pris une décision courageuse : envoyer paître le distributeur.

Ah, les joies du XXIe siècle…

Un libraire en ligne qui n’aime pas les DRM

Les titres avec DRM, c’est deux fois moins de ventes et nettement plus de SAV : un constat établi chez Immatériel.fr, détaillant en livres numériques.

Problèmes de compatibilité, nécessité d’installer un logiciel spécifique, complexité des transferts sur les liseuses… Pas vraiment user-friendly, tout ça.

Et, chose intéressante, l’absence de DRM n’incite pas spécialement au piratage :

Enfin, notre expérience nous montre que ceux qui déposent les fichiers sur Internet sont majoritairement de faux clients qui utilisent des cartes de crédit volées, et n’ont pas vraiment de scrupules à partager les fichiers, avec ou sans DRM (car bien sûr, les livres avec DRM sont aussi piratés, soit parce que le verrou est cassé, soit parce que la version papier est scannée). Au moins eux ne se plaignent jamais…

En prime, mettre des verrous numériques est un coût supplémentaire, qui se répercute au final sur l’acheteur.

Conclusion : le mieux, ce serait clairement de se passer de ces gadgets qui coûtent cher à tout le monde et n’assurent qu’une sécurité illusoire. Un simple marquage du fichier assure la traçabilité de la vente et sert de « DRM social ».

Hélas, la majorité des éditeurs français ne semble pas prête à entendre ce discours. Pire : certains rajoutent des contraintes supplémentaires, comme l’impossibilité de transférer le fichier livre de l’ordinateur sur une liseuse électronique portable !

De quoi dégoûter a priori les lecteurs des livres numériques. Ou pis, les pousser dans les bras des pirates…