
If thine is the glory, mine must be the shame (Leonard Cohen, « You Want It Darker »)
Je n’ai pas la prétention de faire des romans LGBT, en revanche j’ai toujours pensé qu’il était bon, dans un monde divers, d’avoir aussi de la diversité dans les personnages de fiction. Et j’ai mis ça en pratique dans mes romans et mes autres récits publiés.
Prenez ma série de science-fiction, L’Interprète, à lire en ligne sur la plateforme Doors/Vivlio : l’héroïne, Viviane, est mariée à une autre femme, et ce n’est pas le sujet du récit, mais juste un élément du monde où nous vivons, et qui n’a pas à être justifié. On pourra trouver ça léger, ou au contraire rafraîchissant, c’est selon.
Et puis il y a Augusta Helena, le gros roman noir historique publié aux Éditions du 81 : cette plongée dans le monde antique a été l’occasion d’explorer les façons de vivre ce qu’on n’appelait pas encore des identités sexuelles, à une époque où les tabous étaient bien différents des nôtres. Occasion, avec mon protagoniste Lucius, de se mettre dans la peau de gens pour qui l’attraction envers une personne de même sexe était vécue comme naturelle, mais pour qui les interdits insurmontables étaient de nature sociale : de quoi mettre aussi des bâtons dans les roues des amoureux, mais pas les mêmes !


Enfin, je peux mentionner la série de romans policiers commencée avec Du sang sur les dunes (aussi aux Éditions du 81), où l’un des personnages récurrents, Lucien, est aussi « out » qu’on peut l’être au début du XIXe siècle, sous le 1er Empire… Ce qui veut dire plus qu’on pourrait se l’imaginer de nos jours. (J’ai raconté ailleurs mon processus de documentation, des blogs aux thèses d’État.) Et quant au personnage principal, Antoine… C’est compliqué. Mais on devrait en découvrir un peu plus cet automne, quand paraîtra un autre opus. Promis, juré.

Là aussi, cependant, la sexualité ou l’identité des personnages n’est pas le sujet du roman, mais un élément de l’univers, à prendre ou à laisser. J’ai vu, grâce aux lecteurs bêta, que certains passaient complètement à côté. Dommage pour eux. Mais pour les autres, c’est une suggestion de lecture dans l’actualité… Ou, si on veut, une occasion d’explorer différemment, et sans pression, un thème souvent chargé de clichés et de polémiques.
Je laisserai à d’autres le militantisme, mon truc, c’est l’imagination. Qui a dit « imagination au pouvoir » ? C’est une force puissante, en tout cas. À vous de juger.