Archives mensuelles : avril 2017

Son

Avec Emmanuel Macron, pour gagner

Plus que quelques heures avant la fin officielle de la campagne. Il était temps, comme on dit, que ça se termine ! Ô combien.
Et pourtant. Ça ne se termine jamais, bien sûr. Le jour du scrutin est un aboutissement, mais n’est-il pas conçu d’abord pour être un commencement ? On élit, on choisit, la personne qui sera le mieux à même de diriger le pays pour une tranche bien garnie de cinq ans – pas une sinécure, on ne l’a que trop éprouvé récemment. 

Les événements ont une façon bien à eux de déborder les prévisions.

Alors il faudra souhaiter bien du courage à la personne qui sortira en tête de ce scrutin présidentiel 2017. Et non, je n’écris pas « il ou elle », car soyons francs, il y a une « elle » que je n’ai vraiment pas envie de voir s’installer ! Et c’est un peu pour ça que je secoue aujourd’hui les poussières de ce blog. Vous avez une minute à m’accorder ?

Il y a quelques semaines, peu après la primaire de la gauche (qui s’était conclue comme on le sait), je publiais sur Facebook un texte intitulé « Mon vote utile est un vote de cœur ». J’y expliquais pourquoi j’avais l’intention de voter Emmanuel Macron dès le premier tour, parce que l’hypothèse d’un second tour Fillon-Le Pen était trop horrible à envisager. 

Cette position n’a pas changé d’un iota. Mais en plus, j’y rajouterai autre chose : le vote Macron, désormais, c’est pour moi un vote d’adhésion.

J’ai lu le programme. J’ai écouté des déclarations, des entretiens, regardé diverses vidéos. J’ai été particulièrement impressionnée par un épisode de France Culture où on l’interrogeait sur son « imaginaire historique ». On ne sera pas surpris si je dis que ce qui m’a le plus frappée, c’est le « en même temps », ce tic de langage qui trahit une volonté de ne pas sacrifier la complexité du réel, de ne pas insulter la densité des choses. Oui, on peut prendre en compte la complexité, et en même temps être capable d’agir.

Et puis il y a le programme d’En Marche : il est agréable de découvrir que ce n’est pas juste une collection de mesures sympathiques mais déconnectées les unes des autres (comme c’est trop souvent le cas à gauche, reconnaissons-le…), mais un véritable programme, cohérent, équilibré, agencé selon quelques axes bien articulés entre eux. En matière fiscale, par exemple : l’exonération de taxe d’habitation pour les 80% de foyers les plus modestes permet de faire d’une pierre plusieurs ricochets : coup de pouce au pouvoir d’achat, simplification administrative au ministre des Finances, mais aussi par contrecoup dans les administrations territoriales​, puisque l’État prend le relai pour le financement des collectivités. Il y a aussi une certaine élégance dans la fusion de l’ISF avec la taxe foncière. Oserais-je dire qu’on sent la patte de l’ancien ministre de Bercy, ancien inspecteur général des finances ? Clairement, Emmanuel Macron connaît ses dossiers. Une réforme fiscale était de toute façon nécessaire, et c’est bien à quoi il propose de s’atteler. 

Même méthode dans la réforme de la protection sociale : changer la logique du système en protégeant non plus tant les emplois que les personnes, et en y incluant les indépendants. (On reconnaîtra la « flexisécurité » scandinave.) Ou l’harmonisation des régimes de congés maternité : c’est un point crucial pour l’égalité entre hommes et femmes, car c’est là que les inégalités de salaires, de statut professionnel, etc., se creusent. Porter attention à ces périodes de la vie des femmes n’est donc pas un gadget, mais un levier stratégique. 

Bref, tout cela pour dire que le programme porté par En Marche est bien pensé, et que c’est à bon droit qu’Emmanuel Macron revendique une étiquette de progressiste. Et c’est un programme fait pour être appliqué, non juste pour gagner des voix. 

Même si, bien sûr, il faut commencer par gagner. De ce côté-là, je croise les doigts. En Marche a bien travaillé, ce fut une campagne dynamique, réactive, inventive. Chapeau à tous les militants​ et militantes !

Les errements des autres candidats sont aussi venus changer peu à peu le rapport des forces. Fillon droit dans ses bottes, et dans sa mise en examen ! Le Pen courant après l’adoubement de Poutine ! Mélenchon en dernier chaviste de la terre ! Hamon jetant aux orties la possibilité d’un rassemblement du PS ! Dupont-Aignan en complotiste anti-vaccins ! Poutou appelant à désarmer la police au lendemain d’une attaque contre des policiers ! D’ailleurs, parmi les « petits candidats », il n’y a guère que Nathalie Arthaud qui n’a pas cédé au grand n’importe-quoi, rendons-lui cette justice.

Et comme on sait, les fanatiques ont encore frappé la nuit dernière : sur les Champs-Élysées, un policier a été tué, un autre blessé. Grosse émotion, moment de tension à deux jours du premier tour. Personne ne doute que le but était de faire pression sur la démocratie, sur une société française que l’État islamique voudrait bien voir en proie à la guerre civile – politique du pire, pari du chaos d’où ils croient que leur idéologie sortirait victorieuse, par-dessus un grand tas de morts…

On a vu les réactions​ des uns et des autres, à chaud. Hier soir, François Fillon a inexplicablement parlé « d’autres attaques » puis s’est enferré dans le déni quand on lui a fait remarquer qu’il n’y en avait pas eu. Le Pen a aussi foncé dans la désinformation en klaxonnant, appellant à rétablir un contrôle des frontières… que le président Hollande avait déjà rétabli depuis le 13 novembre 2015. Tout ça ne donne pas une grande impression du sang-froid de ces messieurs-dames. Et je ne parle pas du « s’ils​ n’avaient pas été armés ils n’auraient peut-être pas été attaqués » de Philippe Poutou.

À comparer avec la réaction d’Emmanuel Macron, qui participait alors à une émission de télévision, alors que l’information venait d’être révélée… Changement de dimension, à chaud et en direct. Je crois qu’on peut se rassurer sur le sang-froid nécessaire à un chef de l’État.

Conclusion ? Allez voter ! Seuls les suffrages non exprimés ne seront pas pris en compte. Et en ce qui me concerne, c’est un bulletin « En Marche » qui prendra le chemin de l’urne.