Archives de Tag: personnages

Le charme du héros iconique

J’en ai parlé précédemment, je suis en train d’écrire un roman policier historique, quelque chose qui se passera en Italie en 1800, près d’une petite bourgade appelée Marengo…

C’est le cinquième d’une série commencée en juin 2020 et qui compte déjà trois épisodes publiés : un situé en 1805, sous l’Empire, et deux sous la Révolution, dont le plus récent, Coup de froid sur Amsterdam. Le lien entre tout ça ? Mon détective, un héros récurrent, ou héros iconique pour reprendre le terme de Robin D. Laws dans son fascinant bouquin Beating the Story.

Pourquoi iconique ? Parce que la caractéristique principale de ce type de héros n’est pas tant son retour dans plusieurs histoires ou épisodes, que le fait qu’il ou elle ait des caractéristiques stables, qui ne changent pas substantiellement dans les diverses aventures où on les retrouve. Ainsi, Superman est toujours Superman, quel que soit son adversaire du moment : sa force, sa vitesse, son invulnérabilité, son costume bleu et rouge, mais aussi son sens moral et son optimisme.

Et ce n’est pas réservé aux super-héros : Miss Marple reste la même sur des dizaines de nouvelles et de romans : son œil d’aigle doublé d’une profonde compréhension de la nature humaine, sa délicatesse de vieille demoiselle bien élevée contrastant avec l’audace mentale de ses déductions.

Un héros ou une héroïne iconique a ainsi ce que R. D. Laws appelle un éthos iconique, un ensemble de caractéristiques englobant le caractère, l’apparence physique, l’histoire familiale et personnelle, qui font de ce personnage non seulement un justicier mais une certaine sorte de justicier : Superman utilise d’autres méthodes que Batman ou Wonder Woman, Miss Marple ne résout pas les énigmes de la même façon que Tuppence (héroïne de la série « Tommy & Tuppence », aussi par Agatha Christie) ou qu’Hercule Poirot.

Choisir un héros iconique n’est pas si évident dans un monde où « voyage du héros », « arc narratif » et « transformation dramatique » sont quasiment la loi du monde culturel. Les films de super-héros ont beau récolter des fortunes au box office, la seule chose qui semble intéresser Hollywood, c’est de les voir se développer et devenir ce qu’ils sont. D’où les multiples remakes des histoires d’origine de super-héros, d’où des histoires décevantes quand il s’agit de donner des aventures à un héros dont l’éthos iconique est bien établi.

Et pourtant, ces héros récurrents ou iconiques sont fréquent dans les différents genre populaires, aussi bien romans que BD, films ou séries télé. Presque toujours, il s’agit de redresseurs de torts, même si certains ont parfois un pied de l’autre côté de la loi, comme Rocambole ou Arsène Lupin. Leur métier d’origine importe peu puisqu’il y a dans le tas des détectives (à commencer par Sherlock Holmes) et des explorateurs (comme Indiana Jones), des médecins (Bones, Dr House, la bande dessinée Doc Justice) et des écolières (Nancy Drew, plus connue du public francophone sous le titre « Alice Détective »). Leur seul point commun est leur capacité à répéter à chaque aventure, avec de légères variations sur le thème de base, leur éthos iconique, bref à être ce que le public s’attend à retrouver en eux.

Miss Marple ne se lassera jamais d’observer ses voisins et d’additionner deux et deux. Indiana Jones est toujours prêt à payer de sa personne pour arracher des trésors archéologiques aux Nazis ou à des trafiquants divers. Hercule Poirot fera toujours confiance à ses petites cellules grises plus qu’à l’agitation des autres limiers. Le Dr Brennan, de la série Bones, procèdera toujours de façon froide et méthodique, même devant les scènes de crime les plus grotesques.

Portrait d'un jeune homme en costume du XVIIIe siècle, avec un costume vert, une grosse cravate blanche, de longs cheveux châtain clair et un chapeau de feutre noir
(Portrait d’un personnage… Eh oui, j’utilise des tableaux pour visualiser mes héros.)

Et dans le cas de mon détective, alors ? Qu’a-t-il de particulier ?

Ceux qui ont lu Du sang sur les dunes, Mort d’une Merveilleuse ou Coup de froid sur Amsterdam doivent en avoir une idée : les caractéristiques fondamentales Antoine Dargent comme détective sont la curiosité, qui le conduit à s’impliquer dans des affaires de meurtre plus compliquées qu’il n’y paraît, et le stoïcisme devant la violence et les tentatives de rétorsion des criminels dont il dérange les complots. Et puis, malgré les vicissitudes de la politique, un sens du devoir qui lui rend impossible de se désintéresser d’une affaire quand elle met en jeu le sort de son pays.

C’est chaque fois l’occasion de se plonger dans un moment dans la vaste et foisonnante fresque historique de la Révolution et de l’Empire qui a suivi, et de revivre les espoirs et les craintes des gens qui l’ont vécue.

Désir et sensibilité : qui a peur des romances gaies ?

Couverture du roman Mort d'une Merveilleuse : une jeune femme brune en robe blanche légère, couronnée de fleurs

Le public a toujours raison. On a beau écrire ce qu’on veut, on ne maîtrise pas les réactions de nos lectrices et lecteurs, c’est une vérité qu’il est bon de garder en tête. Sans se désespérer pour autant.

Il y a un proverbe bien de chez nous qui dit qu’on ne fait pas boire un âne qui n’a pas soif. Eh bien, on ne peut pas non plus toujours embarquer tout le monde dans l’histoire que l’on raconte : la sensibilité des gens varie, et les rend plus ou moins susceptibles d’être touchés par vos personnages, votre univers.

J’ai pu toucher du doigt ce phénomène avec mon roman Augusta Helena ainsi que certains de ceux consacrés aux aventures du capitaine Dargent, Du sang sur les dunes et Mort d’une Merveilleuse. La plupart des retours de lecture sont par exemple très positifs sur le côté reconstitution historique, le dépaysement donné par l’immersion dans une autre époque… Mais il y en a toujours un ou deux au contraire pour dire que ça fait trop de détails inutiles, qu’ils préfèreraient ne pas être distraits ainsi !

Même chose au sujet des relations des personnages. Dans chacun de ces romans, l’un des fils parallèles de l’intrigue concerne une histoire d’amour, réelle ou en germe, entre deux personnages masculins. C’est là que certains lecteurs achoppent. Et je dis bien ici des lecteurs, pas des lectrices : pour l’instant, je n’ai eu ce genre de réactions que de messieurs.

Curieux. Est-ce le fait que les hommes n’ont pas l’habitude des histoires où un homme se retrouve à son tour objet de désir ? Le schéma habituel met en scène un acteur, le séducteur, et sa cible, la femme. La plupart des romans sentimentaux reprennent plus ou moins cette formule, quel que soit le point de vue du personnage adopté : l’homme qui remarque une femme dont il tombe amoureux, ou la femme qui s’éveille à l’amour quand elle découvre qu’elle est aimée…

Dans une histoire d’amour entre personnes de même sexe, évidemment, il n’y a pas cette distribution des rôles. Ou plutôt les rôles sont tenus par des acteurs qui peuvent être aussi bien séducteurs que séduits.

Quant aux lectrices, elles semblent avoir moins de mal à s’identifier avec un personnage qui est lui-même objet de désir, même quand ce personnage n’est pas une femme. Curieux mais pas totalement surprenant. Tout se passe comme s’il y avait une certaine sensibilité plus importante que le moi physique, une sensibilité aux sentiments et un désir qu’on vous désire, qui fait qu’on est sensible à ce que vit un personnage quel que soit son sexe. J’ai d’ailleurs entendu ces réactions positives aussi bien de la part de lesbiennes que de femmes hétéro.

Je suis sûre que cette sensibilité se retrouve aussi chez un certain nombre d’hommes, gays ou pas. Mais il semble que ce soit plus difficile à trouver… Ou à créer ? L’une de mes ambitions, en écrivant ces histoires, est aussi de varier les figures classiques des histoires d’amour, y compris en évoquant les diverses façons dont elles peuvent échouer, quand le désir des uns et des autres n’est pas en phase… Des anti-romances, en quelque sorte, où on parle aussi du cas de gens qui sont mal à l’aise avec l’amour et qui doivent naviguer sans boussole dans le monde des sentiments.

Certains trouveront cela frustrant, ou au contraire touchant… Affaire de sensibilité !

Un homme en noir dans le coin du roman

Non, il ne s’agit pas des Men in Black de la mythologie extraterrestre ! Mais de ce qui peut arriver à un roman pendant sa rédaction.

Le concept de « l’homme en noir » (the man in black), ou « l’homme en noir dans le coin », provient du site personnel de Jane Fancher et de ses réflexions sur l’écriture, mais le terme lui-même a été créé par C.J. Cherryh.

Je traduis dans les grandes lignes :

« Dans l’écriture d’un roman, l’auteur rencontre souvent sur son chemin ce type de personnage : l’homme en noir, dans un coin de l’auberge, qui semble là simplement pour donner un coup de main ponctuel au héros. Mais avant longtemps, il aura fait changer l’intrigue de cap et menacera de coloniser tout le roman ! À ce moment, l’auteur n’a plus guère de choix : éliminer l’intrus, l’envoyer sur une autre trajectoire (c’est-à-dire lui consacrer une œuvre à part), ou céder à l’inévitable et lui abandonner le roman. » J. Fancher

Le nom vient d’un exemple fameux : Aragorn, dans Le Seigneur des Anneaux, que l’on voit apparaître littéralement comme un homme mystérieux habillé de couleurs sombres, dans le coin d’une auberge. Les carnets de J.R.R. Tolkien, publiés dans L’Histoire de la Terre du Milieu (édité par Christopher Tolkien) montrent bien que l’irruption de ce personnage et de tout l’arrière-plan qu’il implique (les Nûmenoriens, Gondor, Arwen…) n’étaient pas prémédités. Au départ, Frodo et ses amis devaient juste rencontrer un Hobbit (eh oui !) mystérieux, « Grand-Pas », qui les mettrait sur la voie pour l’étape suivante de leur voyage. Mais le personnage dépassa bientôt cette dimension utilitaire. Tolkien, sentant les possibilités de ce Grand-Pas, lui trouva un nom et une histoire plus épiques, et le monde du Seigneur des Anneaux, tout comme la trajectoire du roman, en fut changé.

Et moi, ai-je rencontré un jour cet « homme en noir », durant la rédaction de L’Héritier du Tigre ? Mais oui. D’où croyez-vous que vienne Tzennkald ? Lui aussi s’est imposé à petit bruit, pour devenir bien vite incontournable. Avec cependant une différence : je n’ai pas laissé le roman se réorganiser autour du nouveau-venu ! Mais la solution retenue a pu frustrer certains lecteurs.

Je n’en dis pas plus : le texte est disponible en lecture sur Vivlio Stories. À découvrir !

Attention : un Homme en noir peut aussi bien être une femme. En écrivant les aventures d’Hélène, mon « Indiana Jane du IVe siècle », j’ai trouvé sur mon chemin une certaine mystérieuse jeune femme que je n’ai pas eu le cœur d’éloigner après qu’elle ait eu rempli le bref rôle qu’elle était censée jouer au début du récit. Le résultat est un roman plus long, mais aussi plus riche, je pense. À lire dans Augusta Helena, aux éditions du 81.

Tableau : jeune homme aux cheveux longs, châtain clair, en habit du 18e siècle, avec un chapeau noir et une veste verte

Et puis il y a le cas d’un roman que j’ai écrit en 2019, qui cette fois qui se déroule pendant la Révolution française et l’Empire. Retour à un homme, littéralement en noir pour certains épisodes, et dont la destinée croise à différentes reprises celle de mon héroïne, et qui me permet d’explorer d’autres facettes d’une époque complexe, dramatique, riche en personnages équivoques, ni tout blancs ni tout noirs. C’est je crois Siéyès qui, à la question : « Qu’avez-vous fait pendant la Révolution ? » répondait : « J’ai vécu. » Mon nouvel Homme en noir pourrait contresigner sans hésitation.

Mais dans ce cas, j’ai cédé : je lui ai donné sa propre série… À découvrir dans les enquêtes du capitaine Dargent, aux éditions du 81 ! Dernier volume paru : Coup de froid sur Amsterdam, dans toutes les bonnes librairies.

Regrets pour le film Il Boemo : nouvel épisode de Dr Scénario

Sorti en 2022, le film tchéco-slovaco-italien Il Boemo, de Petr Vaclav, a eu un peu la carrière d’une étoile filante, vite disparu sans rencontrer le public qu’il aurait mérité, rien que pour la qualité de la reconstruction historique et l’enchantement des scènes d’opéra. N’est pas Amadeus qui veut… Mais comme pour d’autres films imparfaits et attachants, on peut en tirer quelques enseignements question écriture.

Affiche française de Il Boemo, avec l'acteur du rôle titre, Vojtech Dyk, en costume du XVIIIe, allongé auprès d'une femme dont on ne voit qu'une partie du visage
Affiche française de Il Boemo, avec l’acteur du rôle titre, Vojtech Dyk

Il faut dire que certains aspects du scénario et de la réalisation n’ont pas aidé. Surtout dans la gestion des personnages : trop souvent, on assiste à une scène où le héros interagit avec un ou plusieurs personnages qu’on n’arrive pas à situer. J’ai récemment revu le film en VOD (merci Arte) et j’ai été frappé par la première partie, à Venise, où un personnage féminin important, une jeune fille qui prend des leçons de musique, apparaît à l’écran sans qu’on sache son nom.

C’est pourtant important de présenter ses personnages, comme on l’a vu à propos de l’adaptation au cinéma de La Chartreuse de Parme. Comment savoir où va l’histoire si on ne sait pas qui sont les protagonistes ? Pire, quand un personnage n’a pas de nom, on tend à ne pas le ou la remarquer et à s’attacher à d’autres éléments du récit.

On pourrait aussi critiquer la façon dont le scénario introduit des thèmes et des personnages sans les suivre jusqu’au bout, passant chaque fois à autre chose. Cela permet d’évoquer des aspects variés de la vie du personnage principal, Josef Mysliveček : relations avec les vedettes de la scène, avec les riches commanditaires des opéras (une scène avec le jeune roi de Naples est horrible mais plausible sur le plan historique), les ennuis d’argent, les évolutions du goût musical, l’influence sur le jeune Mozart (rien que pour ce passage, le film mérite d’être vu), ou encore une histoire d’amour malheureuse avec une femme de l’aristocratie…

Plein de choses intéressantes, mais qui peinent à se cristalliser en une histoire suivie et cohérente. Ce qui est souvent l’écueil des récits biographiques quand ils suivent de près les faits : la vie a rarement la bonne grâce de ficeler ses intrigues, elle. La fiction a plus de facilité de ce côté-là.

Où je maltraite mes personnages de roman pour la bonne cause

(Rediffusion d’été : « Testé et approuvé : 4 façons de rendre votre protagoniste irrésistible », billet paru à l’origine en 2021.)

La quatrième risque de vous étonner… Non, je plaisante. Mais il existe vraiment quelques recettes simples pour rendre plus intéressante votre héroïne, ou votre héros plus aimable. Surtout, pas besoin d’en faire des personnages exceptionnels, de leur donner une intelligence hors normes, un physique de divinité de l’Olympe ou toute autre capacité surhumaine. C’est la façon de présenter les choses qui compte. (Bien sûr, si l’histoire que vous désirez raconter concerne une déesse avec 190 de QI et un don infaillible pour réussir les œufs en neige, allez-y, ce n’est pas moi qui vous mettrai des bâtons dans les roues.)

1) Qui dit protagoniste dit action. Votre protagoniste sera d’autant plus intéressant et crédible qu’on le ou la verra agir, et en particulier faire des choix. Ce n’est pas moi qui le dit, ce sont les professionnels de Writing Excuses, le podcast bien connu. Vivant de leur plume, ses intervenants ont une idée très claire de ce qui marche, ou pas, auprès du public. Et pour la plupart des récits de fiction, en particulier de genres (SF, fantasy, polar, etc.), cela veut dire un ou une protagoniste qui agit par lui ou elle-même. C’est aussi la recette martelée par les manuels d’écriture à l’usage des scénaristes : au début de l’intrigue, il faut une scène où le héros ou l’héroïne choisit d’entrer dans l’aventure. (Exemple : Save The Cat! de Blake Snyder, que j’ai déjà cité ici.)

2) En butte à l’adversité, notre protagoniste suscite l’émotion. Là aussi, c’est d’une simplicité biblique. Pour rendre un personnage plus touchant, rien de tel que de le montrer en proie au danger, aux persécutions, bref de le menacer sur le plan physique, psychique, ou à travers ses proches… Les humains sont des animaux sociaux, et les lecteurs et lectrices ne font pas exception : quand nous voyons des malheureux dans une histoire, notre émotion s’attache à eux ! C’est une technique particulièrement utile si votre protagoniste n’est pas très aimable au départ. Un exemple quasi parfait se trouve au début du roman (je ne parle pas ici du film) Le Capitaine Blood, de Rafael Sabatini. Le personnage titre est un misanthrope arrogant et peu sympathique. Mais le voir arrêté injustement, condamné et diversement maltraité fait vite basculer la sympathie du public !

3) L’amour est contagieux. S’il n’y a pas de méchants à l’horizon pour rendre la vie difficile au protagoniste, il est toujours possible de jouer la carte de l’émotion en mettant en scène l’amour et l’admiration que d’autres personnages ont pour lui ou pour elle. Regardez la série à (hyper) succès Harry Potter : au début du premier tome, on découvre le jeune Harry à travers les divers sorciers et sorcières qui s’émerveillent qu’il ait survécu à l’attaque de Voldemort, le saluent comme le héros de la prophétie, lui souhaitent longue vie, etc. Ce n’est pas juste le danger évité qui nous émeut à propos de Harry, c’est de voir tous ces gens émus pour lui.

4) Ça commence avec moi. Mais toutes ces recettes ne seraient pas d’une grande efficacité s’il n’y avait pas l’ingrédient magique, celui qui rend possible tous les autres : l’auteure doit croire à sa protagoniste. Si je n’aime pas moi-même un personnage, comment puis-je espérer le faire aimer au public ? C’est donc une question de choix. Il y a des histoires que je choisis de ne pas raconter, parce que je ne me sens pas de faire deux ou trois cents pages dans la peau de tel ou tel individu. J’aurais bien du mal, par exemple, à raconter une histoire du point de vue de Napoléon Bonaparte, car je n’aime guère le personnage. L’époque qu’il définit est passionnante, en revanche, et je suis en train d’en tirer un troisième roman… Mais du point de vue de divers autres personnages, pour qui j’ai plus de tendresse et aux destinées desquels je peux m’intéresser. C’est déjà un bon point de départ si on veut espérer les faire aimer aussi à autrui.

Mes fiertés à moi : Helena, Viviane et les autres

If thine is the glory, mine must be the shame (Leonard Cohen, « You Want It Darker »)

Je n’ai pas la prétention de faire des romans LGBT, en revanche j’ai toujours pensé qu’il était bon, dans un monde divers, d’avoir aussi de la diversité dans les personnages de fiction. Et j’ai mis ça en pratique dans mes romans et mes autres récits publiés.

Prenez ma série de science-fiction, L’Interprète, à lire en ligne sur la plateforme Doors/Vivlio : l’héroïne, Viviane, est mariée à une autre femme, et ce n’est pas le sujet du récit, mais juste un élément du monde où nous vivons, et qui n’a pas à être justifié. On pourra trouver ça léger, ou au contraire rafraîchissant, c’est selon.

Et puis il y a Augusta Helena, le gros roman noir historique publié aux Éditions du 81 : cette plongée dans le monde antique a été l’occasion d’explorer les façons de vivre ce qu’on n’appelait pas encore des identités sexuelles, à une époque où les tabous étaient bien différents des nôtres. Occasion, avec mon protagoniste Lucius, de se mettre dans la peau de gens pour qui l’attraction envers une personne de même sexe était vécue comme naturelle, mais pour qui les interdits insurmontables étaient de nature sociale : de quoi mettre aussi des bâtons dans les roues des amoureux, mais pas les mêmes !

Enfin, je peux mentionner la série de romans policiers commencée avec Du sang sur les dunes (aussi aux Éditions du 81), où l’un des personnages récurrents, Lucien, est aussi « out » qu’on peut l’être au début du XIXe siècle, sous le 1er Empire… Ce qui veut dire plus qu’on pourrait se l’imaginer de nos jours. (J’ai raconté ailleurs mon processus de documentation, des blogs aux thèses d’État.) Et quant au personnage principal, Antoine… C’est compliqué. Mais on devrait en découvrir un peu plus cet automne, quand paraîtra un autre opus. Promis, juré.

Là aussi, cependant, la sexualité ou l’identité des personnages n’est pas le sujet du roman, mais un élément de l’univers, à prendre ou à laisser. J’ai vu, grâce aux lecteurs bêta, que certains passaient complètement à côté. Dommage pour eux. Mais pour les autres, c’est une suggestion de lecture dans l’actualité… Ou, si on veut, une occasion d’explorer différemment, et sans pression, un thème souvent chargé de clichés et de polémiques.

Je laisserai à d’autres le militantisme, mon truc, c’est l’imagination. Qui a dit « imagination au pouvoir » ? C’est une force puissante, en tout cas. À vous de juger.

Trucs d’écriture (19) : Dire aux lecteurs les choses que je sais

On gagne à écouter les retours de lecture, même si on n’est pas d’accord avec. C’est l’occasion de découvrir son texte avec d’autres yeux, ceux de gens qui ne connaissent pas l’histoire aussi bien que je la connais… Et qui donc ont besoin qu’on leur dise des choses qui peuvent me sembler évidentes à moi, l’auteure. Mais ne le sont pas pour eux.

J’ai déjà parlé de cet éditeur de revue de fantasy/fantastique qui m’avait conseillé de mettre plus de détails sanglants dans une nouvelle. En effet, mon texte, en l’état, péchait par l’insuffisance de matière : c’était plus un résumé qu’une histoire avec des personnages en chair et en os. En les faisant saigner (au propre comme au figuré), j’ai pu passer cet écueil. Et la nouvelle obtenue a été ma toute première publication professionnelle, payée. Pas mal.

Rebelote il y a à peu près deux ans, quand j’ai envoyé mon roman Du sang sur les dunes à des éditeurs. Assez rapidement, je reçois un courriel d’un éditeur (non, pas celui du 81, attendez la suite…) qui me remercie pour cet envoi mais regrette de ne pouvoir le publier tel quel.

Jusque là, rien que de banal. Mais il ajoute quelques remarques et suggestions, et indique que si je les intégrais au texte, il pourrait reconsidérer sa décision.

Gros remue-méninges de ma part. D’un côté, j’avais certes envie d’être publiée. De l’autre, cet éditeur ne faisait pas partie de mes préférés, pour diverses raisons. Je l’avais sélectionné parce qu’il publiait parfois des romans policiers historiques, mais ce n’était pas non plus sa spécialité. Bref ce ne serait pas non plus une grosse perte s’il disait non. Finalement, j’ai décidé de ne pas réécrire le texte dans le vague espoir de satisfaire cet éditeur. J’étais déjà engagée dans la rédaction d’un autre roman, de toute façon, et cela me semblait du temps mieux employé. J’ai donc répondu poliment, sans m’engager.

Mais j’ai tout de même réfléchi aux suggestions.

C’étaient pour l’essentiel des questions sur ce que le lecteur savait ou pas de mes personnages et de leurs motivations. Autour du protagoniste, notamment. Mais il y avait aussi une remarque qui m’a semblé au premier abord un peu absurde : il trouvait que ça manquait de femmes !

Sur le moment, je me suis demandé s’il avait lu en entier le manuscrit. Il y a en effet dans Du sang sur les dunes plusieurs personnages féminins bien distincts, dont deux jouent un rôle absolument clef. D’où pouvait provenir cette impression ? À force de réfléchir, et d’essayer de me mettre à la place du lecteur, j’ai fini par réaliser que ces personnages n’étaient pas présents au tout début du roman, mais qu’on les découvrait à partir du troisième chapitre environ.

J’avais déjà décidé que je ne réécrirais pas de fond en comble le roman, mais je pouvais ajuster certains éléments. Je me suis donc arrangée pour mentionner dès les premières pages les noms de quelques personnages féminins qu’on rencontrerait plus tard. Histoire de signaler à celui ou celle qui lit que ce roman contenait bien de tels personnages.

Même procédé pour les questions au sujet du héros : j’ai ajouté quelques lignes pour rendre plus claire sa position et les raisons qu’il avait de mener l’enquête. C’est cette version qui a été publiée aux Éditions du 81 en 2021. Et j’en suis plutôt contente.

Les gens heureux n’ont pas d’histoire : du bon usage du conflit dans les romans (rediff.)

(N.B. Ce billet, paru à l’origine en 2021, est resté l’un des plus populaire de ce blog. Je remets ici un petit coup de projecteur.)

Je suis une grande fan d’Ursula Le Guin, comme on peut le voir en parcourant les archives de ce blog. Mais ça ne veut pas dire que je partage toutes ses opinions. Ainsi, il y a quelques citations d’elle qui flottent sur Internet, souvent sans contexte (entretien ? conférence ? essai ?) où elle conteste le fait que la notion de conflit soit considérée comme centrale dans les manuels d’écriture, et en général dans la conception que les auteurs anglo-saxons contemporains se font de leur métier.

Un exemple ici, que je traduis rapidement :

« Les manuels d’écriture modernistes font souvent la confusion entre histoire et conflit. Ce réductionnisme reflète une culture qui surévalue l’agression et la competition et cultive l’ignorance des autres options en matière de comportement. Aucun récit complexe ne peut être bâti sur ou réduit à un seul élément. Le conflit n’est qu’une possibilité. Il y a d’autres options, toutes aussi importantes dans une vie humaine, comme avoir une relation, trouver, perdre, porter, découvrir, se séparer, changer. Le changement est l’aspect universel de toutes les histoires. » (Ursula K. Le Guin)

D’accord pour le changement comme élément universel des récits, mais pour le reste ? Je vois plusieurs problèmes.

Première remarque : les histoires que l’on choisit de raconter ne représentent qu’une partie de l’expérience humaine. On connaît le proverbe : « Les gens heureux n’ont pas d’histoire. » Même sans parler de conflit, s’il n’y a pas de problème à résoudre, d’obstacle à surmonter, d’expérience à acquérir, où est l’enjeu ? Et où est l’intérêt du récit ? Ce qu’on appelle en termes techniques la tension narrative : l’émotion induite chez le récepteur du récit (lecteur ou lectrice) par le fait d’attendre un dénouement.

Je ne suis pas la seule à le dire. Car, et ce sera ma deuxième remarque, quand on parle de conflit dans le cadre d’une intrigue de récit, on ne parle pas forcément d’un conflit littéral, d’une guerre entre des individus ou des nations. Voir par exemple ce qu’en dit Lionel Davoust :

« la notion de conflit en narration est le concept qui m’enthousiasme le plus à étudier et à transmettre. C’est bien loin de l’opposition binaire entre un « gentil et un méchant », et même de la notion qu’il faut « un bon adversaire » dans une histoire – plutôt une « bonne adversité » » (Lionel Davoust)

L’adversité, en effet, est quelque chose d’universel, qui peut être un obstacle extérieur ou une faille intérieure. Mme Bovary est ainsi la victime de sa propre imagination, du décalage entre ses aspirations à un grand d’amour romantique et la réalité prosaïque de son ménage. Lizzie Bennett, dans Orgueil et préjugés, doit surmonter ses idées préconçues aussi bien que la hauteur aristocratique initiale de Mr Darcy. Même quand l’adversité est matérialisée par un obstacle extérieur, c’est loin d’être uniquement une question de combats ou de disputes. La nature, par exemple, fournit des obstacles sur une échelle grandiose. Depuis Robinson Crusoé jusqu’aux films catastrophes, en passant par les héros de Jack London, on fait des histoires extraordinaires avec pour « adversaire » la mer, le désert, la forêt, les volcans, la banquise, la faim, le climat, les maladies… Cela marche aussi avec les récits de voyage. Prenez les Méharées de Théodore Monod sur ses voyages au Sahara, ou l’œuvre d’Haroun Tazieff : dans son récit sur l’ascension du Nyiragongo, le vrai personnage, c’est le volcan.

Mais on préfère peut-être un récit au ras du quotidien, centré sur les joies et les peines des personnages ? L’adversité est là aussi : faire des rencontres, aimer, avoir des enfants, c’est se confronter à l’autre, devoir composer avec ses désirs, ses besoins, son sentiment de ce qui est vrai, juste, valable. Aimer, c’est prendre le risque de ne pas être aimé en retour. Parfois de devoir se séparer et de connaître le chagrin. Avoir des enfants, c’est se confronter au risque de ne pas être à la hauteur (ou du moins d’en avoir le sentiment) ; c’est aussi découvrir un jour que vos enfants vous voient comme un fossile, un étranger à peine encore vivant. On a tous des exemples en tête de conflits hélas tout à fait réels dans le couple ou entre parents et enfants.

Lionel Davoust fait très justement le lien entre tension narrative et tension dramatique, celle qui anime une scène de théâtre. Au risque de me répéter, je remets ici la référence à Beating the Story, de Robin D. Laws : le meilleur manuel pour expliquer ce qui fait la tension dramatique, et comment l’utiliser pour raconter des histoires. Non, le titre n’a rien à voir avec la violence, mais avec la notion de tempo, les beats (temps, mesure) au sens musical. Comment on organise une histoire autour de temps forts, qui sont soit des scènes d’action (résolution de problème, découverte, aussi bien que combat) et des scènes dramatiques, où deux personnages (ou plus) expriment l’un vers l’autre des demandes, qui peuvent être pratiques (« Papa, tu me prêtes les clefs de la voiture ? ») ou bien du registre des émotions (« Maman, dis-moi que tu m’aimes toujours ? »)

On pourrait multiplier les variations sur ces thèmes. Une histoire du quotidien avec un volcan en arrière-plan qui menace d’exploser ? (Coucou, les Derniers jours de Pompéi.) Une tension dramatique entre ce que le protagoniste croit savoir et ce que le lecteur sait qu’il va arriver ? (Diverses histoires de fantômes chinois, où le héros ne voit jamais venir la femme renarde ou revenante que le lecteur sait être inéluctable.) Une histoire où la tension consiste dans les différentes interprétations possibles d’un même récit ? Bienvenue chez Jorge Luis Borges.

On le voit, ce ne sont pas les possibilités qui manquent, et tout cela sans faire intervenir un conflit littéral. Et pourtant ce sont bien des conflits : entre les désirs de A et ceux de B, entre les désirs de A et la réalité, entre l’interprétation d’une même réalité par A et B… Je vous laisse explorer les autres possibilités.

Augusta Helena : peplum or not peplum ?

Couverture du roman Augusta Helena : dessin d'une femme en habits byzantins, avec couronne et auréole, représentant Sainte Hélène tenant une croix

Le mois dernier, j’ai enregistré un entretien avec l’animateur d’un podcast historique ; une très bonne expérience, soit dit en passant. Et dès que l’épisode sera en ligne, je vous ferai signe ici, bien entendu. Mais je peux déjà révéler que nous avons parlé d’Augusta Helena, mon roman policier historique situé au IVe siècle, sous Constantin.

Comme on discutait des personnages, et de la nécessité de gérer une vaste distribution, j’ai expliqué que mon but, en me mettant à écrire, était d’avoir des héros qui soient crédibles même indépendamment du cadre historique. Je ne voulais pas m’inscrire dans une logique de péplum, avec tous les clichés, raccourcis et rôles-types que cela implique. (J’avais quelques modèles bien précis en tête : Le Nom de la Rose, d’Umberto Eco, mais aussi Les Fosses carolines, le jubilatoire roman historique de Cavanna, et surtout la série de romans policiers antiques SPQR, de John Maddox Roberts, peu connus chez nous hélas.)

Des personnages qui soient crédibles, cela implique une certaine complexité. Gare aux silhouettes de carton pré-découpées, prêtes à jouer les figurants dans n’importe quelle « fresque historique » ! J’en ai parlé plus longuement ailleurs : la meilleure façon d’éviter les clichés, c’est de traiter chaque personnage comme un individu, un spécimen d’humanité avec son caractère, son passé, ses défauts et ses points forts…

C’est vrai aussi pour l’Antiquité, même si j’ai l’impression que les auteurs sont parfois hypnotisés par le chatoyant de surface de la toile historique, par l’exotisme agressif qui marque presque tous les aspects d’une société aussi différente de la nôtre, par certains aspects, qu’un récit de science-fiction. C’est particulièrement vrai pour l’époque de Constantin, un empereur qui reste dans l’histoire comme protecteur de l’église et consolidateur de l’empire, mais qui a aussi probablement fait assassiner un de ses fils pour des raisons de succession. Il se trouve que nous avons assez de textes de sa main pour entrevoir quelque chose de sa personnalité, ses goûts et dégoûts, sa façon d’argumenter en matière de politique comme de théologie. Bref, nous avons de quoi en faire un individu.

C’est moins évident pour sa mère Hélène, l’héroïne du roman. D’elle, on ne sait même pas la date de sa mort, ni son origine, ni sans doute son vrai nom. Mais on a des aperçus indirect, à travers les faits et gestes que l’histoire a enregistré : des actes officiels comme ce voyage en Orient vers 326, mais aussi sa relation avec Constantin, qui lui faisait manifestement pleinement confiance pour le représenter dans ces provinces lointaines. Et puis bien sûr, dans les nombreux blancs de l’histoire, on peut toujours broder. J’ai ainsi pas mal fait appel aux souvenirs de ma propre mère pour dépeindre Hélène : j’ai donné à l’impératrice quelque chose de son aspect physique, et surtout de sa foi profonde, mais qui n’excluait pas le bon sens.

Et cependant… Avouons-le : dans le cadre de ce roman, j’ai à plusieurs reprises et très consciemment « fait du péplum ». Je pense à l’épisode du combat de gladiateurs, par exemple, ou aux évocations de la gastronomie romaine, ou encore au personnage de Roxanna, la farouche « amazone » scythe.

C’est que les clichés ne sont pas juste des raccourcis mentaux, des images superficielles : ils ne deviennent tels que parce qu’ils sont tellement populaires, parce que c’est avec eux qu’est meublé notre imaginaire. En écrivant un roman historique antique, j’allais forcément me colleter avec la vaste littérature qui a précédé, sans compter les apports du cinéma, de la bédé… J’ai donc choisi d’aller aussi souvent que possible dans le sens du picaresque, du cliché repris et revisité. Sans faire de pastiche. Mais puisque le vécu authentique nous échappe (et il nous échappe forcément, le passé, selon l’expression bien connue, « est un pays étranger »), autant prendre les strates accumulées d’arts et de littérature, en faire la matière première du roman.

Pour le dire autrement, j’écris au XXIe siècle, et l’intertextualité fait pleinement partie de mes outils. Impossible d’y échapper… aussi je n’essaie pas ! Au contraire, on verra dans Augusta Helena comment j’ai utilisé les textes antérieurs, depuis la Bible jusqu’à Astérix, pour tisser une nouvelle tapisserie sur ces cartons antiques.

Pour qui est ce roman ? Aventure, sentiment, Histoire : faut-il choisir ?

Je ne vais pas vous le cacher, je me suis remise à écrire un roman. Encore un roman noir historique, même. Il s’agira du 4e dans la série des aventures d’Antoine Dargent. Excusez du peu.

Mais au fait, à quel public est destiné ce livre ? Roman noir, roman policier, c’est un domaine fort vaste, après tout.

En guise de réponse, une petite anecdote. Courant 2019, alors que j’étais en pleine rédaction de mon roman historique Tous les Accidents, je participais à un groupe d’écriture où chacun lisait et commentait les travaux des autres. L’une des participantes m’a un jour demandé : « Mais dans ce roman, tu t’intéresses plus à la reconstitution historique, ou à la vie des personnages et à leurs relations ? » La réponse que j’ai faite alors, et que je pourrais redire à présent, fut : « Aux deux ! »

J’aime bien les romans historiques pour la plongée qu’ils offrent dans un monde différent, aussi étranger que bien des univers de science-fiction. Et en même temps, c’est un univers qui ne nous est pas tout à fait étranger, puisque nous en sommes issus. Ici, on parle de la France de 1805, quand Napoléon était déjà empereur et entretenait encore le rêve d’envahir l’Angleterre. La Révolution avait accouché d’une étrange monarchie qui ne disait pas son nom, le progrès scientifique était illustré par des inventions telles que le télégraphe optique, la vaccination, la machine à vapeur et les ballons captifs. Mais on continuait de dépendre de la météo pour les récoltes, et la France utilisait sa puissance militaire pour s’enrichir aux dépends de ses voisins, que ce soient les vaincus ou des alliés (Italie, Espagne, Hollande) à qui on réclame de lourdes contributions. Un monde plein de contrastes, où bien des aventures individuelles sont possibles.

D’un autre côté, j’aime bien suivre le cheminement émotionnel des personnages, les relations qu’ils entretiennent entre eux. Mon héros détective ici n’est pas seul, mais entouré d’amis et anciens camarades, de parents et connaissances… On a toute une petite galaxie d’individus, hommes et femmes, avec chacun leur passé, leurs désirs, leurs objectifs dans la vie ou leurs craintes pour le passé. Des parents s’inquiètent pour la santé de leur enfant, une jeune femme pour celle de son fiancé ; des militaires noirs essayent d’échapper aux mesures discriminatoires de l’Empire ; des armateurs tentent l’aventure en finançant des bateaux corsaires ; une ancienne cantinière conseille les collègues plus jeunes d’après son expérience ; un officier tente de sonder le cœur d’un camarade dont il est épris…

Et bien plus, avec des personnages apparus dans le roman Du sang sur les dunes. Et qu’on pourra retrouver bientôt, j’espère, dans les autres volumes de la série.