Archives mensuelles : mai 2010

Ma vie n’est pas un roman

Quoique certains jours, on se le demande. J’en dirai peut-être plus dans l’avenir, mais en attendant, voici une petite citation qui me semble appropriée :

« Et comment est votre famille, Malaussène ?

— Du genre sainte famille. »

(Extrait de La Fée carabine, de Daniel Pennac (1987).)

Dessins, censure… Qu’en dit-on “de l’autre côté” ?

Dans les débats autour de l’islam, il y a souvent un aspect « eux contre nous » (les « civilisés » contre les « barbares », les « obscurantistes » contre les « modernes », les « terroristes » contre les « démocraties » – mais aussi les « infidèles » contre les « croyants », les « impérialistes » contre le « peuple musulman »…) qui est non seulement déplaisant et dangereux, mais aussi bien souvent simpliste.

Voire carrément faux.

Prenons le cas du méga-drame provoqué au Pakistan par un groupe d’activistes islamiques, avec la complicité de lois qui donnent un statut spécial dans ce pays à la religion du Prophète : ou comment bloquer presque tout l’Internet dans le pays à cause de quelques pages consacrées à une journée des dessins de Mahomet… Et pendant ce temps, qu’en disent les internautes locaux de base, les M. et Mme Tout-le-Monde de Karachi, Lahore, Peshawar ou Islamabad ?

C’est une question que s’est posée la BBC (inutile, j’espère, de rappeler l’importance de la communauté pakistanaise en Grande-Bretagne, ou l’intérêt porté dans les anciennes colonies britanniques à ce qui se dit du côté de Londres).

Et c’est fort intéressant. Oh, bien sûr, chacun voit midi à sa porte, et l’heure à son minaret. Même quand on s’exprime depuis un cybercafé.

Cela donne par exemple : « Facebook est une excellente communauté, mais il y a des gens qui sont anti-musulmans et qui postent ce genre d’images pour provoquer la colère et la haine. »

Il faut peut-être excuser la jeunesse (20 ans) du gars qui s’exprime ainsi. Pour lui aussi, le monde semble se diviser entre les bons et les méchants, les affreux conspirateurs contre le peuple innocent, et il ne semble pas voir que ce n’est pas très flatteur pour sa propre communauté que de la supposer prompte à la haine et à la colère pour quelques images en plus ou en moins. Qui caricature qui, déjà ?

(Ce qu’on peut dire à sa décharge, c’est qu’il y a hélas bel et bien une composante explicitement anti-musulmane, et pas seulement anti-intégriste, dans la cyber-manifestation du 20 mai. Défendre la liberté d’expression, pour ces gens-là, devient un prétexte pour exprimer leur détestation de tout ce qui touche de près ou de loin à l’islam. Bonjour la confusion dans les messages ! Et on remarquera que j’ai pris soin, dans mon propre billet, de mettre un lien vers les pages intelligentes et nuancées que consacre Friendly Atheist à la question, et pas vers la page Facebook ni (contrairement à d’autres) le blogue Everyone Draw Mohammed, qui prétendent ouvrir un débat, mais qui dans les faits mettent à la place d’honneur des caricatures au lieu de simples représentations. Et par-dessus le marché, ledit blogue prétend enrôler Voltaire mais lui attribue encore une fois une phrase qu’il n’a jamais prononcée ! Bande de nuls.)

Un autre internaute interrogé, moins jeune (30 ans) et donc, on pourrait l’espérer, moins simpliste, estime quant à lui que c’est Facebook qui aurait dû accepter de censurer la page de la discorde. Toujours pour la même raison : l’offense envers les sentiments religieux (si délicats) des croyants. À croire que la foi vous laisse littéralement scotché(e) sur place, incapable de cliquer un lien pour quitter la page… Voire d’utiliser le bouton « Bloquer », qu’un usager de Facebook a toujours à sa disposition pour cacher (à ses propres yeux) le contenu qu’il ou elle n’aime pas !

Curieux comme le simple bon sens s’évapore dans ces conditions. Évidemment, c’est bien sur ce genre de réactions que s’appuient les activistes du Islamic Lawyers Movement, dont le porte-parole est très clair sur les motifs de ce coup d’éclat :

« We needed to provide a message to non-Muslims not to disrespect our prophet. »

Oh, vraiment ? Un « message » pour apprendre aux non-musulmans à « respecter » votre prophète ? Hum. Disons plutôt établir un rapport de force, au Pakistan et plus généralement sur la Toile, pour dissuader l’expression d’opinions et de sensibilités qui dérangent. Et c’est à la fois la liberté d’expression qui est menacée, mais aussi la liberté de conscience. Car si on ne peut exprimer de messages qui vont à l’encontre de ce que veut entendre la majorité (ou du moins la faction qui contrôle la sphère médiatique), comment la liberté de penser différemment peut-être se développer ?

Pour ceux qui veulent arrimer les « croyants » à leur religion pour mieux les contrôler, l’enjeu est clair.

La censure n’est jamais pédagogique. C’est à la fois une sanction et une information de menace, comme on dit en diplomatie. Ici, le « respectez notre religion » n’est rien d’autre que le trivial « retenez-moi ou je vais faire un malheur ».

Mais il y a d’autres réactions, parmi les internautes pakistanais interrogés dans l’article, qui devraient intéresser les vrais amis de la liberté d’expression, en Orient comme en Occident (et inquiéter les censeurs religieux de tout poil : ce sont les gens qui réalisent à quel point une stricte « défense » de la religion, selon les critères de l’ILM, est intrusive dans leur vie. Et abusive.

« D’accord, » dit un jeune homme, « des pages comme ça, ce n’est pas bien, mais il ne faut pas non plus bloquer tout le site »

Reba Shahid, l’éditrice du magazine en ligne Spider, qui observe depuis plusieurs années l’évolution du cyberespace pakistanais, se dit déçue mais « pas surprise », par une censure qui affectera surtout les entrepreneurs Pakistanais qui se servent d’Internet pour développer le commerce et l’industrie locale :

« Le Pakistan avait déjà une mauvaise réputation à l’étranger, comme un endroit rétrograde et politiquement instable. Le blocage de Facebook et de YouTube ne va pas améliorer ça. Internet est un phénomène positif et un lieu où les gens peuvent s’exprimer. Il est inquiétant que les autorités puissent en restreindre ainsi l’usage sans précaution. […] Personne ici n’est favorable à cette page de Facebook, mais bloquer complétement l’accès à un site aussi populaire a troublé beaucoup de gens. »

Tiens, au fait, on remarquera que si l’émotion au Pakistan est vive, hors des forums en ligne et des cybercafés, il n’y a guère eu de manifestations de rues. Juste les habituels militants décidés à se faire remarquer par leur outrance (les auteurs de caricatures sont des « satanistes », forcément, et tout cela est une vaste « conspiration »…) – mais la plupart des hommes et femmes de la rue, et de la Toile, semblent surtout en proie à l’incertitude à l’endroit de ce médium si particulier qu’est le Réseau des réseaux, qui tend à rendre poreuses non seulement les frontières de la géographie, mais aussi de la politique, et d’univers culturels et mentaux que certains voudraient garder étanches, avec des limites strictement fixées.

Problème ? Oh, le même qu’avec Hadopi, l’ACTA, Chilling Effects, Wikileaks, et j’en passe… Le réseau interprète un blocage comme une erreur de fonctionnement et tend à le contourner pour y remédier.

Le cas du Pakistan est d’autant plus intéressant que (pour paraphraser le généticien d’origine pakistanaise Razib Khan, fin observateur), contrairement à d’autres pays musulmans, ce pays a pris l’islam comme unique référence de son « identité nationale ». Ailleurs, un passé pré-islamique glorieux (les Pharaons pour l’Égypte, l’Empire perse pour l’Iran, les Phéniciens pour la Tunisie…) peut servir de contre-point culturel. Au Pakistan, l’islamisme est étroitement mêlé au nationalisme.

Difficile donc de prédire l’effet qu’aura la porosité corrosive de la Toile… Et à quel point les internautes de ce pays accepteront que les partisans d’un certain type d’islam (comme les activistes de l’ILM) parlent au nom de tous.

En dessinant le Prophète

Ooh, oui, moi aussi, je veux être interdite au Pakistan !

Source n°1. Source n°2.

À l’occasion d’une « journée internationale des dessins de Mahomet » (voir la compilation réunie par Hemant Mehta : il y a de quoi réfléchir… et parfois rigoler), voilà-t’il pas qu’un groupe d’avocats islamistes n’a rien trouvé de mieux à faire que de réclamer le blocage de tout le site Facebook (Màj : Et YouTube aussi, plus divers autres sites…) à cause de la page « Everybody Draw Mohammed Day » – et l’a obtenu. Bravo les juges.

Bon, d’accord, c’est déjà un (très) grand progrès par rapport au genre de zélotes pour qui la réponse naturelle à une « offense » religieuse consiste à menacer, insulter, frapper, voire tuer l’offenseur, ou brûler sa maison…

Avec des amis comme ça, le prophète n’a vraiment pas besoin d’ennemis.

J’adore la solution d’un certain Jeff Satterley :

Alors, ça vous offense ?

(NB: C’est un grand classique des contes de fées : reconnaître la vraie princesse ou le vrai prince parmi une multitude d’images renvoyées par des miroirs. Et les contes ont toujours une leçon, ne serait-ce qu’en arrière-pensée…)

Et si on en veut plus, il y a toujours la Mohammed Image Archive, recueil de représentations picturales du prophète de l’Islam à travers les âges, en commençant par celles dessinées et peintes par les croyants, avant que les interprètes les plus rigoristes du Coran n’en fassent un tabou.

(Oh, et pour prévenir toute critique du genre « boouuh, raciste » : il se trouve qu’il y a dans ma propre famille un certain nombre de musulmans et de musulmanes. Plus ou moins pieux, plus ou moins pratiquants, et tous d’accord pour refuser les images du Prophète – mais pas pour condamner les non-musulmans qui en dessineraient. Déplorer la chose ? Oh, oui. Mais – j’espère bien – sans refuser aux autre cette liberté. Disons que s’ils lisent mon blougue, les prochaines discussions de famille risquent d’être assez… intéressantes.)

P.S. Oh, et la version « anime » de Mahomet sur le coursier Bouraq, par Big Blue Frog? Tout simplement géniale.

P.P.S. Et ne pas oublier le webcomic Jesus & Mo, bien sûr ! (Comment ai-je pu…)

Des critiques, de la polémique et de l’anonymat, depuis Sumer jusqu’à la Toile mondiale

J’avais commencé à répondre à un commentaire d’Éric Mainville (oui, celui de Crise dans les médias), à propos de mon billet sarcastico-polémique sur Michel Onfray et sa grrrande phobie du Net, mais la réflexion m’a menée un peu plus loin que prévu. On va donc essayer d’en faire profiter un maximum de monde.

Éric écrit :

[L’article] d’Onfray […] est typique de la façon aujourd’hui d’argumenter: frapper fort, mais dire des platitudes. Critiquer les commentateurs anonymes, c’est un platitude. Les comparer à des auteurs de graffitis de latrine, c’est un peu excessif.

Hum. « Un peu » excessif ? Légèrement, oui…

(Cela me fait penser à un dicton américain : « You can’t get just a little bit pregnant ». On ne peut pas tomber juste « un peu » enceinte, ou être « un peu » ruiné. Et ce qui est excessif n’est pas non plus « un peu » insignifiant…)

On pourrait aussi reprocher à Onfray, en plus de son outrance verbale, son manque de perspective : les critiques injustes du travail d’autrui ont-elles commencé avec Internet, ou s’agit-il d’un phénomène concomitant à la littérature et à toute forme de publication, c’est-à-dire de mise à disposition du public, d’une idée, d’une œuvre, du résultat d’une recherche ?

Toutes les générations se sont plaintes des « sales gamins » irrespectueux qui voulaient pousser leurs dignes aînés vers la tombe, et qui n’appréciaient pas à leur juste valeur les contributions des dits aînés. Chaque innovation en matière de communication a provoqué des craintes pour le statu quo. Même l’écriture ! L’adage romain : « les paroles s’envolent, les écrits restent », témoigne d’une société qui se méfiait de la fixation par écrit, sous forme immuable et qu’on ne peut plus renier, de ce qui sort de la bouche des gens (et peut revenir, plus tard, pour les accuser). Et je pourrais aussi bien citer Ésope et sa conception de la langue, « meilleure et pire de toutes les choses ». (Dans un autre hémisphère culturel, en Chine, il y a une phrase assez semblable attribuée à Confucius : « Ce qui est dit est dit, et un char tiré par quatre chevaux ne saurait le rattraper. »)

Mais si Onfray, dans sa peur, ou au moins méfiance à l’égard d’Internet, en oublie à peu près toutes les leçons de l’histoire culturelle, il démontre par son obsession des « commentaires anonymes » à quel point il méconnaît ce qu’il critique.

Oh, certes, il n’est pas le seul… Combien de gens se plaignent de ces blogueurs, ou commentateurs, qui se « cachent » derrière « l’anonymat », y compris sur des blogues et dans des forums où leur adversaire utilise ni plus ni moins qu’un pseudonyme, ou nom de plume ? (Ce qui, par parenthèse, est mon cas.)

Ils s’inscrivent ainsi dans une tradition bien ancrée d’écrivains, philosophes ou chercheurs utilisant une identité de rechange, soit par prudence (si leurs écrits pouvaient les mener au bûcher, par exemple), soit pour distinguer entre deux facettes différentes, voire incompatibles, de leur activité (comme le conteur et poète Lewis Carroll, pseudonyme de Charles L. Dodgson, professeur de mathématique). Un blogueur aujourd’hui peut utiliser ce pseudonymat pour éviter des ennuis au travail (s’il ou elle critique son employeur, ou a des idées politiques trop radicales), ou avec sa famille (le blogue utilisé comme auto-thérapie, ce n’est pas rare), ou parce que le climat du pays où il vit est trop répressif ; ou pour séparer entre l’individu privé, dont les opinions n’engage que lui ou elle-même, et une obligation de réserve, voire de solidarité, avec une université, un employeur, ou un parti. Le cas des agents de l’État et du devoir de réserve est également bien connu en notre bon pays de France.

Enfin (désolée, Éric), je ne vois pas en quoi ces méthodes polémiques (platitudes, outrances…) seraient « typiques » de notre époque. (Encore un coup du mythe de l’âge d’or et de la perfection perdue ? Nous déclinons depuis Hésiode et Isaïe. Que dis-je, depuis Sumer !)

D’ailleurs Onfray lui-même, en tant que philosophe et spécialiste de la pensée grecque antique, pourrait répondre ici que la rhétorique, ou art et technique de « gagner » un débat, avait été codifiée par les Anciens – qui n’avaient pas toujours beaucoup de scrupules quand il s’agissait de mêler, en douce, le consensuel « art de bien parler » à des techniques parfois malhonnêtes pour déstabiliser l’adversaire, susciter l’émotion du public en court-circuitant la raison, et ainsi de suite. La querelle entre rhéteurs et philosophes est même l’une des plus classiques de l’âge classique et de ceux qui s’en sont réclamé. Socrate contre les « sophistes », vous connaissez ? Et l’emploi du même mot de « sophistes » par Rabelais pour désigner les ennemis de l’Humanisme ?

Je ne crois donc pas qu’il faille s’étonner beaucoup si les fleurs de rhétorique que l’on cueille sur la Toile n’ont pas toujours un meilleur parfum que celles qui poussaient jadis entre les pages des livres, au pied des chaires magistrales ou entre les dalles de l’agora.

Nam dicere scribereque humana sunt.

P.S. À part cela, Éric Mainville a publié aujourd’hui sur son blogue personnel un fort intéressant billet sur la façon dont Michel Onfray applique à Internet le genre de « psychanalyse » sauvage qu’il condamne si fort chez autrui… Aïe, aïe, encore un coup de ces fichus vandales du Net ! Respectent rien !

Dis, maman, d’où il vient, le pétrole ?

(Inspiré par Fake Science et cet article (twitté par @biblioroots)… Certains jours, on n’a pas envie d’habiter la planète Terre, croyez-moi.)

Mes chers petits, c’est un processus à la fois très simple et très compliqué.

D’abord, les compagnies pétrolières vont extraire cette petra oleum de l’écorce terrestre, sous l’océan. C’est très difficile, et très cher, et c’est pourquoi on y investit beaucoup d’argent. Un peu de cet argent sert à aider les gouvernements à se souvenir de donner l’autorisation de forer aux entreprises, évidemment.

Ensuite, les compagnies pétrolières s’arrangent pour mettre le plus de pétrole possible dans l’eau, mais cette fois en surface, car cela rapproche le pétrole des consommateurs, ce qui est très important. Il y a plusieurs méthodes possibles : casser un bateau de pétrole sur les rochers, par exemple. Mais si on veut maximiser la quantité de pétrole répandu, une fuite dans le puits est bien mieux. Plus c’est profond, plus c’est difficile à réparer, donc plus longtemps cela durera.

L’étape suivante consiste à laisser faire la nature, et les courants, qui font circuler tout ce pétrole à la surface de l’eau, pour en faire profiter les animaux marins, les oiseaux, le plancton, les pêcheurs et même les écosystèmes du rivage. Il y en a pour tout le monde.

Enfin, il ne reste plus qu’à envoyer des tas de gens au bord de la mer, et autour du puits de pétrole, pour récolter les tonnes et les tonnes d’hydrocarbures ainsi libérées. C’est l’occasion d’une merveilleuse communion entre des gens très différents, tant volontaires qu’employés du génie civil, travailleurs de l’industrie pétrolière et activistes écologistes – mais tous unis pour bâtir autour de ce riche pétrole un avenir riant.

Attention, toutefois, au cas où votre zone pétrolifère hébergerait aussi un ou deux Grands Anciens du type Cthulhu. Ces monstres aquatiques ne sont pas, mais alors pas du tout accommodants.

Desk Cat Demands A Sacrifice!

Behold, the Cat That Lives Under The Desk hath spoken: thou shalt offer It all your pens, and this will be a sign of Covenant between Cat and puny humanity!

Be glad it’s only office furniture, mortal, and not your first-born child…

Génétiquement optimisé ? (sur un petit air de Soleil Vert…)

Un peu de musique mutante avec Magnatune et un drôle de « savant fou » des claviers et consoles, le Québécois Soleil Vert :

Génétiquement modifie by Soleil Vert

Cela dit, j’aime bien sa musique, mais la philosophie du gars donne une curieuse impression de double pensée. Ou comment se rêver bio tout en créant de la musique synthétique

« Soleil Vert » est le résultat d’une prise de contact avec la nature. Cette expérience m’a fait réaliser comment nous, les êtres humains, étions liés à la nature. Nos corps sont fait pour habiter la planète Terre, nous sommes des êtres biologiques, dépendants de l’écologie terrestre. Rien ne peut remplacer notre environnement naturel comme système de support vital. La nature est aussi une source d’émotions profondes et un sentiment d’être en contact avec les éléments qui est souvent oublié aujourd’hui.

Voui, voui.

À part ça, l’esthétique de l’album concept Génétiquement modifié est toute en « séquences interrompues, épissage de fragments », « inspirée par les techniques utilisées pour la modification d’organismes vivants au niveau cellulaire, en utilisant de l’ADN étranger… transposées en manipulation de son et de textures ».

De quoi rappeler l’œuvre d’un autre compositeur inspiré par les découvertes et les méthodes de la génétique : Peter Genaa, qui lui part carrément de séquences d’ADN, d’ARN ou de protéines pour les transformer en sons. Quatre nucléotides, sept notes de la gamme : au fond, c’est une affaire de transcription…

Et c’est une autre façon de vivre notre connexion à cette nature biologique dont nous sommes issus.

L’athéisme et le scepticisme appliqués à Apple

Avertissement sans frais

Certaines opinions exprimées ci-dessous risquent de choquer les croyants sincères. Mais vous préférez sûrement que je respecte vos facultés de raisonnement logique, et pas juste votre foi en telle ou telle icône médiatico-informatique ?

Hmm ?

Ceci dit, procédons plus avant.

* * *

C’est fou comme certaines tendances ont la vie dure. Parlez sur un blougue de sujets liés au féminisme ou à l’oppression des femmes et, rapidement, voilà que des mecs rappliquent avec un grand cri de : « Mais les hommes ont des problèèèèmes aussiiii » ! Ça ne rate jamais.

De même, parlez sur un blougue de logiciels libres, de plate-formes et/ou formats ouverts, et voilà que les fans d’Apple ou de Microsoft rappliquent avec un grand cri de : « Mais iTruc / Windows N… sont de bons produits aussiiii » !

Hé, sans doute. Je veux bien vous croire. Et vos anecdotes sont bien sympathiques. Qu’importe si la plupart du temps, elles sont essentiellement tautologiques : ce sont des témoignages d’utilisateurs qui aiment les gadgets électroniques qu’ils ont adoptés. Voui, voui. Et pourquoi ils les ont adoptés ? Parce que cela correspondait à leurs besoins en matière d’électronique et de gadgets. Tiens, donc.

Mais au fait, qu’est-ce ces historiettes apportent à des gens qui n’ont pas les mêmes besoins en la matière, pas les mêmes habitudes de travail, goûts esthétiques, expérience, patience avec l’informatique, nécessités professionnelles, base installée, etc. ?

Heu…

Pas lourd.

Mais on avait bien dit qu’il s’agissait d’anecdotes, pas vrai ?

* * *

Et puisqu’il se trouve que cette fois-ci, c’est un fan d’Apple qui a détourné mon dernier billet sur une offre de liseuses électroniques sans pomme, essayons de poursuivre plus loin l’analogie, pour voir.

Une chose qui m’amuse, et qui revient souvent dans l’argumentaire de ce genre de fans, ce sont des affirmations du genre « nous libérer de la tyrannie de X… » (Microsoft, Adobe, Google : choisissez. Apple est le challenger multicartes, c’est bien connu.)

Fort bien. Mais si c’est pour tomber dans la dépendance à Apple, où est l’avantage ?

Y a-t-il de « bonnes » dictatures ? Pourquoi faut-il que Steve Jobs en personne intervienne pour modérer les rigueurs de la politique maison d’Apple en matière de ce qui est acceptable dans l’App Store ou pas ?

Hum. Autant demander pourquoi, dans l’ancien régime, on présentait au roy des placets pour lui demander d’atténuer les rigueurs de sa propre justice. Ou pourquoi c’est le Pape, dans l’Église catholique, qui a le dernier mot sur la possibilité ou non pour les cathos d’accepter l’évolution.

* * *

Tiens, au fait, puisque Jésus est revenu d’entre les morts pour diriger Apple… Posons-nous quelques questions supplémentaires. Rien n’est sacré.

Lors de la sortie du Kindle d’Amazon, en 2007, on avait entendu Steve Jobs déclarer vertement que la lecture était morte et qu’Apple ne se lancerait pas sur ce marché-là. Oooh, non.

Mais alors… À quoi joue donc à présent Steve Jobs, ou du moins sa firme, lorsque Apple fait la promotion de l’iPad comme d’un appareil idéal pour la lecture de textes numériques ? Jusqu’à provoquer un vent de panique chez Amazon, quand les grands éditeurs américains, les uns après les autres, tournent le dos au modèle du « prix unique pour les nouveautés et best-sellers » choisi par Amazon.

(Soit dit en passant : bien fait pour Amazon. Et dommage qu’ils fassent subir aux auteurs les dommages collatéraux de leurs guéguerre de mammouths de l’édition.)

Bref, faudrait savoir. Morte ou pas morte, la lecture ? Et Apple est-il en train de jouer le même coup avec les livres et l’iPad que pour l’iPod et la musique ? Ou bien est-ce un rien plus subtil ?

Subtil, oui. Peut-être même plus qu’un rien.

Car au fond, que vend Apple avec l’iPad ? Une liseuse électronique ? Non, pas vraiment. L’appareil a un écran LCD, pas à base d’encre électronique, donc sans avantage pour les yeux par rapport à un écran d’ordinateur. Et les applications disponibles sont clairement censées satisfaire une clientèle bien plus vaste que celle des lecteurs. Jeux, multimédia, communication, et j’en passe.

Mais alors, l’iPad serait une sorte d’ordinateur portable léger, avec une interface simplissime puisqu’héritée de l’iPhone ? En gros, oui. C’est un netbook à écran tactile. Ou, si on veut, un iPhone agrandi.

Sauf que, dit ainsi, ce n’est pas très glamour. Et surtout, si Apple avait lancé sa machine sous ses vraies couleurs, l’iPad aurait pris le risque de se retrouver noyé parmi la pléthore de tablettes communicantes, netbooks et autres gros smartphones qui se disputent déjà le marché.

Du coup, tout s’explique.

L’application iBook, c’est l’angle choisi par les as de l’Apple-marketing pour positionner la bébête sur le marché : lecture, instruction, culture, toutes choses respectables et qui donnent au gadget un certain cachet. Car certes, l’iPad est simple, mais il ne faudrait pas non plus que toute la communication à son sujet soit du genre « mon gamin de 2 ans 1/2 et son iPad ». Voire « mon chat et »

L’appareil offre certes le design ultra-sexy d’Apple, mais c’est devenu une habitude. Ses capacités sont limitées. Et il ne comprend pas d’innovation technologique époustouflante, il faut l’avouer.

Et pourtant, il fallait bien un truc pour amener les gens à débourser les 500 $ US, au minimum, pour se le procurer. Et quoi de mieux que l’appel de la culture ?

D’où ce (discret) revirement par rapport aux livres numériques…

I’m in your galaxies, spewing black holes

Don’t panic! Galaxies around us may be routinely hurling out super massive stars and even black holes into the unsuspecting surrounding space, but hey, what can we do about it? Ab-so-lute-ly nothing, that’s what. So, why not just take a seat and enjoy the pictures?

« Cannonball » star ejected from the 30 Doradus cluster (or Tarantula Nebula), a noted nursery of stars. Image credits: Hubble Space Telescope (NASA/ESA) and ESO’s 2.2 meter telescope in Chile.

In black, the center of the galaxy, where normally lies a massive black hole. In red, what may be the ejection of said black hole, « hurled out » by the collision between two galaxies if the theory of Marianne Heida, of the University of Utrecht, is verified. (Image: Chandra Space X-Ray Observatory.)

Facebook, tout le monde descend. Je répète, tout le monde descend…

Avis à la Facebookepopulation : d’ici le 26 mai, ce compte et toutes les informations qu’il contient auront disparu de la Facebookosphère. Idem pour le NetworkedBlog attenant.

Pourquoi ? J’ai décidé de supprimer ma page Facebook. Pas « désactiver », non, supprimer définitivement. Nuance. Si, si, c’est possible, même si FB n’aime pas trop que vous fassiez cela. D’ailleurs, voyez le délai de deux semaines qu’ils imposent pour valider la suppression effective du compte : j’ai rempli le formulaire aujourd’hui, le compte ne disparaîtra que le 26 mai. Sans justification, d’ailleurs. C’est juste l’une des mille et une façons qu’a FB de prendre les usagers pour des buses.

Pourquoi je pars ? Oh, disons que la dernière faille de sécurité, celle du chat, venant après l’affaire des courriels non sécurisés, venant après le changement des conditions d’utilisation, qui réaffecte unilatéralement certaines données privées dans le champ public – tout cela en plus de la frustration croissante que je ressentais à utiliser ce site/réseau lourdingue, bourré de spam et de pseudo-jeux à la mord-moi-le-clavier… Bref, pour faire simple, disons que marre, c’est marre.

  • Mais, euh, argh ! Comment on pourra me contacter, alors ?

Facile. Comme précédemment : soit en commentant ici, sur ce blogue (pas d’inscription nécessaire). Ou en m’envoyant un message sur Twitter, pour ceux qui ont un compte de gazouillis. Voire, si on est trrrès rassis et conservateur, avec cette adresse électronique :

irenedelse <chez> gmail.com

En remplaçant <chez> par une arobase. Vous savez, le machin rond avec un a minuscule dedans…

  • Dites donc, ce n’est pas la première fois que je « quitte » l’écosystème FB, non ?

Ha. Oui et non. La dernière fois, FB était surtout casse-pied (la pub, les quizz, jeux et gadgets qui bouffent du temps et de la bande passante…) mais pas aussi big-brotheroïde qu’aujourd’hui. Et surtout, la seule chose qu’ils ont améliorée, à mon avis, c’est qu’on peut désormais réellement supprimer son compte. Eh oui, j’avais précédemment quitté Facebook en désactivant mon compte, faute d’autre possibilité !

Et il n’est toujours pas évident de découvrir la page de suppression. Mais c’est possible, en cliquant sur ce lien :

https://ssl.facebook.com/help/contact.php?show_form=delete_account&__a=3

Et en appliquant les directives suivantes :

  1. Cliquez « Envoyez » pour confirmer la suppression.
  2. Entrez votre mot de passe et le résultat du CAPTCHA (à vos souhaits) pour montrer que oui, c’est du sérieux-pour-de-vrai.
  3. Acceptez encore une fois.

Enfin, surtout, jusques et y compris à la date annoncée pour la suppression effective de votre compte, ne vous reconnectez pas !  N‘utilisez pas non plus Facebook Connect pour vous abonner à un autre site ou commenter sur un blogue… Et pour cette raison, nettoyez l’historique de votre navigateur Internet de ses cookies (certains peuvent avoir enregistré la connexion automatique à Facebook).

Enfin, bien sûr, ne cliquez pas directement sur les liens des courriels que vous envoient vos « amis » par Facebook !

Ou sinon, vous risqueriez d’avoir tout à recommencer.

À bon entendeur…