Archives de Tag: écriture

La bande son pour écrire

Affiche française du film Le Guépard (1963) de Luchino Visconti, avec Burt Lancaster, Claudia Cardinale et Alain Delon

J’en ai déjà parlé, un de mes rituels d’écriture est de mettre de la musique avant d’ouvrir Word ou Scrivener.

Mais au fait, quelle musique ?

En ce moment, c’est surtout des bandes originales de films : celle de Barry Lindon, par exemple, pleine de compositions du XVIIIe siècle, mais aussi celle créée par Nino Rota pour Le Guépard de Visconti.

Alternativement, j’aime bien avoir en arrière-plan un peu de musique d’époque. Haendel, Mondonville, Mysliveček (oui, celle du film Il Boemo), mais aussi les Sinfonie milanese composées en Italie après la Révolution française. On est ici en plein dans l’ambiance du roman que je suis en train d’écrire.

C’est un peu le trip actuel. À d’autres moments, j’ai plutôt mis Leonard Cohen en boucle, ou bien de la musique électronique. Mais j’avoue que pour écrire des aventures autour de 1800, les sons contemporains sont de bons compagnons de route.

Un homme en noir dans le coin du roman

Non, il ne s’agit pas des Men in Black de la mythologie extraterrestre ! Mais de ce qui peut arriver à un roman pendant sa rédaction.

Le concept de « l’homme en noir » (the man in black), ou « l’homme en noir dans le coin », provient du site personnel de Jane Fancher et de ses réflexions sur l’écriture, mais le terme lui-même a été créé par C.J. Cherryh.

Je traduis dans les grandes lignes :

« Dans l’écriture d’un roman, l’auteur rencontre souvent sur son chemin ce type de personnage : l’homme en noir, dans un coin de l’auberge, qui semble là simplement pour donner un coup de main ponctuel au héros. Mais avant longtemps, il aura fait changer l’intrigue de cap et menacera de coloniser tout le roman ! À ce moment, l’auteur n’a plus guère de choix : éliminer l’intrus, l’envoyer sur une autre trajectoire (c’est-à-dire lui consacrer une œuvre à part), ou céder à l’inévitable et lui abandonner le roman. » J. Fancher

Le nom vient d’un exemple fameux : Aragorn, dans Le Seigneur des Anneaux, que l’on voit apparaître littéralement comme un homme mystérieux habillé de couleurs sombres, dans le coin d’une auberge. Les carnets de J.R.R. Tolkien, publiés dans L’Histoire de la Terre du Milieu (édité par Christopher Tolkien) montrent bien que l’irruption de ce personnage et de tout l’arrière-plan qu’il implique (les Nûmenoriens, Gondor, Arwen…) n’étaient pas prémédités. Au départ, Frodo et ses amis devaient juste rencontrer un Hobbit (eh oui !) mystérieux, « Grand-Pas », qui les mettrait sur la voie pour l’étape suivante de leur voyage. Mais le personnage dépassa bientôt cette dimension utilitaire. Tolkien, sentant les possibilités de ce Grand-Pas, lui trouva un nom et une histoire plus épiques, et le monde du Seigneur des Anneaux, tout comme la trajectoire du roman, en fut changé.

Et moi, ai-je rencontré un jour cet « homme en noir », durant la rédaction de L’Héritier du Tigre ? Mais oui. D’où croyez-vous que vienne Tzennkald ? Lui aussi s’est imposé à petit bruit, pour devenir bien vite incontournable. Avec cependant une différence : je n’ai pas laissé le roman se réorganiser autour du nouveau-venu ! Mais la solution retenue a pu frustrer certains lecteurs.

Je n’en dis pas plus : le texte est disponible en lecture sur Vivlio Stories. À découvrir !

Attention : un Homme en noir peut aussi bien être une femme. En écrivant les aventures d’Hélène, mon « Indiana Jane du IVe siècle », j’ai trouvé sur mon chemin une certaine mystérieuse jeune femme que je n’ai pas eu le cœur d’éloigner après qu’elle ait eu rempli le bref rôle qu’elle était censée jouer au début du récit. Le résultat est un roman plus long, mais aussi plus riche, je pense. À lire dans Augusta Helena, aux éditions du 81.

Tableau : jeune homme aux cheveux longs, châtain clair, en habit du 18e siècle, avec un chapeau noir et une veste verte

Et puis il y a le cas d’un roman que j’ai écrit en 2019, qui cette fois qui se déroule pendant la Révolution française et l’Empire. Retour à un homme, littéralement en noir pour certains épisodes, et dont la destinée croise à différentes reprises celle de mon héroïne, et qui me permet d’explorer d’autres facettes d’une époque complexe, dramatique, riche en personnages équivoques, ni tout blancs ni tout noirs. C’est je crois Siéyès qui, à la question : « Qu’avez-vous fait pendant la Révolution ? » répondait : « J’ai vécu. » Mon nouvel Homme en noir pourrait contresigner sans hésitation.

Mais dans ce cas, j’ai cédé : je lui ai donné sa propre série… À découvrir dans les enquêtes du capitaine Dargent, aux éditions du 81 ! Dernier volume paru : Coup de froid sur Amsterdam, dans toutes les bonnes librairies.

Regrets pour le film Il Boemo : nouvel épisode de Dr Scénario

Sorti en 2022, le film tchéco-slovaco-italien Il Boemo, de Petr Vaclav, a eu un peu la carrière d’une étoile filante, vite disparu sans rencontrer le public qu’il aurait mérité, rien que pour la qualité de la reconstruction historique et l’enchantement des scènes d’opéra. N’est pas Amadeus qui veut… Mais comme pour d’autres films imparfaits et attachants, on peut en tirer quelques enseignements question écriture.

Affiche française de Il Boemo, avec l'acteur du rôle titre, Vojtech Dyk, en costume du XVIIIe, allongé auprès d'une femme dont on ne voit qu'une partie du visage
Affiche française de Il Boemo, avec l’acteur du rôle titre, Vojtech Dyk

Il faut dire que certains aspects du scénario et de la réalisation n’ont pas aidé. Surtout dans la gestion des personnages : trop souvent, on assiste à une scène où le héros interagit avec un ou plusieurs personnages qu’on n’arrive pas à situer. J’ai récemment revu le film en VOD (merci Arte) et j’ai été frappé par la première partie, à Venise, où un personnage féminin important, une jeune fille qui prend des leçons de musique, apparaît à l’écran sans qu’on sache son nom.

C’est pourtant important de présenter ses personnages, comme on l’a vu à propos de l’adaptation au cinéma de La Chartreuse de Parme. Comment savoir où va l’histoire si on ne sait pas qui sont les protagonistes ? Pire, quand un personnage n’a pas de nom, on tend à ne pas le ou la remarquer et à s’attacher à d’autres éléments du récit.

On pourrait aussi critiquer la façon dont le scénario introduit des thèmes et des personnages sans les suivre jusqu’au bout, passant chaque fois à autre chose. Cela permet d’évoquer des aspects variés de la vie du personnage principal, Josef Mysliveček : relations avec les vedettes de la scène, avec les riches commanditaires des opéras (une scène avec le jeune roi de Naples est horrible mais plausible sur le plan historique), les ennuis d’argent, les évolutions du goût musical, l’influence sur le jeune Mozart (rien que pour ce passage, le film mérite d’être vu), ou encore une histoire d’amour malheureuse avec une femme de l’aristocratie…

Plein de choses intéressantes, mais qui peinent à se cristalliser en une histoire suivie et cohérente. Ce qui est souvent l’écueil des récits biographiques quand ils suivent de près les faits : la vie a rarement la bonne grâce de ficeler ses intrigues, elle. La fiction a plus de facilité de ce côté-là.

Coup de froid sur Amsterdam : portraits des personnages

Et vous, comment imaginez-vous les personnages d’un roman ? Certains auteurs s’inspirent d’acteurs pour visualiser leurs protagonistes. Mais pour écrire ma série policière historique, j’avais plutôt en tête des tableaux contemporains, ou quasi contemporains.

Dans le cas de Coup de froid sur Amsterdam, voici une petite galerie.

Tableau : jeune femme blonde en robe blanche en train de dessiner, avec par la fenêtre un bâtiment

Ci-dessus, ce tableau de Marie-Denise Villers, « Jeune femme dessinant » (1801), pourrait servir de portrait à mon personnage de peintre, Eva van den Broecke, vous ne trouvez pas ? (Cette artiste française est peu connue aujourd’hui mais mériterait de l’être plus. Elle illustre l’école néo-classique et on a même pris certains de ses tableaux pour ceux de David.)

Quant à mon héros récurrent, le capitaine Antoine Dargent, je l’ai trouvé dans ce portrait du peintre Antoine-Jean Gros (l’auteur notamment de Bonaparte au pont d’Arcole) par son collègue François Gérard (1790). Ici en civil, bien sûr.

Et puis il y a son ami (lui aussi personnage récurrent) Silvère Mareuil, qui a déjà en quelque sorte son portrait avec cette étude de Géricault pour le Radeau de la Méduse (1818). L’homme représenté s’appelle en réalité Joseph, né à Saint-Domingue vers 1793, et était un modèle noir plusieurs fois utilisé par des peintres français.

Parmi les personnages secondaires du roman, je m’en voudrais de ne pas mentionner Ida Saint-Elme, qui, comme ce nom de plume ne l’indique pas, est d’origine hollandaise. Elle a mené une vie hors normes et laissé des Souvenirs pas piqués des vers.

Enfin, on peut se faire une idée du général Daendels, un Hollandais au service de la République française, avec cette gravure contemporaine. Historiquement, c’est lui qui a conduit l’armée du Nord à Amsterdam. Dans le roman, il donne une mission à un certain lieutenant Antoine Dargent.

Coup de froid sur Amsterdam, roman policier historique, par Irène Delse, ISBN 978-2915543841, aux Éditions du 81, le 16 février 2024. Chez CulturaGibert, La Procure, à la Fnac ou au Furet du Nord, chez Decitre, sur Amazon, et bien sûr chez des libraires indépendants.

Premières lectures

Couverture du roman : tableau représentant des cavaliers autour de grands vaisseaux à voile pris dans les glaces

Déjà quelques lectures pour mon roman Coup de froid sur Amsterdam :  après Igor David sur Babelio, c’est au tour de Berthe Edelstein sur Facebook. C’est toujours fascinant (et un peu intimidant) de découvrir comment un livre qu’on a longuement mûri, en tête à tête avec soi-même, est finalement reçu par le public. Et c’est une vraie joie de découvrir des lecteurs contents.

N’hésitez pas à tenter l’aventure à votre tour !

Coup de froid sur Amsterdam, roman policier historique, par Irène Delse, ISBN 978-2915543841, aux Éditions du 81, le 16 février 2024. Chez CulturaGibert, La Procure, à la Fnac ou au Furet du Nord, chez Decitre, sur Amazon, et bien sûr chez des libraires indépendants.

Parmi tout ce dont une IA peut nous libérer, pourquoi choisir la création littéraire ?

Photo : sculpture représentant un personnage à cent bras

L’intelligence artificielle est un outil puissant, ce n’est pas moi qui le nierai. Regardez la recherche médicale : on vient de créer la première nouvelle classe d’antibiotiques depuis soixante ans grâce à un modèle de deep learning. Ou bien prenez le cas des parchemins d’Herculanum, qu’on a pu de cette façon commencer à déchiffrer sans les détruire. Bref le potentiel pour augmenter nos capacités est considérable. Et on peut déjà voir des applications moins pointues mais qui servent l’intérêt commun : aide au diagnostic pour les médecins, assistance clients à distance, outils pour les personnes en situation de handicap… Que dis-je : pour écrire ce texte, je suis en train d’utiliser l’outil d’IA du clavier Android, qui permet de glisser le doigt sur le clavier tactile du téléphone, l’algorithme devinant en temps réel quel mot je veux former.

Mais dans le même temps, on entend beaucoup parler de Chat-GPT, Bard et autres LLM (large language models), des IA conçues pour générer du texte simulant des articles de journaux voire des textes littéraires…

À qui cela peut-il servir ? Je vois bien le parti que peuvent en tirer des éditeurs ou producteurs qui mettent la quantité avant la qualité. Une source quasi intarissable de « contenu », pour reprendre le terme qui sert aujourd’hui. Amazon profite déjà du filon, même s’ils tentent de donner des gages aux critiques en limitant le nombre de nouveaux titres publiés chez eux par la même personne à… trois par jour. Oui, vous avez bien lu : jusqu’à trois romans par jour. Ridicule.

Certes, des auteurs qui ont déjà une audience, une propriété intellectuelle bien établie, peuvent y trouver leur compte : au lieu d’avoir à se débrouiller eux-mêmes pour continuer une série, ils ou elles peuvent simplement faire avaler leur œuvre à une IA et se contenter de relire les nouveaux textes produits pour y mettre la dernière touche avant de signer.

On peut aussi s’en servir pour faire « travailler » des auteurs déjà morts depuis longtemps. Pour l’instant, ça horrifie les fans, mais combien de temps avant qu’on s’habitue ? Il y a clairement une logique économique là-dedans : on produit du contenu sous un nom qui est à lui seul une valeur sûre, pour lequel il y a un public tout trouvé. Quel éditeur ne voudrait pas avoir un tel gisement à exploiter ?

Pour les auteurs qui ne sont pas des best-sellers, qui ne sont pas (encore) des valeurs sûres, l’avenir est moins radieux. C’est encore quelques opportunités de plus qui vont leur échapper, des ventes qui iront aux grands noms, ou même aux ayant-droits de grands défunts.

Plus insidieux, les opportunités d’écriture vont devenir de façon croissante non pas de la création mais de la correction ou adaptation de textes produits par une IA. On aura certes toujours besoin d’un humain dans la boucle pour resserrer les boulons : vérifier qu’il n’y a pas de violation de copyright accidentelle, changer quelques détails pour éviter des incohérences, vérifier quelques faits et dates… Peut-être améliorer le style ou ajouter quelques détails vivants, si on a de la chance. Mais pour l’essentiel, ce sera du travail sur un texte automatisé. Et on peut deviner aussi que cela fera travailler moins de gens qu’aujourd’hui. Il y a déjà très peu d’auteurs qui vivent de leur plume, cela risque d’être encore plus vrai demain.

Vous, je ne sais pas, mais la perspective ne m’enchante pas. J’écris pour créer mes propres univers, pas pour être le sous-traitant d’une machine à produire du vrai-faux roman, des resucées de tel ou tel auteur déjà exploité de toutes les façons possibles et imaginables.

C’est pourquoi je ne peux que saluer l’initiative de la plateforme Librinova : un label création humaine, pour garantir que les textes publiés chez eux sont bien l’œuvre de créateurs et non d’IA. Une « appellation d’origine » pour les livres, en somme.

Si on veut préserver la possibilité pour les auteurs à vivre de leur travail, il faut bien se donner les outils légaux pour ça, et tout d’abord un minimum de transparence. C’est l’un des résultats de la grève des scénaristes hollywoodiens l’an dernier. C’est aussi dans ce sens que va l’Union européenne, dont on espère qu’elle ne se perdra pas cette fois dans les limbes règlementaires.

Ce sera toujours mieux que la situation en Chine, où on peut très légalement présenter un texte produit par une IA à un concours littéraire, sans être obligé de rien dévoiler. Devinez le résultat… Faire gagner un prix à quelqu’un qui n’a rien écrit mais s’est contenté de faire travailler la machine.

Vous me direz, si cela pouvait contribuer à relativiser l’importance qu’on attribue à ces prix de toute façon très subjectifs… Un bien pour un mal, pour une fois.

La bonne résolution : un nouveau roman

Tableau de L.-F. Lejeune représentant la bataille de Marengo (14 juin 1800), avec les Français au premier plan

Pour l’année 2024, ce sera facile de tenir mes bonnes résolutions : je les ai déjà entamées depuis quelques jours, avec l’écriture d’un nouveau roman. Ce sera le cinquième de ma série policière historique, « Capitaine Dargent », dont deux premiers épisodes ont paru jusqu’ici aux Éditions du 81.

On reste dans la période napoléonienne : après Du sang sur les dunes qui se déroulait du camp de Boulogne à la bataille d’Austerlitz en 1805, après Mort d’une Merveilleuse, situé sous le Directoire fin 1797, juste après la première campagne d’Italie, on est cette fois à l’été 1800, dans un petit patelin appelé Marengo… Je n’en dis pas plus, comme d’habitude il s’agit d’intrigues obscures et de meurtres mystérieux, en marge de la grande Histoire mais tout de même étroitement mêlés à celle-ci.

Et puis ce sera aussi l’occasion de revisiter ce chapitre haut en couleur de notre roman national. Le chapitre est riche à bien des plans, et truffé de questions non résolues. Exactement ce qu’il faut pour stimuler l’imagination.

Des podcasts et des romans

Logo de l'émission Ken And Robin Talk About Stuff

Comment trouver des idées de roman ? Eh bien par exemple, en écoutant des podcasts !

J’ai raconté ailleurs comment c’est en écoutant un balado rationaliste (hélas plus actif aujourd’hui) que je suis tombée sur l’histoire d’Hélène, mère de Constantin, qui était partie pour Jérusalem à un âge plus qu’avancé pour l’époque et avait découvert de précieuses reliques : « une Indiana Jane du IVe siècle », selon l’expression du narrateur. De quoi frapper l’imagination ! Je ne crois pas aux miracles, mais l’idée de suivre cette extraordinaire vieille dame sur les routes romaines a été le germe qui a donné naissance à un gros roman, Augusta Helena (publié aux Éditions du 81).

Couverture du premier volume du roman Augusta Helena

Et puis, un peu plus tard, un autre podcast est devenu le catalyseur d’un nouveau projet : Ken And Robin Talk About Stuff, l’émission de deux créateurs de jeux de rôles, Ken Hite et Robin D. Laws, qui partent des jeux eux-mêmes et explorent toute sorte de sujets : histoire, écriture, cinéma, science-fiction, questions militaires… Tout cela avec plus qu’un brin d’humour.

L’un des sujets récurrents sur ce balado concerne l’écriture d’histoires policières : comment par exemple on peut imaginer une série télévisée ou des romans autour d’un personnage récurrent (ou « personnage iconique » pour utiliser la terminologie introduite par Robin D. Laws pour ce genre de personnage qui restent les mêmes d’une aventure à l’autre, à la façon de Sherlock Holmes ou de Miss Marple). Plus amusant encore, et stimulant pour l’imagination, l’une des émissions détaillait des idées de séries policières centrées sur divers personnages tirés de l’histoire, de la littérature ou même de la mythologie. Après tout, on a déjà créé des romans ou séries avec pour détective Aristote, Sigmund Freud ou Magritte… Pourquoi pas Wendy Darling (de Peter Pan) ou le héros Achille ?

J’avais justement terminé un roman sur la Révolution française mais je ne me sentais pas encore de passer à autre chose : les personnages restaient avec moi, me suggérant de nouvelles aventures, de nouveaux épisodes…

Couverture du roman Du sang sur les dunes

Qu’à cela ne tienne ! L’un de ces personnages, secondaire jusque-là, insistait pour s’affranchir et devenir à son tour le héros d’une histoire : Antoine Dargent, que j’avais laissé avec l’esquisse d’une carrière dans la Grande Armée. Mais il y avait assez de blancs dans sa biographie, et assez de facettes à sa personnalité, pour rendre tout à fait faisable de l’envoyer sur une nouvelle trajectoire.

Le résultat, bien sûr, ce fut Du sang sur les dunes, puis Mort d’une Merveilleuse, ma série de romans noirs historiques publiée aux éditions du 81. J’en ai depuis écrit deux autres, et un cinquième est en cours. Pas mal, pour quelques heures à musarder en écoutant des podcasts.

Mort d’une Merveilleuse : portraits des personnages

Et vous, comment imaginez-vous les personnages d’un roman ? Certains auteurs s’inspirent d’acteurs pour visualiser leurs protagonistes, par exemple. Mais pour écrire Mort d’une Merveilleuse et Du sang sur les dunes, ma série policière historique, j’avais plutôt en tête des tableaux contemporains, ou quasi contemporains.

Ainsi, Manon, la « Merveilleuse » du titre, pourrait avoir été le modèle du Portrait d’Isabelle Porcel, de Goya (vers 1805).

Quant à mon héros récurrent, le capitaine Antoine Dargent, je l’ai trouvé dans ce portrait du peintre Antoine-Jean Gros (l’auteur notamment de Bonaparte au pont d’Arcole) par son collègue François Gérard (1790). Ici en civil, bien sûr.

Et puis il y a son ami (lui aussi personnage récurrent) Silvère Mareuil, qui a déjà en quelque sorte son portrait avec cette étude de Géricault pour le Radeau de la Méduse (1818). L’homme représenté s’appelle en réalité Joseph, né à Saint-Domingue vers 1793, et était un modèle noir plusieurs fois utilisé par des peintres français.

Enfin, vous ne trouvez pas que cette toile d’Angelica Kauffmann (Autoportrait, 1787) serait parfaite pour Mlle Desvignes ? Autre personnage qu’on retrouve d’un roman à l’autre, et qui est l’un de mes préférés !

Retrouvez-moi sur Post et autres réseaux

(Mise à jour du 20/04/2024 : Hélas, c’est fini pour Post, l’entreprise a mis la clef sous la porte. Dommage, c’était sympathique.)

Depuis que j’ai quitté Twitter (sans regrets), je passe plus de temps sur d’autres réseaux sociaux. Je maintiens ainsi une présence sur Facebook, LinkedIn et Instagram, par nécessité, mais ce sont Post et Notes qui occupent désormais le plus de temps pour moi, aussi bien pour découvrir des infos et des voix intéressantes que pour poster à mon sujet.

(Mise à jour du 23/12/2023 : j’ai moins d’intérêt pour Notes aujourd’hui, à cause de ce qu’on peut appeler le « problème Nazi«  de Substack. Je vais certainement limiter mon activité sur cette plateforme à l’avenir.)

En-tête de l'écran d'accueil de Post.news, avec le titre "Post" et les onglets "Following", "News" et "Explore"

J’aime bien le format original de Post.news et son ouverture sur le monde. Mais il faut avouer que l’interface n’est pas encore finalisée. En particulier, il n’y a pas encore d’appli pour Android. Ça limite un peu les possibilités, même si par ailleurs le design est élégant et la richesse de sources impressionnante. On trouve désormais notamment sur ce réseau de grands médias et agences de presse du monde entier.

Hélas, encore peu de francophones… Même si ça tend lentement à s’améliorer.

On peut faire le même reproche à Notes, l’appli liée à la plateforme Substack. Celle-ci a pourtant une longueur d’avance question ergonomie, et il devient vraiment pratique et agréable de lire et discuter sur l’application.

Surtout, c’est la diversité des points de vue liée à une diversité d’expertise qui rend déjà Notes indispensable. Histoire, géopolitique, médecine, génétique, technologie, économie, mais aussi édition, cinéma, politiques publiques, droit, photographie… Les auteurs sur Notes sont aussi variés que sur Substack, et cela donne un étrange sentiment de se retrouver aux débuts de Twitter, pour ceux qui l’ont connu avant grosso modo 2015, quand le rapport signal/bruit était largement favorable au premier.

C’est évidemment pour l’essentiel en anglais, même si Substack a commencé récemment à traduire son interface, et si on peut découvrir ici et là des publications dans d’autres langues.

J’ai déjà moi-même lancé mon Substack en français, et j’espère qu’il y aura bientôt beaucoup d’autres curieux et curieuses pour rejoindre le mouvement.