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Mes outils d’écriture : (18) faire passer dans la fiction les détails incroyables mais vrais du monde réel

Il y a parfois, dans l’écriture d’un roman ou d’une autre forme de fiction, un moment où le sujet choisi, ou l’époque où se situe l’histoire, vous oblige à réfléchir à la façon d’introduire des faits qui peuvent sembler incroyables à des gens qui ne seraient pas familiers avec le domaine en question. Bref, comment éviter que l’incrédulité sorte brutalement vos lecteurs et lectrices du texte.

Je vais prendre un exemple dans le roman que j’écris en ce moment, un épisode de la série commencée avec Du sang sur les dunes : cela se passe en Angleterre en 1802, lors d’un bref intermède de paix dans les guerres napoléoniennes, et j’ai découvert au détour de ma documentation que lors des élections de cette année-là, les meetings du parti Whig, les Libéraux, avaient parfois été émaillés de discours révolutionnaires au sens de la Révolution française, avec revendication de « souveraineté du peuple », et que dans certaines villes des Midlands, on avait même chanté la Marseillaise et le Ça ira !

Cela a l’air absurde, en large partie parce que l’Angleterre a gagné la guerre en Europe, et les Conservateurs en Angleterre. On retient la détermination anglaise à combattre la Révolution et Napoléon, on oublie les débats internes qui avaient agité la monarchie anglaise à l’époque. On oublie la repression des mouvements populaires et intellectuels qui auraient pu remettre en cause le statu quo : suffrage censitaire, exclusion des non-anglicans de la vie publique, concentration de la richesse dans les mains de ce qu’on appellerait aujourd’hui le « 1% »… Et c’est sans même parler du mouvement pour l’abolition de l’esclavage, des aspirations des femmes à ne pas être traitées en mineures à vie, ou des tentatives d’indépendance irlandaise.

Mais dans un roman, donner de longues explications sociologiques et politiques n’est pas une option, ou du moins pas dans un roman contemporain. On n’est plus au temps où Hugo et Balzac pouvaient se muer en conférencier pendant quelques pages (ou chapitres…), et vous brosser un tableau détaillé des égouts de Paris ou du fonctionnement d’une imprimerie.

Mais ce qu’on peut faire, c’est mettre en scène les éléments incroyables, pour faire découvrir les choses au public en même temps qu’aux personnages. Voir, c’est croire, et donc donner à voir permet de rendre plus crédible.

On peut raffiner encore : mettre dans la bouche d’un personnage qui est censé s’y connaître les affirmations les plus extraordinaires, en reconnaissant qu’il y a quelque chose de surprenant dans l’affaire. Par exemple dans mon cas, il y a une discussion entre un visiteur français stupéfait et un agent électoral Whig qui prend ça avec la nonchalance qui vient de l’habitude. (Les habitués de TVTropes auront reconnu la technique de l’abat-jour.)

Je me répète, mais c’est vrai : le monde de fantasy ou de science-fiction le plus étrange, c’est le monde réel.

Comment écrire un roman avec Internet (mais sans chatbots, merci)

A black and white cat peeking out of a side hole in a white plastic tunnel, with the words: "The internet is a series of tubes. And those tubes are full of cats."

Quand j’ai commencé en 2017 à rédiger mon second roman, Augusta Helena, c’était au départ une idée suggérée par un podcast de la sphère sceptique et rationaliste, où j’ai passé pas mal de temps des années 2005 à 2015 environ. Oui, c’est en écoutant un podcast de l’époque, Reasonable Doubt, que j’ai entendu parler du voyage à Jérusalem d’Hélène, mère de l’empereur Constantin et future Sainte Hélène pour les églises d’Orient et d’Occident. Elle avait alors près de 80 ans, ce qui est beaucoup, surtout dans les années 300 de notre ère, et même si l’historiographie a surtout retenu le récit de la « découverte » de la Vraie Croix (et le coup d’envoi lancé aux pèlerinages), il m’a tout de suite paru évident qu’un tel voyage de la mère du souverain ne pouvait qu’être politique.

Et si je tentais de raconter les aventures de cette « Indiana Jane du IVe siècle » (expression entendu dans le podcast) de façon à coller à la fois à la fois à l’histoire et à la légende ? Comment concilier ce que nous savons réellement sur son itinéraire et son séjour en Orient et la légende qui s’est greffée ensuite dessus ? Un exemple : dans la correspondance de Constantin, il est clair que c’est l’évêque de Jérusalem qui a présenté la Croix à l’empereur, mais les récits chrétiens ultérieurs attribuent la découverte de la relique à Hélène. Comment concilier ces deux points de vue ?

Je me flatte d’y être plutôt bien parvenue. Vous devriez bientôt pouvoir en juger. Les premier tome est en librairie, et le second devrait paraître le mois qui vient.

Autre exemple d’inspiration venue d’internet : Tous les accidents, le roman historique que j’ai écrit ensuite (pas de publication prévue pour celui-là, hélas), est né de la lecture d’un des « Le saviez-vous ? » quotidien de Wikipédia, la mention d’une héroïne des guerres de la Révolution, Marie-Angélique Duchemin, épouse Brûlon, qui a commencé par suivre son mari soldat comme vivandière puis, à sa mort, prit un habit d’homme pour se battre elle aussi. Elle a notamment servi en Corse en 1794 sous les ordres d’un certain Napoléon Bonaparte. L’aventure n’a pas duré longtemps, car elle a été blessée et découverte à cette occasion, mais Marie-Angélique a vécu assez longtemps pour être décorée de la Légion d’Honneur par Napoléon III. Un destin extraordinaire, qui m’a suggéré de raconter moi aussi une histoire de femme en guerre, et des bouleversements en tout genre apportés par la Révolution.

Enfin, la série de romans noirs historiques dans laquelle je me suis lancée en 2020, les aventures du capitaine Dargent, doit beaucoup à un autre podcast, Ken And Robin Talk About Stuff (KARTAS). Les hôtes sont tous deux concepteurs de jeux de rôles, mais leurs émissions hebdomadaires couvrent une variété considérable de sujets, en particulier l’art d’écrire de la fiction. Et c’est là que j’ai entendu parler du concept de héros iconique, selon le terme proposé par Robin D. Laws dans son livre Beating the Story. Un héros, ou personnage, iconique, est un personnage qui peut enchaîner les aventures sans changer lui-même ou elle-même. Au contraire, c’est le personnage iconique qui change le monde, typiquement en redressant les torts. Ce sont des héros et héroïnes détectives, justiciers, défenseurs des faibles. Ils vont de la délicate Miss Marple à l’invulnerable Superman, du cérébral Hercule Poirot à l’impétueuse Wonder Woman.

Concevoir un personnage qui pourrait jouer ce rôle de détective, avec des caractéristiques qui ne changeraient pas alors que le cadre et l’intrigue des romans pourraient varier de façon considérable : voilà un défi stimulant ! Et je me suis rendu compte que j’avais le candidat idéal sous la main : l’un des personnages de Tous les accidents, roman déjà évoqué, un certain Antoine Dargent, dont j’avais esquissé la biographie sans y passer autant de temps que pour ma protagoniste. Lui avait connu des aventures diverses, et même des changements de statut social importants, mais sans bouleversement de son monde intérieur, contrairement à l’héroïne du roman. Bref, une stabilité intérieure dans un monde en mutations, ce qui était prometteur.

Je me suis mise à rédiger un premier roman, qui sera finalement publié en 2021 sous le titre Du sang sur les dunes. Depuis, j’en ai rédigé deux autres, qui devraient trouver un jour ou l’autre le chemin des librairies, si les problèmes de prix de l’énergie, du papier et d’à peu près tout se calment un peu…

Bien entendu, dès que j’ai des informations sûres, je vous en ferai part ici, sur Internet. On y revient toujours.

L’Histoire au coin de la rue

Dans le 6e arrondissement de Paris, la rue Joseph Bara débouche dans la rue d’Assas. Un rapprochement qui donne à penser, pour peu qu’on connaisse l’histoire.

Assas, d’abord. Il s’agit du chevalier Louis d’Assas, capitaine au régiment d’Auvergne sous le règne de Louis XV, et noble comme c’était la règle à l’époque. On lui attribue une action d’éclat : envoyé en reconnaissance dans un bois à la veille de la bataille de Clostercamp, durant la Guerre de Sept Ans, il est surpris par l’ennemi et préfère donner l’alarme et mourir plutôt que de se laisser faire prisonnier. L’armée française fut ce jour-là victorieuse, et on recueillit la mémoire du dévouement du jeune d’Assas, érigé en exemple héroïque. Et tant pis si d’autres récits contemporains attribuent ce beau geste à un simple sergent qui accompagnait Louis d’Assas.

Puis le temps passe, et la Révolution vient bouleverser les vieilles règles, à l’armée comme dans le reste du pays. Fini la restriction à la noblesse des postes d’officiers, place à la glorification des soldats du peuple ! Les nouveaux héros ont le visage de Joseph Bara, un garçon de 14 ans, engagé volontaire, et tué en 1793 lors d’une escarmouche contre les Vendéens. Sa jeunesse semble alors gage de sincérité et d’enthousiasme, et ajoute au pathétique de sa mort. À vrai dire, on ne sait pas bien dans quelles circonstances elle est intervenue, ni quelles étaient les fonctions de ce garçon à l’armée. Il arrivait souvent à l’époque de voir des enfants être employés comme tambours, ou pour diverses tâches auxiliaires, comme s’occuper des chevaux. La légende fait du jeune Joseph Bara un hussard, mais les registres de l’armée le connaissent comme « charretier d’artillerie ». Ce qui exposait aussi au feu de l’ennemi.

Mais la mémoire, pour l’un comme pour l’autre, n’a que faire de la précision historique. C’est une question de symboles, de repères pour une civilisation en pleines convulsions et qui cherche à assurer son passé puisque l’avenir est incertain. Il faut lire Quatrevingt-treize, de Victor Hugo : tout est là.

Dans l’un des derniers chapitres, quand le vieux vicomte de Lantenac, chef de chouans, confronte son petit-neveu républicain, il lui assène sa conviction que sans la noblesse, plus de chevaleresque, donc plus d’héroïsme ni de dévouement. « Allez donc aujourd’hui me trouver un d’Assas ! »

Ironie des choses, c’était à peu près au même moment que l’imaginaire républicain allait porter au pinacle le nom de Joseph Bara et de quelques autres, comme le petit Viala (là aussi, un épisode plus ou moins embelli par la légende). Et nous parlons encore avec émotion des « soldats de l’An II », issus du peuple et défendant ce peuple contre les forces coalisées des monarques d’Europe.

La guerre des mémoires autour de l’Ancien Régime et de la Révolution a traversé tout le XIXe siècle et laissé des traces sur les murs de nos villes. J’ai déjà parlé de la rue du Chevalier de la Barre, en l’honneur de ce jeune homme exécuté pour blasphème et dont Voltaire a défendu la mémoire : comme par un fait exprès, elle longe le Sacre-Cœur de Montmartre, symbole de la tentative de reconquête spirituelle et politique de l’Église face à la IIIe République. Un symbole peut en combattre un autre.

Mort d’une Merveilleuse : en précommande à la Fnac et ailleurs. À vous de jouer !

Irène Delse, Mort d’une Merveilleuse, à paraître aux éditions du 81 le 02/12/2022

Allez, cette fois, on essaye pour de bon ! Mon roman Mort d’une Merveilleuse est bien affiché sur les sites de la Fnac, Decitre, Amazon, Cultura, Furet du Nord, Gibert, dans des libraires indépendantes comme Ici Grands Boulevards… Et chez LesLibraires.fr plus généralement.

Cela commence à prendre tournure. Date de parution, visuel de couverture, résumé de l’intrigue… Tout y est. Je croise les doigts.

De quoi s’agit-il ? Pour citer la 4e de couverture :

« À l’hiver 1797, alors que la paix a mis fin à l’aventure de la campagne d’Italie, le capitaine Antoine Dargent a l’intention de profiter d’un congé à Paris bien mérité, quand il trébuche littéralement sur le cadavre d’une mystérieuse jeune femme. Tâchant d’en savoir plus sur l’inconnue, il découvre peu à peu un nœud d’intrigues royalistes dont les racines plongent des années en arrière, pendant la captivité de la famille royale au Temple. Il révèle ainsi au grand jour un secret inavouable, capable d’éclabousser les autorités de la République aussi bien que le prétendant Louis XVIII dans son exil. Mais avant de faire éclater la vérité, Antoine devra d’abord réussir à rester en vie, car l’assassin au poignard rôde toujours, anonyme dans la foule élégante de la Capitale, et il n’hésitera pas. Après Du sang sur les dunes, le Capitaine Dargent continue de déceler les mystères militaires et politiques de son pays, en plein cœur de Paris. »

Un bon roman noir historique, en somme. Si vous voulez en savoir plus, vous savez ce qui vous reste à faire, lectrices, lecteurs… En sachant que les précommandes sont un moyen efficace de soutenir un petit éditeur comme celui-ci, et lui permettre de continuer à publier d’autres aventures d’Antoine Dargent et ses amis.

Mort d’une Merveilleuse : mon prochain roman à paraître en novembre (mis à jour)

Couverture du roman Mort d'une Merveilleuse : peinture représentant une femme brune dans une robe blanche légère et un châle brodé, sur fond de colonnes de marbre.
Mort d’une Merveilleuse, par Irène Delse, Éditions du 81

Désolée pour ce retard : mon prochain roman, Mort d’une Merveilleuse, paraitra finalement le 18 novembre (NB : date modifiée par l’éditeur). Il est en précommande à la Fnac, chez Decitre, Amazon, Cultura, Furet du Nord, Gibert, dans des libraires indépendantes comme Ici Grands Boulevards… Et chez LesLibraires.fr plus généralement !

C’est toujours un roman noir historique, cette fois sous le Directoire. Pour citer la 4e de couverture :

« À l’hiver 1797, le capitaine Antoine Dargent rentre à Paris après la campagne d’Italie, mais, à peine arrivé, il trébuche littéralement sur le cadavre d’une mystérieuse jeune femme. Son enquête le mène dans un noeud d’intrigues qui pourraient compromettre le prétendant au trône de France Louis XVIII, alors en exil. Toutefois, avant de faire éclater la vérité, il doit rester en vie car l’assassin rôde toujours. »

Quant au tome 2 (et dernier, ouf) d’Augusta Helena , ce sera aussi pour le mois de novembre. Encore un petit moment à patienter.

Au rayon lectures d’été, demandez mes romans noirs historiques

Couverture du roman Du sang sur les dunes : petits bateaux à voile anciens sur une mer grise et houleuse, près d'une jetée.

Juillet est là, et pour deux mois environ, la France met la pédale douce, même ceux qui ne partent pas en vacances cherchent un peu d’évasion. Les lectures dépaysantes sont là pour ça ! Je me permets donc de signaler mes romans noirs historiques, à commencer par Du sang sur les dunes, paru l’an dernier aux Éditions du 81. D’après la 4e de couverture :

« À l’été 1805, le capitaine Antoine Dargent enquête sur la mort mystérieuse d’un ingénieur à Calais, en marge de l’immense armée réunie par Napoléon pour attaquer l’Angleterre. Quand il réalise que les plans de l’ingénieur concernaient un nouveau type d’arme capable de briser la supériorité maritime des Britanniques, il doit rapidement reconstituer les papiers manquants avant d’être lui-même victime d’agents anglais prêts à tout pour tuer dans l’œuf une telle invention… »

Couverture du roman Augusta Helena : une femme portant une couronne et des bijoux de style byzantin, qui tient une grande croix de bois.

Et puis il y a Augusta Helena, mon incursion dans le monde étrange de l’Antiquité tardive, dont le tome 1 est paru en janvier de cette année :

« An 326. L’empereur Constantin vient d’unifier l’Empire après des décennies de guerre civile. Converti, il favorise peu à peu l’Église tout en ménageant l’aristocratie romaine, attachée aux anciens cultes païens. L’aristocrate Lucius Aurelius enquête discrètement sur la disparition récente du populaire prince Crispus, fils aîné de Constantin. Pendant ce temps, la vieille mère de l’empereur, l’impératrice Hélène, reçoit les plaintes de deux religieuses à propos de disparitions inexpliquées dans un couvent possédé par le Malin. Mais c’est la découverte des reliques de la Croix du Christ à Jérusalem qui préoccupe encore plus l’Empire. C’est ainsi qu’Hélène, Lucius et l’évêque Ossius partent ensemble, sous les ordres de Constantin, en direction de l’Orient pour élucider ces mystères. Le cortège impérial devra lutter contre des espions perses, des bandits, des faussaires, des accusations d’hérésie, et même une épidémie de peste dans un roman magnifique où le suspense est à son comble. »

(Nota Bene : la suite est à paraître en septembre. Ce découpage en deux tomes, un peu inhabituel, a été imposé par la taille du manuscrit et le coût prohibitif du papier, en lien avec tous les chocs mondiaux depuis 2020.)

Couverture de Mort d'une Merveilleuse : une femme brune en longue robe blanche flottante et châle brodé, entre des colonnes de marbre.

Enfin, si vous attendez jusqu’au mois d’août, vous pourrez découvrir mon prochain roman : Mort d’une Merveilleuse ! Comme le suggère le titre, on est cette fois sous le Directoire. Bonaparte vient de rentrer d’Italie en pleine gloire, la Révolution tente de se pérenniser en s’embourgeoisant, les royalistes complotent de plus belle, des femmes audacieuses libèrent leurs corps et leur mode de vie en imitant ce qu’on imagine être le costume antique… L’une de de ces Merveilleuses, comme on disait ironiquement, est assassinée dans l’immeuble où Antoine Dargent séjourne pour un congé à Paris bien gagné, et c’en est fini pour lui du calme et de la tranquillité : il va falloir tirer ça au clair !

Pour savoir la suite, rendez-vous le 19 août dans votre librairie, physique ou en ligne, favorite.

Corrections, mon amour

Photo d'un moulin à vent ancien à côté d'un étang
Moulin De 1100 Roe, Amsterdam. Crédit : Aloxe CC-BY-SA 3.0

En écriture, s’entend ! Eh oui, je suis en train de terminer la mise au point d’un nouveau manuscrit, et le stade des corrections et révisions n’est pas le plus facile. C’est fou le nombre de bêtises et de coquilles qu’on découvre quand on commence à se relire…

De quoi s’agit-il cette fois ? Un nouveau roman policier historique dans la série commencée l’an dernier avec Du sang sur les dunes, mais qui se déroule un peu plus tôt, sous la Révolution. Pendant la campagne de Hollande, très précisément. Un épisode peu connu chez nous, même si cela a conduit à ce qu’il faut bien appeler un protectorat français sur les Pays-Bas, de 1795 à 1814. Ce que les Néerlandais appellent « la période française », ou « franco-batave ».

Un moment intéressant, dans un pays qui l’est tout autant. Et que je connaissais moi-même fort mal, je m’en suis rendue compte en cours d’écriture. Ni le gouvernement ni la société des Provinces-Unies, comme on disait à l’époque, ne ressemblaient à la France d’ancien régime, par exemple, même s’il existait une noblesse locale. Les lignes de fractures ne se situaient pas au même endroit. Il suffit de lire les récits de voyageurs français du XVIIIe siècle, qui s’étonnent que les riches bourgeois hollandais ne cherchent pas à faire oublier qu’ils sont roturiers, comme c’était le cas en France ou en Angleterre. Et puis il y a le paysage religieux, riche en sectes et églises en tout genre… Mais la tolérance néerlandaise tant vantée avait aussi des limites, et logiquement, ce sont les catholiques les plus suspects.

Ce sont justement ces récits d’époque qui m’ont le plus servi dans l’écriture de ce roman. Je peux citer Le Voyageur françois, anthologie réunie par un certain abbé de la Porte dans les années 1770. Plus de trente volumes disponibles sur Gallica… La Hollande figure dans les tomes 19 et 20. Et puis il y a des détails grappillés chez les mémorialistes, du prince de Ligne au général Thiébault. Une mine de données, dont beaucoup sont en ligne, en particulier des articles universitaires sur les « révolutions » de 1787 et 1795. Et il y a bien sûr les données visuelles, de Google Earth aux collections de cartes et gravures d’époque. Il y a ainsi une carte d’Amsterdam du XVIIIe siècle où figure chaque maison Et ce n’est pas une hyperbole.

Bref, il a fallu aller au charbon. Je ne me plains pas, j’ai découvert un pan de notre histoire tout à fait passionnant. Et j’espère que le roman qui en résulte tiendra la route. Mais je pense que pour celui d’après, je reviendrai à un cadre plus familier !

En attendant, je rappelle que le 20 août paraîtra le tome 2 de ma série policière, Mort d’une Merveilleuse, aux Éditions du 81. Après l’Empire, le Directoire, et une histoire sombre, très sombre. Je n’en dis pas plus pour l’instant.

Spécial Halloween : « Une leçon de Terreur », nouvelle par Irène Delse (gratuit)

Début du texte du roman : "Un homme courait dans la nuit, ombre indistincte au milieu des dunes..."
Mon roman Du sang sur les dunes, aux éditions du 81. Restons dans le sombre…

C’est une courte nouvelle que j’ai écrite l’an dernier pour un spécial Halloween de Rocambole, l’appli de lecture, mais dont j’avais conservé les droits. La voici donc ici en entier, histoire de bien préparer la fête des frissons et des maléfices, la semaine prochaine. Je préviens tout de suite : même s’il n’y a pas de descriptions graphiques, la fin est sombre, très sombre. Je n’en dis pas plus : ce sera assez rapidement évident d’après le texte lui-même.

Une dernière chose : est-ce qu’Antoine Dargent, dans cette nouvelle, est le même que le personnage principal de Du sang sur les dunes ? Peut-être. Ou peut-être est-ce un de ses cauchemars…

* * *

Une leçon de Terreur

Par Irène Delse

Ille-et-Vilaine, automne 1793

Petit-Pierre n’avait jamais vu un homme sortir de terre comme une taupe, tout couvert de mousse et de feuilles pourries, et fusiller à bout portant un soldat sans rien dire, pas même : « Vive le Roi ! », avant de disparaître à nouveau. Les Bleus effrayés s’étaient mis à jurer et à battre les buissons à coup de piques et de plat de sabre, sans rien trouver. Ils n’avaient pas vu non plus Petit-Pierre et sa sœur, cachés dans l’arbre creux par leur mère à l’approche des soldats.

Cela faisait déjà un bon moment. Les enfants avaient faim et soif, mais rien n’aurait pu les faire bouger. Quand leur mère reviendrait, elle leur ferait signe en imitant le chant de la fauvette, c’est ce qu’elle avait dit. Petit-Pierre gardait sa sœur serrée contre lui, et guettait, par un trou de l’écorce, tout ce qui approchait.

Il aurait bien aimé avoir un fusil, lui aussi, et tuer les Bleus. Mais il était trop petit.

* * *

Le peloton avait hésité à s’avancer dans le hallier touffu, noyé d’une pénombre de demi-jour. Le lieutenant Gérard, des Volontaires de la Marne, n’avait jamais vu pareil pays, tout en forêts hantées d’une vie farouche, où chaque bosquet, chaque arbre creux, pouvait abriter les bandits chouans. Le sol même était percé de grottes, chemins souterrains, caches de contrebandiers où les mots d’ordre royalistes se propageaient comme une mauvaise fièvre.

Un coup de feu, soudain. Il accourut, prêt à tout, et dut s’efforcer d’empêcher ses hommes de gaspiller leurs cartouches sur les buissons. Le brigand avait déjà déguerpi.

— Ils ont eu Lahure, citoyen lieutenant !

— Merde. Fais-le porter au village le plus proche. Et vous autres, formez-vous par escouades pour fouiller le bois. Trouvez l’entrée du souterrain, je vous promets qu’on les enfumera comme des putois !

* * *

Dans sa masure, un peu à l’écart du village, Gabrielle terminait ses préparatifs. Quand la vermine bleue arriverait, ils fouilleraient tout, comme à leur habitude, et ils trouveraient le tonneau de vin dans la resserre. C’était son homme qui l’avait ramené, l’an dernier, avant qu’il se fasse prendre et guillotiner. Le pauvre Jacquot avait bien fait un peu de contrebande, mais c’est surtout le message qu’on avait trouvé sur lui qui avait été fatal : une lettre d’un agent des Princes aux chefs de l’Armée catholique et royale…

Elle tendit l’oreille. Les envahisseurs étaient arrivés aux premières maisons du village. Ils avaient dû être bien dépités de ne trouver personne ! Mais il était plus que temps pour elle de partir et récupérer les enfants. Elle s’essuya minutieusement les mains et sortit dans la cour.

* * *

De l’intérieur de l’arbre où il était caché, Petit-Pierre vit soudain approcher d’autres soldats, pas en vestes bleues, ceux-là, mais tout en noir, avec des têtes de mort sur leurs chapeaux en tuyau de poêle. Cette fois, il trembla vraiment, songeant à ce que les vieux disaient à mi-mot, à la veillée, sur le terrible Ankou à face de squelette, et ce qui arrivait aux enfants qui ne se signaient pas au passage de sa charrette…

Petit-Pierre se signa en hâte. C’est le moment que choisit sa petite sœur pour commencer à pleurer.

* * *

Les hussards de la mort passèrent sans s’arrêter, gardant le milieu du chemin creux, par habitude de prudence. Le hallier à gauche, une haie à droite ; le paysage ne révélait aucune présence humaine, mais le brigadier Antoine Dargent, qui commandait l’escouade, ne savait que trop bien à quoi s’en tenir. On aurait pu cacher là un régiment entier.

Ils étaient venus de Paris quelques mois plus tôt, après avoir combattu à Valmy et à Trèves. Cette guerre de buissons était bien différente des batailles rangées que les jeunes patriotes avaient imaginées en s’engageant. Prendre pour emblème la tête de mort des terribles hussards noirs de Brunswick avait été le genre de plaisanterie que l’on fait au moment de regarder en face les canons ennemis. Celui-ci était alors prussien, et c’était l’existence même de la République qui était en jeu.

Ici, un an plus tard, c’était peut-être son âme. Antoine en était venu à détester ces insignes morbides et tout ce qu’ils représentaient ; mais la République n’était pas riche, et il fallait faire avec les uniformes qu’ils avaient, comme avec la pénurie de poudre, de chevaux et même de pain. Les paysans haïssaient les réquisitions, mais le moyen de faire autrement ? Il fallait bien manger.

Apercevant quelques maisons, les hussards ralentirent l’allure. Mais ils virent aussitôt les habits bleus disséminés dans le hameau.

Un homme qui portait des galons de lieutenant s’avança vers eux :

— Citoyens, vous tombez bien ! On vient de nous tendre une embuscade dans ce petit bois. Je requiers votre assistance, au nom de la République, pour aider à fouiller les environs !

Antoine le considéra, mi-amusé, mi-agacé. Les règles étaient parfois un peu floues, dans l’armée révolutionnaire.

— Citoyen lieutenant, on nous attend à Vitré ce soir, sans faute. Je regrette…

À ce moment, des cris perçants, comme de femmes et d’enfants, s’élevèrent dans le village ; un coup de feu retentit ; et le lieutenant se retourna, alarmé, pour rejoindre ses hommes.

Antoine Dargent hésita un instant, partagé entre le devoir et la curiosité.

— Que fait-on, citoyen brigadier, demanda l’un des hussards ?

Il haussa les épaules.

— Pied à terre, citoyens, et prudence en entrant dans le village. Ce ne devrait être l’affaire que d’un moment.

* * *

C’est avec un soupir de soulagement que le lieutenant Gérard découvrit l’occasion du tumulte : une paysanne que ses hommes avaient arrêtée alors qu’elle tentait de gagner les bois. Têtue et maussade, elle marmonnait des patenôtres, la sotte royaliste.

— C’est bon, citoyenne, pas tant d’alarme, nous ne faisons pas la guerre aux femmes, nous autres !

Une des escouades qu’il avait envoyé fouiller le bois revint à ce moment. Le caporal lança en riant :

— Ni aux enfants ! Voyez ce que j’ai trouvé dans un arbre creux !

Il tenait dans ses bras deux petits qui sanglotaient, un garçon d’environ cinq ans et une fillette qui pouvait en avoir trois, qui tendirent les mains vers la prisonnière.

Attendri malgré lui, Gérard décréta :

— Allons, donne-lui ses mioches, citoyen Féraud ! Et toi, citoyenne, tiens-toi tranquille, il ne te sera fait aucun mal.

* * *

Gabrielle avait pris ses enfants dans ses bras avec désespoir, enfouissant son visage dans leurs tignasses blondes pour qu’on ne vît pas l’angoisse qui l’avait saisie. On la poussa dans un coin de la cour. Les soldats allaient et venaient, fouillaient les maisons. Bien sûr, ils cherchaient les gens, qui s’étaient enfuis à leur approche au son du tocsin, mais ils chercheraient aussi des vivres, comme à leur habitude. Et à ce moment…

Elle commença une prière silencieuse. Elle risquait d’en avoir besoin.

* * *

Le village semblait bel et bien abandonné. Antoine allait se décider à partir avec ses hussards quand l’un des Volontaires de Gérard découvrit ce qui mit toute la troupe en joie : un tonneau de vin plein à ras bords.

Bien entendu, il y eut quelqu’un pour vouloir y goûter tout de suite. Et un autre pour s’écrier, avec la méfiance née de mauvaises expériences :

— Citoyens, si c’était un piège ? Tout le village a décampé, et on nous laisse ce cadeau ? À d’autres !

— Donnons-en à cette fille, cria quelqu’un, si elle boit, c’est que le vin est bon. Sinon…

Gérard se rendit à ces raisons.

La paysanne ne fit guère de difficultés pour goûter une tasse de vin. Mais quand le lieutenant, qui n’était pas un méchant homme, voulut en donner aussi aux enfants affamés, elle se récria :

— Non ! Non, je vous en prie…

— Hé, citoyenne, qu’est-ce qui cloche ? Ne me dis pas que ces marmots n’ont pas besoin d’un peu de fortifiant. Ou bien le vin ne serait pas bon, peut-être ?

Elle ouvrit et ferma la bouche plusieurs fois, pâle comme un linge. Mais elle finit par secouer la tête, et prendre à nouveau la tasse.

* * *

Antoine Dargent soupira. Il ne croyait pas à un piège, mais il n’avait pas l’intention de laisser ses hommes s’enivrer si tôt. Puisque des brigands avaient été signalés dans le bois de tout à l’heure, prétexta-t-il, on allait y retourner, et fouiller un peu.

Les hussards obéirent d’assez mauvais gré. Antoine avait escompté repartir pour de bon, mais la chance voulut qu’ils interceptassent un homme qui tentait de s’esquiver à travers une haie. Vêtu comme un paysan, taché de terre et de feuilles mortes, il portait un fusil qui avait servi depuis peu, et des restes de poudre lui noircissaient les mains.

— Voilà le brigand du citoyen Gérard ! C’est bon, retour au village, camarades ! Et ligotez-moi ce malandrin.

La première chose qui les frappa, ce fut le silence. Une heure au plus avait passé. Les Volontaires seraient donc partis si vite ?

Puis ils virent le premier corps, étendu au milieu de la rue. Puis un autre, qui étreignait la margelle du puits, comme mu par une soif dévorante. Antoine commença à entrevoir ce qui avait dû se passer.

Un cadeau qu’on leur avait laissé, en vérité ! Un brouet de sorcière, concocté avec qui savait quelles plantes de ces bois obscurs, où une armée pouvait disparaître comme si la terre l’avait avalée… Et cette fanatique avait été prête à mourir pour les envoyer à la mort – pire, à y entraîner ses enfants !

Il courut à la maison fatale. Il trébucha sur un corps qui tressaillit et gémit, et tenta de l’étrangler : le citoyen lieutenant Gérard était coriace, le malheureux. Antoine se dégagea. Si cette damnée Chouanne vivait encore…

* * *

Gabrielle souffrait déjà le martyre. Puisse le Bon Dieu lui ôter ça de son Purgatoire… Elle aurait dû boire plus qu’une gorgée, elle serait déjà morte. C’était du feu dans ses entrailles, et surtout dans son âme. Les cris des deux petits… Dieu ! Si seulement un des Bleus était là, pour la transpercer de sa pique…

Une ombre s’approcha, sombre comme la mort.

— Ayez pitié, murmura-t-elle, achevez-moi, ou tuez mes enfants. Ne me laissez pas comme ça…

Antoine la contempla un moment, visage gris de douleur, qui tendait la main vers les deux petits corps agités de spasmes. Poings serrés, il hésita. Puis, délibérément, il l’abandonna à son sort.

FIN

Dernières réflexions avant publication

Couverture du roman "Du sang sur les dunes" : tableau de Turner "La jetée de Calais", petits bateaux approchant du port secoués par gros temps.
Qui est prêt pour embarquer ?

Cela se rapproche. Dans une semaine, le 20/08/2021, paraîtra mon premier roman policier, Du sang sur les dunes, aux éditions du 81. Je peux avouer que je suis sur les charbons ardents. Mais c’est bon aussi de prendre un moment pour réfléchir à ce que cela a représenté pour moi de l’écrire.

D’abord, c’était une expérience. Au printemps 2020, comme le premier confinement de terminait, je venais de terminer L’interprète, une novelette de science-fiction pour l’éditeur en ligne Rocambole, et je ressentais le besoin de me changer les idées. Je n’avais pas de plans : après deux romans historiques écrits d’affilée, mais qui n’avaient pas trouvé preneur dans l’édition, je le suis dit qu’il serait bon de changer d’optique. Après tout, d’après ce que j’avais pu voir en librairie, les romans historiques ne sont plus très en vogue, à moins de mettre en scène une ultra-célébrité comme Napoléon ou Marie-Antoinette. En revanche, s’il y a un type de bouquin dont la popularité ne se dément pas, c’est bien le roman policier. Et si je jouais sur les deux tableaux ? Cela me permettrait de reprendre certains éléments explorés mais pas épuisés pendant l’écriture du précédent roman…

Et c’est l’autre motivation qui m’a poussée à écrire : le désir de me replonger un peu dans l’univers de Tous les accidents, un roman où je suis les aventures d’un groupe de volontaires de la Révolution, et au-delà jusqu’à l’Empire et sa chute. Désir de retrouver les personnages, de fouiller un peu leurs relations… Déjà, après avoir terminé le roman fin 2019, j’avais commencé à noter des épisodes possibles, des portraits de l’un ou de l’autre, des bouts de dialogue, etc. Je ne savais pas ce que j’en ferais, mais un jour, qui sait ?

Puis il y a eu la lecture de Beating the Story, de Robin D. Laws, dont j’ai déjà dit beaucoup de bien ici, qui m’a fait découvrir le concept de héros iconique : le héros ou héroïne de fiction populaire qui ne change pas d’une aventure à l’autre, à la façon de Sherlock Holmes ou Miss Marple, mais qui réitère chaque fois son son ethos iconique, sa méthode et son style personnel, si on veut, pour combattre les forces du chaos.

Or, n’avais-je pas un héros iconique sous la main dans l’un des personnages secondaires de Tous les accidents ? Un certain Antoine Dargent, un des trois protagonistes des ce roman, faisait une figure idéale : peu d’attaches, pas mal de mystère, une carrière qui le conduit à voyager beaucoup et interagir avec des gens de tous milieux et origines… Restait à adapter cet aventurier, militaire au départ, à un récit policier. Rien de bien difficile, surtout si on imagine un meurtre parmi des militaires, auquel notre héros se trouverait tout naturellement mêlé.

Avec l’étrange année 2020, et une période de confinement sans possibilité de télétravail, j’ai eu l’opportunité de faire cette expérience. Le 1er juin, j’ai débuté la rédaction, après avoir consacré tout le mois de mai aux recherches sur le cadre historique, depuis la mode sous l’Empire jusqu’à la différence entre les tactiques navales de la France et de l’Angleterre. (Sans surprise, c’est cette dernière qui tenait le bon bout.) Tout cela pour fournir de la matière, de la couleur, bref de la vie au récit. Et cela s’est très bien passé. J’ai terminé le premier jet fin août, révisé et corrigé dans la foulée, et fait les envois aux éditeurs sans attendre. Battre le fer tant qu’il est chaud, tout ça.

La suite de l’histoire est simple. Quelques mois plus tard, courriel d’acceptation des éditions du 81 ! Oui, le bouquin allait voir le jour, et probablement toute la série que j’avais commencé à planifier, avec d’autres aventures pour notre héros iconique et donc récurrent. J’ai déjà terminé la rédaction d’un deuxième épisode (situé à Paris sous le Directoire) et je suis en plein dans la rédaction d’un troisième (cette fois à Amsterdam en 1795). On conviendra que je ne cherche pas à laisser refroidir l’ouvrage.

Pour qui est ce roman ? « Du sang sur les dunes » bientôt disponible

Temps houleux, propice à l’aventure…

(Mise à jour du 20/08/2021 : ça y est, l’objet est arrivé en librairies ! Champagne !)

(Mise à jour du 13/08/2021 : La publication est désormais prévue au 20/08/2021. On croise les doigts !)

(Mise à jour du 12/07/2021 : il y a eu un problème chez l’imprimeur, et je ne sais pas quand aura lieu la sortie du bouquin. Désolée. Je vous tiendrai au courant dès qu’il y a du nouveau.)

Oui, je parle de mon roman policier historique, à paraître début juillet aux éditions du 81. Et cela se précise. La page Amazon du bouquin offre maintenant la précommande (en se trompant bizarrement sur la date, ça ne fait pas très sérieux). Cultura se débrouille mieux, ainsi que Gibert. Et de toute façon, il devrait très bientôt être physiquement en librairies, ça ne devrait plus tarder à présent.

Mais au fait, à quel public est destiné ce livre ? Roman policier, c’est un domaine fort vaste, après tout.

En guise de réponse, une petite anecdote. Courant 2019, alors que j’étais en pleine rédaction de mon roman historique Tous les Accidents, je participais à un groupe d’écriture où chacun lisait et commentait les travaux des autres. L’une des participantes m’a un jour demandé : « Mais dans ce roman, tu t’intéresses à la reconstitution historique ou à la vie des personnages et à leurs relations ? » La réponse que j’ai faite alors, et que je pourrais redire à présent, était : « Aux deux ! »

J’aime bien les romans historiques pour la plongée qu’ils offrent dans un monde différent, aussi étranger que bien des univers de science-fiction. Et en même temps, c’est un univers qui ne nous est pas tout à fait étranger, puisque nous en sommes issus. Ici, on parle de la France de 1805, quand Napoléon était déjà empereur et entretenait encore le rêve d’envahir l’Angleterre. La Révolution avait accouché d’une étrange monarchie qui ne disait pas son nom, le progrès scientifique était illustré par des inventions telles que le télégraphe optique, la vaccination, la machine à vapeur et les ballons captifs. Mais on continuait de dépendre de la météo pour les récoltes, et la France utilisait sa puissance militaire pour s’enrichir aux dépends de ses voisins, que soient les vaincus ou des alliés (Italie, Espagne, Hollande) à qui on réclame de lourdes contributions. Un monde plein de contrastes, où bien des aventures individuelles sont possibles.

D’un autre côté, j’aime bien suivre le cheminement émotionnel des personnages, les relations qu’ils entretiennent entre eux. Mon héros détective ici n’est pas seul, mais entouré d’amis et anciens camarades, de parents et connaissances… On a toute une petite galaxie d’individus, hommes et femmes, avec chacun leur passé, leurs désirs, leurs objectifs dans la vie ou leurs craintes pour le passé. Des parents s’inquiètent pour la santé de leur enfant, une jeune femme pour celle de son fiancé ; des militaires noirs essayent d’échapper aux mesures discriminatoires de l’Empire ; des armateurs tentent l’aventure en finançant des bateaux corsaires ; une ancienne cantinière conseille les collègues plus jeunes d’après son expérience ; un officier tente de sonder le cœur d’un camarade dont il est épris…

Et bien plus, à découvrir dans le roman Du sang dans les dunes. Dans toutes les bonnes librairies, etc.

(Aussi publié sur mon Substack.)