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Acheter en librairie sur Internet

Logo du réseau Librairies indépendantes : un L majuscule stylisé évoquant un livre ouvert

Il n’a jamais été aussi facile d’acheter un livre. (Des livres papiers, s’entend. Pour les livrels, c’est encore plus facile puisqu’il n’y a pas d’objet matériel.) Mais peut-être est-ce l’abondance d’offre qui fait hésiter ? En plus des grandes chaînes comme la Fnac et Cultura, sans compter les enseignes régionales (Le Furet du Nord, Decitre, Fontaine…) ou encore les supermarchés, en plus du géant en ligne Amazon, il y a de nombreuses librairies physiques qui ont une vitrine sur Internet.

Comment ça marche ? Très simple : vous allez par exemple sur le site portail :

https://www.librairiesindependantes.com/

Là, vous cherchez le titre souhaité. Puis vous sélectionnez dans la liste des libraires qui le proposent celui qui vous convient. On peut retenir un livre dans une boutique près de chez soi ou bien se le faire envoyer. Plus qu’à régler, évidemment.

Un exemple ici avec mon dernier roman Coup de froid sur Amsterdam : on clique, on choisit une librairie, et le tour est joué !

Ce portail regroupe d’autres réseaux tels que :

* Place des Libraires

* Les Libraires

* La Librairie

Et c’est sans compter les enseignes qui ont leur propre site de vente en ligne, comme Mollat à Bordeaux, Ombres Blanches à Toulouse, Ici Grands Boulevards à Paris ou Le Pain de 4 Livres en Essonne, ou les groupes comme La Procure et Gibert.

Couverture du roman

Autant de chemins qui mènent au même but : un bouquin, bientôt dans vos mains.

Parmi tout ce dont une IA peut nous libérer, pourquoi choisir la création littéraire ?

Photo : sculpture représentant un personnage à cent bras

L’intelligence artificielle est un outil puissant, ce n’est pas moi qui le nierai. Regardez la recherche médicale : on vient de créer la première nouvelle classe d’antibiotiques depuis soixante ans grâce à un modèle de deep learning. Ou bien prenez le cas des parchemins d’Herculanum, qu’on a pu de cette façon commencer à déchiffrer sans les détruire. Bref le potentiel pour augmenter nos capacités est considérable. Et on peut déjà voir des applications moins pointues mais qui servent l’intérêt commun : aide au diagnostic pour les médecins, assistance clients à distance, outils pour les personnes en situation de handicap… Que dis-je : pour écrire ce texte, je suis en train d’utiliser l’outil d’IA du clavier Android, qui permet de glisser le doigt sur le clavier tactile du téléphone, l’algorithme devinant en temps réel quel mot je veux former.

Mais dans le même temps, on entend beaucoup parler de Chat-GPT, Bard et autres LLM (large language models), des IA conçues pour générer du texte simulant des articles de journaux voire des textes littéraires…

À qui cela peut-il servir ? Je vois bien le parti que peuvent en tirer des éditeurs ou producteurs qui mettent la quantité avant la qualité. Une source quasi intarissable de « contenu », pour reprendre le terme qui sert aujourd’hui. Amazon profite déjà du filon, même s’ils tentent de donner des gages aux critiques en limitant le nombre de nouveaux titres publiés chez eux par la même personne à… trois par jour. Oui, vous avez bien lu : jusqu’à trois romans par jour. Ridicule.

Certes, des auteurs qui ont déjà une audience, une propriété intellectuelle bien établie, peuvent y trouver leur compte : au lieu d’avoir à se débrouiller eux-mêmes pour continuer une série, ils ou elles peuvent simplement faire avaler leur œuvre à une IA et se contenter de relire les nouveaux textes produits pour y mettre la dernière touche avant de signer.

On peut aussi s’en servir pour faire « travailler » des auteurs déjà morts depuis longtemps. Pour l’instant, ça horrifie les fans, mais combien de temps avant qu’on s’habitue ? Il y a clairement une logique économique là-dedans : on produit du contenu sous un nom qui est à lui seul une valeur sûre, pour lequel il y a un public tout trouvé. Quel éditeur ne voudrait pas avoir un tel gisement à exploiter ?

Pour les auteurs qui ne sont pas des best-sellers, qui ne sont pas (encore) des valeurs sûres, l’avenir est moins radieux. C’est encore quelques opportunités de plus qui vont leur échapper, des ventes qui iront aux grands noms, ou même aux ayant-droits de grands défunts.

Plus insidieux, les opportunités d’écriture vont devenir de façon croissante non pas de la création mais de la correction ou adaptation de textes produits par une IA. On aura certes toujours besoin d’un humain dans la boucle pour resserrer les boulons : vérifier qu’il n’y a pas de violation de copyright accidentelle, changer quelques détails pour éviter des incohérences, vérifier quelques faits et dates… Peut-être améliorer le style ou ajouter quelques détails vivants, si on a de la chance. Mais pour l’essentiel, ce sera du travail sur un texte automatisé. Et on peut deviner aussi que cela fera travailler moins de gens qu’aujourd’hui. Il y a déjà très peu d’auteurs qui vivent de leur plume, cela risque d’être encore plus vrai demain.

Vous, je ne sais pas, mais la perspective ne m’enchante pas. J’écris pour créer mes propres univers, pas pour être le sous-traitant d’une machine à produire du vrai-faux roman, des resucées de tel ou tel auteur déjà exploité de toutes les façons possibles et imaginables.

C’est pourquoi je ne peux que saluer l’initiative de la plateforme Librinova : un label création humaine, pour garantir que les textes publiés chez eux sont bien l’œuvre de créateurs et non d’IA. Une « appellation d’origine » pour les livres, en somme.

Si on veut préserver la possibilité pour les auteurs à vivre de leur travail, il faut bien se donner les outils légaux pour ça, et tout d’abord un minimum de transparence. C’est l’un des résultats de la grève des scénaristes hollywoodiens l’an dernier. C’est aussi dans ce sens que va l’Union européenne, dont on espère qu’elle ne se perdra pas cette fois dans les limbes règlementaires.

Ce sera toujours mieux que la situation en Chine, où on peut très légalement présenter un texte produit par une IA à un concours littéraire, sans être obligé de rien dévoiler. Devinez le résultat… Faire gagner un prix à quelqu’un qui n’a rien écrit mais s’est contenté de faire travailler la machine.

Vous me direz, si cela pouvait contribuer à relativiser l’importance qu’on attribue à ces prix de toute façon très subjectifs… Un bien pour un mal, pour une fois.

Accros aux catastrophes, les ados? Ou juste réalistes?

Allons bon. Je fais le ménage dans la pile de brouillons du blogue (merci WordPress, au passage – I love you et toute cette sorte de choses), et je tombe sur une ébauche contenant seulement ce touitte:

Pourquoi je l’avais noté?

Zut, alors, je ne me souviens plus… Mais dans l’article, daté du 1er décembre, cela parle de l’édition jeunesse, dont le salon de Montreuil, millésime 2010, venait d’ouvrir ses portes.

On pourra suivre (ou pas) l’avis de la rédactrice, à propos du succès des romans d’anticipation dystopiques chez les jeunes lecteurs. Est-ce vraiment lié à un sentiment d’insécurité dans le monde réel? À l’angoisse de se réveiller un jour dans un contexte de catastrophe planétaire ou de régime totalitaire?

Ou bien cela reflète-t-il surtout leur intérêt pour le monde présent – avec son réchauffement climatique, sa « guerre contre le terrorisme » et son feuilleton Wikileaks inclus?

Voir Cory Doctorow et sa vision de la science-fiction actuelle comme une forme de « présentisme radical »…

Et au fait, est-ce que le succès de ces thèmes dans l’édition jeunesse est particulièrement remarquable? Par rapport aux succès d’édition grand public en général, je veux dire. Car la vogue des zombies et des fictions post-apocalyptiques n’a pas commencé chez les ados, que je sache.

En revanche, l’édition en général est en crise, chez nous comme outre-Atlantique, mais l’un des rares secteurs à plutôt bien s’en tirer est celui des livres pour ados et « jeunes adultes ».

Et à mon avis, c’est plutôt cela qui est remarquable.

Mais comment fait donc Paul Auster…

…pour publier un livre par an? Question saisie au fil de Twitter, via les réponses de @guybirenbaum à @Rubin:

D’accord, Auster ne fait que ça (écrire), mais il faut quand même pas mal d’inspiration. Logique?

Oui. Mais dans le cas de Paul Auster, il faut avouer qu’il y a aussi l’art et la manière d’allonger la sauce… Et de recycler d’anciens matériaux déjà utilisés (voire des brouillons à peine retouchés). Et c’est ainsi qu’on peut fournir à son éditeur, bon an mal an, de quoi maintenir à un niveau correct le flux de droits d’auteurs, soit l’équivalent pour les écrivains du cash flow.

À la question «comment il fait», on pourrait donc répondre: il fait son boulot.