De Napoléon à la Révolution, y a-t-il des romans historiques de droite et de gauche ?

Couverture du roman "Coup de froid sur Amsterdam" : tableau représentant des cavaliers au pied de vaisseaux pris dans la glace

Les passionnés de Napoléon ont la réputation d’être conservateurs, voire réacs. Il m’est déjà arrivé qu’on me demande (presque sérieusement) si j’étais d’extrême-droite, simplement parce que je m’intéressais à cette époque. Non, ce n’est pas une blague. Mais c’est un peu triste : c’est une logique identitaire, pas historique.

Peut-être que j’ai aggravé mon cas en publiant aussi un bouquin sur la mère de Constantin, le premier empereur romain chrétien, et une sainte elle-même… Comme si on ne pouvait écrire sur ces sujets que pour faire une hagiographie !

Je me demande ce que sera la réaction à mon prochain roman, Coup de froid sur Amsterdam, qui se passe sous la Révolution. Est-ce que cette plongée dans les années terribles de la Ie République, avec son si poétique calendrier révolutionnaire (germinal, floréal et tout ça), son tutoiement agressif et ses généraux issus du peuple, trouvera grâce aux yeux de ces mêmes critiques ?

Il y a certes pas mal d’intrigues politiques dans le récit, comme l’a noté sur Babelio l’ami Igor David, qui l’a lu en avant-première. Mais ce n’est pas non plus un péan à la gloire des Jacobins, même si mon protagoniste est lui-même sincèrement républicain.

Ce roman était pour moi l’occasion d’aborder certains aspects encore brûlants de la Révolution : les « colonnes infernales » en Vendée, la répression du clergé réfractaire, des nobles et des ennemis politiques en général, et aussi la lutte fratricide entre Girondins et Montagnards. Je ne cherche pas à passer sous silence ce genre de sujets, au contraire. Ce qui m’intéresse, c’est plutôt de mettre la plume dans la plaie.

Je l’avais déjà fait dans Mort d’une Merveilleuse, avec l’affaire de la mort du petit Louis XVII au Temple. Et mon héros, qui n’a pourtant pas de sympathie au départ pour la famille royale, loin de là, en est venu à la compassion pour un enfant innocent broyé par le jeu des luttes pour le pouvoir.

Mais, et c’est un « mais » important, je n’oublie pas les autres victimes, les anonymes, les gens ordinaires pris dans le même engrenage. On a tendance aujourd’hui soit à édulcorer la Révolution, soit à ne pleurer que sur quelques têtes d’affiche.

Or c’était une convulsion de toute la société française, et même assez vite de toute l’Europe.

C’est ce dernier aspect qui est au centre de Coup de froid sur Amsterdam : la France, après des hauts et des bas en 1792-93, était passée franchement à l’offensive. Ce n’étaient pas encore les victoires de Bonaparte en Italie, mais déjà la conquête de la rive gauche du Rhin, donc l’annexion de la Belgique et d’une partie de l’Allemagne et des Pays-Bas. En janvier 1795, l’armée du Nord entrait à Amsterdam sans tirer un coup de feu, grâce à l’aide des Patriotes hollandais, partisans de la démocratie (par opposition au parti aristocratique, celui du prince d’Orange). Comment allait se passer cette étrange alliance ? La France était clairement le partenaire dominant. Comme on le devine, la lune de miel n’allait pas durer éternellement.

Toutes ces questions ne se résument pas aux divisions préfabriquées de gauche et de droite. J’ai essayé de rendre honnêtement les enjeux qui étaient ceux de la France et des Pays-Bas à l’époque, des gens immergés dans leur histoire, avec ses joies et ses horreurs.

J’espère que le roman trouvera son public. Et si je peux émettre un souhait… Je serais particulièrement intéressée par ce qu’en pensent des lecteurs et lectrices qui vivent aux Pays-Bas ou en sont originaires. Croisons les doigts.

Coup de froid sur Amsterdam, roman policier historique, par Irène Delse, ISBN 978-2915543841, aux Éditions du 81, le 16 février 2024. Chez CulturaGibert, La Procure, à la Fnac ou au Furet du Nord, chez Decitre, sur Amazon, et bien sûr chez des libraires indépendants.

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