Archives quotidiennes : 26 février 2024

Etta Palm, Joachim Murat, personnages historiques et personnages de roman

Vignette arrondie : gravure du XVIIIe représentant un homme et une femme en costume aristocratique en train de s'enlacer

Poursuivons la galerie des personnages qu’on peut croiser dans les pages de mon roman Coup de froid sur Amsterdam, un polar historique qui se déroule sous la Révolution française, pendant l’invasion de la Hollande de 1795.

Il y en a une qui est assez peu connue du grand public, Etta Palm d’Aelders, même si les historiens récents se sont intéressés à son rôle dans le développement des idées féministes. Hollandaise, mais francophile, elle a longtemps vécu dans la France de Louis XV et Louis XVI, où elle a notamment joué le rôle de ce que nous appellerions une lobbyiste pour le gouvernement du Stathouder des Pays-Bas, contribuant à dissuader la France d’intervenir durant l’insurrection de 1787. On dirait aussi espionne ou agent d’influence.

Détail d'une gravure représentant Etta Palm : blonde, avec des boucles ramenées sur le sommet de la tête, et un fichu masquant la gorge

Élégante, cultivée, elle tenait un de ces salons qui ont fait beaucoup pour la réputation de la France des Lumières. Jusque-là plutôt alignée avec les intérêts de l’aristocratie, tant dans son pays qu’en France, elle devient assez radicale pendant la Révolution, participant à des clubs féminins ou mixtes de patriotes, où elle débat avec vivacité et conviction pour les droits des citoyennes.

Gravure révolutionnaire représentant un groupe de femmes en bonnet et fichu, réunies autour d'une table et écoutant une oratrice

Ce sont ces discours qui ont fait d’elle une icône proto-féministe. Pendant ce temps, Etta Palm était toujours en relation avec le gouvernement aristocratique du Stathouder en Hollande, ainsi qu’avec d’autres membres de la Coalition anti-Révolution, dont elle recevait de l’argent. Quand la Révolution s’est propagée aux Pays-Bas, cela lui a valu des ennuis avec la justice de son pays, passant même quelques années en prison.

Elle apparaît dans mon roman entre ces deux points forts de sa vie, du sommet d’influence au nadir, et je me garde bien de prononcer un jugement personnel sur son rôle, même si les autres personnages, surtout les républicains, ne la portent pas dans leur cœur.

Un autre personnage hors normes qui fait une apparition entre les pages du jugement : un certain Joachim Murat, alors simple chef d’escadron d’un régiment de chasseurs à cheval. Quelques mois après ses aventures aux Pays-Bas, il entrerait dans l’orbite du général Napoléon Bonaparte lors de l’insurrection royaliste de Vendémiaire à Paris. C’est Murat qui ramène les canons grâce auxquels le jeune général mate le soulèvement.

Gravure coloriée représentant Murat jeune, en uniforme vert de chasseur à cheval, ses longs cheveux noirs bouclés sur les épaules

On verra que certains de mes personnages ne sont pas très fans du flamboyant Murat, pour des raisons diverses. Mais j’espère avoir donné un aperçu à la fois pas trop éloigné de la vérité historique et sortant un peu des clichés et sentiers battus.

Enfin, on voit se profiler dans le roman un personnage vraiment controversé : le général Pichegru. Son nom est pour toujours attaché à sa trahison de 1797, mais juste deux ans plus tôt, en 1795, il était encore le héros de l’armée du Nord, le conquérant des Pays-Bas, et son nom est toujours gravé sur l’Arc de Triomphe.

En 1795, il devait commencer à donner de l’ombrage au gouvernement et à la Convention, à Paris. On était conscient qu’un général victorieux pouvait vite se transformer en dictateur. Tout le monde connaissait l’histoire de Jules César, ou encore le cas de Cromwell en Angleterre. Ce serait d’ailleurs bientôt ce qui se passerait avec Napoléon.

Gravure représentant Charles Pichegru en tenue de général de la Révolution, avec un bicorne à plumet tricolore

Quant aux événements du roman,  j’ai utilisé mon imagination, dans les limites de ce qu’on sait des faits historiques. Une bonne partie du matériel vient du livre de l’historien Olivier Blanc sur Les Espions de la Révolution et de l’Empire. Lecture stimulante, tout comme ses ouvrages Les Libertines et L’Amour à Paris au temps de Louis XVI, qui m’ont déjà bien servi pour Mort d’une Merveilleuse.

Coup de froid sur Amsterdam, roman policier historique, par Irène Delse, ISBN 978-2915543841, aux Éditions du 81, le 16 février 2024. Chez CulturaGibert, La Procure, à la Fnac ou au Furet du Nord, chez Decitre, sur Amazon, et bien sûr chez des libraires indépendants.