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Corrections, mon amour

Photo d'un moulin à vent ancien à côté d'un étang
Moulin De 1100 Roe, Amsterdam. Crédit : Aloxe CC-BY-SA 3.0

En écriture, s’entend ! Eh oui, je suis en train de terminer la mise au point d’un nouveau manuscrit, et le stade des corrections et révisions n’est pas le plus facile. C’est fou le nombre de bêtises et de coquilles qu’on découvre quand on commence à se relire…

De quoi s’agit-il cette fois ? Un nouveau roman policier historique dans la série commencée l’an dernier avec Du sang sur les dunes, mais qui se déroule un peu plus tôt, sous la Révolution. Pendant la campagne de Hollande, très précisément. Un épisode peu connu chez nous, même si cela a conduit à ce qu’il faut bien appeler un protectorat français sur les Pays-Bas, de 1795 à 1814. Ce que les Néerlandais appellent « la période française », ou « franco-batave ».

Un moment intéressant, dans un pays qui l’est tout autant. Et que je connaissais moi-même fort mal, je m’en suis rendue compte en cours d’écriture. Ni le gouvernement ni la société des Provinces-Unies, comme on disait à l’époque, ne ressemblaient à la France d’ancien régime, par exemple, même s’il existait une noblesse locale. Les lignes de fractures ne se situaient pas au même endroit. Il suffit de lire les récits de voyageurs français du XVIIIe siècle, qui s’étonnent que les riches bourgeois hollandais ne cherchent pas à faire oublier qu’ils sont roturiers, comme c’était le cas en France ou en Angleterre. Et puis il y a le paysage religieux, riche en sectes et églises en tout genre… Mais la tolérance néerlandaise tant vantée avait aussi des limites, et logiquement, ce sont les catholiques les plus suspects.

Ce sont justement ces récits d’époque qui m’ont le plus servi dans l’écriture de ce roman. Je peux citer Le Voyageur françois, anthologie réunie par un certain abbé de la Porte dans les années 1770. Plus de trente volumes disponibles sur Gallica… La Hollande figure dans les tomes 19 et 20. Et puis il y a des détails grappillés chez les mémorialistes, du prince de Ligne au général Thiébault. Une mine de données, dont beaucoup sont en ligne, en particulier des articles universitaires sur les « révolutions » de 1787 et 1795. Et il y a bien sûr les données visuelles, de Google Earth aux collections de cartes et gravures d’époque. Il y a ainsi une carte d’Amsterdam du XVIIIe siècle où figure chaque maison Et ce n’est pas une hyperbole.

Bref, il a fallu aller au charbon. Je ne me plains pas, j’ai découvert un pan de notre histoire tout à fait passionnant. Et j’espère que le roman qui en résulte tiendra la route. Mais je pense que pour celui d’après, je reviendrai à un cadre plus familier !

En attendant, je rappelle que le 20 août paraîtra le tome 2 de ma série policière, Mort d’une Merveilleuse, aux Éditions du 81. Après l’Empire, le Directoire, et une histoire sombre, très sombre. Je n’en dis pas plus pour l’instant.

Mes outils d’écriture (14) : Savoir s’arrêter de corriger

Deux chats buvant du lait avec une bouteille et un verre
Après l’effort, le réconfort.

Un roman n’est jamais terminé quand on met le point final. Vient ensuite une période plus ou moins longue, et plus ou moins pénible, appelée révisions. C’est là que les pros serrent les dents, et que les novices lâchent prise.

Je n’ai pas grand-chose d’original à ajouter là-dessus. Bien sûr que les révisions sont utiles : personne ne sort une copie parfaite du premier coup. Même les partitions de Mozart, contrairement à la légende, comportaient des ratures. Et on sait que des auteurs comme Balzac et Hugo corrigeaient leur texte jusque sur les épreuves de l’imprimeur. (Alors que normalement, l’éditeur gère ça et envoie au « marbre » un texte fini.)

Je suis en ce moment en pleine séquence de révisions pour mon roman policier historique, et c’est alternativement frustrant et amusant. Amusant quand je réalise que la tournure que j’avais notée comme nécessaire à un certain endroit était en fait déjà dans le manuscrit : bah, oui, c’était mieux écrit que je le croyais !

Frustrant, hélas, quand je dois rajouter un détail important pour l’intrigue, et que je bute sur un passage qui ne laisse pas prise à un ajout discret, faisant au contraire ressortir la greffe comme le nez au milieu de la figure.

Mais tout cela n’est pas le plus important : ce sont des questions techniques, incontournables, certes, mais pas fondamentales. Non, ce qui compte lors des révisions, c’est de ne pas perdre de vue la forêt à force de compter les arbres. Bref, garder à l’esprit le but, le roman, même si on est amené à se focaliser par moment sur un paragraphe ou même un mot.

Pour prendre du recul, rien de tel que de mettre de côté le texte après la première vague de révisions, celle qui a permis de corriger l’orthographe, la grammaire, combler les oublis les plus criants et supprimer les redites les plus évidentes. Et puis s’écarter, se changer les idées en faisant tout autre chose, avant de passer à la révision du style. Car là, il faudra absolument avoir les idées claires, ou on retombera dans l’ornière de l’auteure amateure qui se perd dans les méandres de sa prose et ne sait plus si c’est bon, mauvais ou juste ni fait ni à faire. Un état que je ne souhaite pas à mon pire ennemi.

La seule solution pour ne pas en arriver là : lever le nez du texte. L’enfermer dans un tiroir si on veut ; mais surtout, mettre le cerveau au travail sur autre chose. Pour moi, ce sera cette fois un texte de non-fiction, parce que l’occasion s’en est présentée, mais voyager, réparer son vélo ou tester de nouvelles recettes de cuisine, c’est valable aussi. Et qui sait, ça peut donner de nouvelles idées pour écrire.