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En passant

Pour ceux qui ne connaissent pas encore, Timeline, 5000 ans d’Histoire est un podcast présenté par Richard Fremder, qui explore le vaste champ de l’histoire de l’humanité. En plus des sujets habituels, où les invités sont des historiens ou historiennes … Lire la suite

Comment écrire un roman avec Internet (mais sans chatbots, merci)

A black and white cat peeking out of a side hole in a white plastic tunnel, with the words: "The internet is a series of tubes. And those tubes are full of cats."

Quand j’ai commencé en 2017 à rédiger mon second roman, Augusta Helena, c’était au départ une idée suggérée par un podcast de la sphère sceptique et rationaliste, où j’ai passé pas mal de temps des années 2005 à 2015 environ. Oui, c’est en écoutant un podcast de l’époque, Reasonable Doubt, que j’ai entendu parler du voyage à Jérusalem d’Hélène, mère de l’empereur Constantin et future Sainte Hélène pour les églises d’Orient et d’Occident. Elle avait alors près de 80 ans, ce qui est beaucoup, surtout dans les années 300 de notre ère, et même si l’historiographie a surtout retenu le récit de la « découverte » de la Vraie Croix (et le coup d’envoi lancé aux pèlerinages), il m’a tout de suite paru évident qu’un tel voyage de la mère du souverain ne pouvait qu’être politique.

Et si je tentais de raconter les aventures de cette « Indiana Jane du IVe siècle » (expression entendu dans le podcast) de façon à coller à la fois à la fois à l’histoire et à la légende ? Comment concilier ce que nous savons réellement sur son itinéraire et son séjour en Orient et la légende qui s’est greffée ensuite dessus ? Un exemple : dans la correspondance de Constantin, il est clair que c’est l’évêque de Jérusalem qui a présenté la Croix à l’empereur, mais les récits chrétiens ultérieurs attribuent la découverte de la relique à Hélène. Comment concilier ces deux points de vue ?

Je me flatte d’y être plutôt bien parvenue. Vous devriez bientôt pouvoir en juger. Les premier tome est en librairie, et le second devrait paraître le mois qui vient.

Autre exemple d’inspiration venue d’internet : Tous les accidents, le roman historique que j’ai écrit ensuite (pas de publication prévue pour celui-là, hélas), est né de la lecture d’un des « Le saviez-vous ? » quotidien de Wikipédia, la mention d’une héroïne des guerres de la Révolution, Marie-Angélique Duchemin, épouse Brûlon, qui a commencé par suivre son mari soldat comme vivandière puis, à sa mort, prit un habit d’homme pour se battre elle aussi. Elle a notamment servi en Corse en 1794 sous les ordres d’un certain Napoléon Bonaparte. L’aventure n’a pas duré longtemps, car elle a été blessée et découverte à cette occasion, mais Marie-Angélique a vécu assez longtemps pour être décorée de la Légion d’Honneur par Napoléon III. Un destin extraordinaire, qui m’a suggéré de raconter moi aussi une histoire de femme en guerre, et des bouleversements en tout genre apportés par la Révolution.

Enfin, la série de romans noirs historiques dans laquelle je me suis lancée en 2020, les aventures du capitaine Dargent, doit beaucoup à un autre podcast, Ken And Robin Talk About Stuff (KARTAS). Les hôtes sont tous deux concepteurs de jeux de rôles, mais leurs émissions hebdomadaires couvrent une variété considérable de sujets, en particulier l’art d’écrire de la fiction. Et c’est là que j’ai entendu parler du concept de héros iconique, selon le terme proposé par Robin D. Laws dans son livre Beating the Story. Un héros, ou personnage, iconique, est un personnage qui peut enchaîner les aventures sans changer lui-même ou elle-même. Au contraire, c’est le personnage iconique qui change le monde, typiquement en redressant les torts. Ce sont des héros et héroïnes détectives, justiciers, défenseurs des faibles. Ils vont de la délicate Miss Marple à l’invulnerable Superman, du cérébral Hercule Poirot à l’impétueuse Wonder Woman.

Concevoir un personnage qui pourrait jouer ce rôle de détective, avec des caractéristiques qui ne changeraient pas alors que le cadre et l’intrigue des romans pourraient varier de façon considérable : voilà un défi stimulant ! Et je me suis rendu compte que j’avais le candidat idéal sous la main : l’un des personnages de Tous les accidents, roman déjà évoqué, un certain Antoine Dargent, dont j’avais esquissé la biographie sans y passer autant de temps que pour ma protagoniste. Lui avait connu des aventures diverses, et même des changements de statut social importants, mais sans bouleversement de son monde intérieur, contrairement à l’héroïne du roman. Bref, une stabilité intérieure dans un monde en mutations, ce qui était prometteur.

Je me suis mise à rédiger un premier roman, qui sera finalement publié en 2021 sous le titre Du sang sur les dunes. Depuis, j’en ai rédigé deux autres, qui devraient trouver un jour ou l’autre le chemin des librairies, si les problèmes de prix de l’énergie, du papier et d’à peu près tout se calment un peu…

Bien entendu, dès que j’ai des informations sûres, je vous en ferai part ici, sur Internet. On y revient toujours.

Mes outils d’écriture (15) : Traînez sur Internet !

Un chat dans un tube de plastique. Légende : "Internet est une série de tubes. Et dans ces tubes, il y a des chats."
My God, it’s full of cats!

Non, ce n’est pas un conseil malveillant pour torpiller la concurrence. L’usage d’Internet m’a réellement permis de me développer comme auteure, en particulier comme romancière, et ceci est un petit témoignage de mon aventure.

Déjà, autant annoncer la couleur : je suis ce qu’on peut appeler geek, et je ne m’en repends pas. J’ai commencé à baigner dans des histoires de science-fiction et d’ordinateurs quand j’étais petite. Autant dire que quand j’ai pu me connecter régulièrement au Réseau, à partir de 1997, je n’ai pas hésité. C’était certes des temps héroïques : on payait sa connexion à la seconde, et ce n’était pas donné. Mais cela ouvrait de telles possibilités…

Par exemple, discuter avec des fans de mes auteurs favoris dans le monde entier, même ceux qui sont au Japon, ou à Nouméa, ou à Vancouver… C’était l’époque des messageries Usenet (ça vous dit quelque chose ? Googlez donc !) et l’astuce pour ne pas avoir une facture de téléphone trop horrible était de télécharger les messages du jour, puis se déconnecter pour lire à loisir et élaborer sa réponse. Puis on se reconnectait juste pour poster ses messages. Limité, mais c’était déjà le moyen d’augmenter en expérience. Celle dont on parle quand on conseille aux débutants : « écrivez sur ce que vous connaissez ».

Quelques années ont passé, l’an 2000 a commencé à rapetisser dans le rétroviseur, et on a pu profiter de quelques innovations bien pratiques : le WiFi et la compression mp3. Avec le premier, fini le décompte angoissé des secondes et des minutes pour ne pas dépasser ton forfait Internet ! Il était désormais presque confortable de surfer, et les possibilités de découvrir et interagir augmentaient d’autant. Ce fut pour moi la période des blogues et des forums en ligne, et l’exposition à bien des idées et des expériences nouvelles. Des gens racontaient leur vie sur leur blog ou dans leur forum préféré, et il n’y avait plus qu’à lire pour vivre par procuration. Et pour être aux premières loges quand des empoignades avaient lieu, car forcément, qui dit gens qui discutent dit qui se disputent…

Mais ce n’est pas tout. L’autre média de choix, en ce début des années 2000, c’était le podcast, alias balado pour parler un peu français. Et l’un d’entre eux m’a carrément donné une idée de roman. C’était, je crois, Rationally Speaking, un balado en anglais consacré à la discussion des religions sous l’angle du rationalisme. L’un des épisodes mentionnait au passage le voyage fait par l’impératrice Hélène, mère de Constantin, pour ramener la Vraie Croix de Jérusalem. Quelqu’un utilisait même l’expression « Indiana Jane du IVe siècle » ! Je n’en ai rien fait sur le moment, mais des années plus tard, je suis retombée sur la mention de ce voyage, toujours via un podcast. Cette fois, mon imagination n’a pas voulu rester en repos ; le résultat fut Augusta Helena.

Pour le roman suivant, Internet a encore frappé. Par le biais de Wikipédia, pour changer : ce site a l’excellente habitude de mettre chaque jour quelques articles à la une, soit de particulière qualité, soit parce qu’ils sont insolites… Un jour de 2018, en ouvrant la page, je tombe sur la mention de Marie-Angélique Duchemin, première femme décorée de la légion d’honneur et héroïne des guerres révolutionnaires. Il y avait même une photo, prise vers 1850. La dame n’avait pas l’air commode ! Fascinant. Je me suis aussitôt documenté un peu plus sur cette période foisonnante de notre histoire, et c’était parti ! J’en ai tiré Tous les Accidents, ce que je pourrais appeler mon « roman national ».

Je pourrais donner d’autres exemples, comment, grâce à Internet, j’ai découvert certains bouquins sur l’écriture qui m’ont conduite à faire évoluer ma pratique… Mais on se place alors déjà dans un autre billet de la série, qui s’intitulerait : « (16) Relis Ton Fichu Manuel »…

Comme nous disions du temps d’Usenet. Ce qui boucle la boucle.

Du scepticisme comme technologie

Funny cat picture: "skeptical cat is fraught with skepticism"

J’apprécie toujours le podcast (en anglais) Monster Talk, où on part des monstres de la légende ou de la pop culture pour explorer les questions scientifiques les plus diverses : écologie, évolution, neurosciences, bioéthique, linguistique, ethnozoologie, histoire ancienne et contemporaine… Le dernier épisode, avec comme invitée l’anthropologue américaine Eugenie Scott, était consacré à la croyance au « Bigfoot » en Amérique du Nord. Enfin, surtout à la façon dont on peut partir d’un sujet en apparence totalement futile (« Bigfoot ? Pourquoi pas les petits hommes verts… ») pour s’exercer à utiliser l’esprit critique, et pour enseigner cette discipline qui est d’une grande utilité dans la vie.

L’un des hôtes du podcast, Blake Smith, a d’ailleurs eu cette phrase qui résume bien les choses :

« For me, what’s important is skepticism as technology. »

« Ce qui compte, pour moi, c’est le scepticisme comme technologie. »

Albert Jacquard disait que les outils mentaux, comme les outils physiques, doivent être bien entretenus et gardés toujours en parfaite condition. Un chirurgien ne continue pas à utiliser un scalpel émoussé, par exemple ! Et il en est de même de l’esprit critique : il faut régulièrement l’entraîner, comparer son adéquation aux tâches qui se présentent, se documenter pour l’améliorer.

C’est ainsi que le scepticisme pourra être une technologie, un outil mental qui s’applique aussi bien aux sujets « amusants » (ovnis, Yéti, maisons hantées…) qu’à des sujets d’impact plus immédiats dans nos vies : que dit vraiment la science sur le climat ? Les OGM ? Les ondes des téléphones portables ? Quels sont les vrais chiffres du chômage ? Sommes-nous manipulés, et par qui ? Etc. On peut déjà, à la dernière question, apporter une réponse qui illustrera la méthode : le simple fait de se poser la question garantit qu’on est sur la bonne voie pour l’indépendance mentale, mais ne suffit pas pour y accéder. Ou, en termes formels, c’est nécessaire mais pas suffisant.

J’aime beaucoup aussi une anecdote racontée dans cet épisode par Eugenie Scott : encore étudiante, elle discutait avec un de ses professeurs d’une expédition qui se préparait alors pour essayer de trouver le yéti. L’autre anthropologue répondit simplement : « Moi, j’aimerais bien faire partie de la deuxième expédition d’étude du yéti. » La réplication est la pierre de touche de la méthode scientifique.

N.B. En français, je ne saurais trop recommander la chaîne YouTube Hygiène Mentale. Zététique, scepticisme, autodéfense intellectuelle : comme son titre l’indique, rien de tel pour garder à nos petites cellules grises toute leur agilité !

Rabid for science?

So this Sunday, I’m in bed with a bad cold. Not much to do but drink hot tea and listen to podcasts about viruses! In a recent episode of Skeptically Speaking, Desiree Schell talks with veterinarian Monica Murphy and science writer Bill Wasik about a very old and familiar, but also very uncanny, disease, rabies. It’s Episode 190,
– Rabid
, from the title of their book.

Every topic covered is just fascinating: from the early perception by ancient civilizations of the link between the human disease and the one in dogs, to the PR savvy of Louis Pasteur in using the already rare in his time, but still terrifying rabies to make the case for immunization. Also, the death-defying job of rabies lab research in a time where there was no vaccines and no means to cultivate the virus, except by using infected rats and rabbits that had to be handled with extra care…

And of course, we find interesting insights into human psychology in the course of the program, like the case of pet owners of the 19th Century who didn’t want to believe that their beloved animal could be the vector of a deadly disease! Nothing new under the sun, indeed.