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Augusta Helena : en attendant le tome 2, on déguste le premier

Augusta Helena, 1 : Énigmes en Terre Sainte, par Irène Delse, éditions du 81, janvier 2022

C’est le roman le plus ambitieux que j’ai écrit à ce jour, si je peux faire sonner un peu ma propre trompette : vaste, fourmillant, picaresque… Mais avec une intrigue dont tous les fils se nouent, sans en perdre en route, avec parfois des échos qui résonnent à des centaines de pages de distance.

Et c’est en même temps un roman policier, mais oui ! Le tome 1, paru en janvier de cette année, posait une double énigme : Qui a manigancé la mort de Crispus et Fausta, le fils et l’épouse de l’empereur Constantin ? Et qu’est-ce qui fait régner la terreur au monastère de la Tentation, en Palestine, au point qu’on parle d’influence du Malin ?

Des questions qui se posent à mon héros, Lucius, plutôt sceptique par nature, mais qui devra débrouiller des affaires d’intrigues de palais aussi bien que de controverses ecclésiastiques. Mais quand l’impératrice Hélène, mère de Constantin, vous donne une mission, pas question de refuser, évidemment !

Augusta Helena, t.1 : Énigmes en Terre Sainte, par Irène Delse, aux éditions du 81, 16,90€. Toujours disponible dans les Fnac, chez Amazon, Cultura et autres bonnes librairies. Le tome 2 devrait paraître le 2 décembre.

Tout le monde aime les (romans) policiers

« Le donjon du Temple vers 1795 ». Huile sur toile anonyme. Paris, musée Carnavalet.

Je vais faire un aveu : quand je me suis lancée dans l’écriture de romans policiers, au printemps 2020, c’était dans un but commercial, ou du moins dans l’idée que ce serait plus aisé à publier que ce à quoi je m’était consacrée depuis trois ans, le roman historique. Ce dernier est hélas vu comme quelque chose de désuet, et peu d’éditeurs en publient régulièrement.

En revanche, le roman policier a une vitalité jamais démentie, à la fois en nombre de titres et en variété. Vous ne me croyez pas ? Faites le test du rayon de librairie ! Déjà, toutes les librairies, physiques ou en ligne, ont au moins une étagère de romans policiers. Et il y en a pour tous les goûts, du plus « cosy » au plus glauque, du plus brut au plus sophistiqué, avec des variantes proches du roman social ou du thriller technologique. Mieux encore, le roman policier historique est un genre tout à fait actuel.

Pourquoi un tel succès pour le roman policier ? Il s’est écrit des bibliothèques universitaires entières sur le sujet, un genre dans lequel je ne vais pas me lancer, rassurez-vous. Après tout, il n’est pas difficile de voir que le côté ludique du roman policier classique, type Agatha Christie, où l’on est invité à résoudre l’énigme avec le protagoniste, stimule les circuits dopaminergiques de récompense et de plaisir, ce qui conduit à vouloir répéter l’expérience. Il y a aussi le fait que le type d’intrigue de ces romans (meurtres, crimes sexuels, vols ou escroqueries à grande échelle, etc.) permettent de mettre le doigt dans toutes les plaies de la société, d’en explorer des aspects qui peuvent nous mettre mal à l’aise, mais qu’il est plus facile de contempler à travers la distance de sécurité d’un récit de fiction.

Mais il y a plus : quand on regarde la logique de l’intrigue la plus fréquente des romans policiers, la recherche d’un meurtrier, on retrouve un très ancien motif folklorique et même mythologique : le mort reconnaissant. (Oui, c’est ce que signifie Grateful Dead et c’est l’origine du nom du groupe.) Dans ces récits, le héros rencontre en chemin le cadavre d’un malheureux à qui on a refusé une sépulture, généralement parce qu’il était endetté. Le voyageur généreux paie les dettes et permet au mort de reposer en paix, puis reprend son chemin. Un peu plus tard, le voyageur reçoit à son tour l’aide d’un mystérieux étranger qui n’est autre que le mort sous forme spectrale. On connait ce motif dans diverses cultures.

Chez nous, c’est par exemple le conte « Jean de Calais », le roman de chevalerie anglais Sir Amadas ou encore « Le compagnon de voyage » d’H. C. Andersen. Il y a aussi des histoires où le mort est en peine à cause de quelque chose qu’il n’a pu terminer durant sa vie : dire à ses enfants où est caché le trésor qu’il leur destinait, par exemple. Et il y a la catégorie plus générale des devoirs envers les morts, motif important dans l’Iliade (la trêve pour les funérailles d’Hector), dans la tragédie d’Antigone évidemment, ou dans la Bible, le livre de Tobie.

Il n’est pas difficile de retrouver un tel schéma dans de nombreux romans policiers : retrouver le meurtrier et l’amener à la justice, c’est une façon de rendre service à la victime, qui sinon ne pourrait reposer en paix. Je ne suis probablement pas la première à faire cette observation, mais il se trouve qu’elle m’est venue au cours de l’écriture de mon deuxième roman policier.

Car en effet, j’ai récidivé. Quand ça marche, pourquoi s’arrêter ? Il se trouve que je lis beaucoup de romans policiers, et beaucoup de romans historiques, j’ai donc « les codes », comme on dit. En juin dernier, je me suis mise à écrire un roman policier historique dans une période que je commençais à bien connaître : le Premier Empire. Et comme parmi ces codes du roman policier il y a l’idée de héros récurrent et de série de romans, j’ai délibérément choisi un détective iconique.

Résultat ? Vous allez bientôt pouvoir en juger vous-même, car le premier a été accepté par un éditeur. Pas mal pour un coup d’essai.

(Aussi paru sur Substack.)