
(NB : Billet déjà publié en août 2020, quand j’étais en pleines révisions pour mon premier polar historique, Du sang sur les dunes. Entre temps, j’en ai écrit un deuxième, Mort d’une Merveilleuse, qui devrait paraître fin août de cette année, et je suis en pleines révisions à nouveau… Encore un autre roman, le troisième de la série. Souhaitez-moi bon courage.)
Un roman n’est jamais terminé quand on met le point final. Vient ensuite une période plus ou moins longue, et plus ou moins pénible, appelée révisions. C’est là que les pros serrent les dents, et que les novices lâchent prise.
Je n’ai pas grand-chose d’original à ajouter là-dessus. Bien sûr que les révisions sont utiles : personne ne sort une copie parfaite du premier coup. Même les partitions de Mozart, contrairement à la légende, comportaient des ratures. Et on sait que des auteurs comme Balzac et Hugo corrigeaient leur texte jusque sur les épreuves de l’imprimeur. (Alors que normalement, l’éditeur gère ça et envoie au « marbre » un texte fini.)
Je suis en ce moment en pleine séquence de révisions pour mon roman policier historique, et c’est alternativement frustrant et amusant. Amusant quand je réalise que la tournure que j’avais notée comme nécessaire à un certain endroit était en fait déjà dans le manuscrit : bah, oui, c’était mieux écrit que je le croyais !
Frustrant, hélas, quand je dois rajouter un détail important pour l’intrigue, et que je bute sur un passage qui ne laisse pas prise à un ajout discret, faisant au contraire ressortir la greffe comme le nez au milieu de la figure.
Mais tout cela n’est pas le plus important : ce sont des questions techniques, incontournables, certes, mais pas fondamentales. Non, ce qui compte lors des révisions, c’est de ne pas perdre de vue la forêt à force de compter les arbres. Bref, garder à l’esprit le but, le roman, même si on est amené à se focaliser par moment sur un paragraphe ou même un mot.
Pour prendre du recul, rien de tel que de mettre de côté le texte après la première vague de révisions, celle qui a permis de corriger l’orthographe, la grammaire, combler les oublis les plus criants et supprimer les redites les plus évidentes. Et puis s’écarter, se changer les idées en faisant tout autre chose, avant de passer à la révision du style. Car là, il faudra absolument avoir les idées claires, ou on retombera dans l’ornière de l’auteure amateure qui se perd dans les méandres de sa prose et ne sait plus si c’est bon, mauvais ou juste ni fait ni à faire. Un état que je ne souhaite pas à mon pire ennemi.
La seule solution pour ne pas en arriver là : lever le nez du texte. L’enfermer dans un tiroir si on veut ; et pourquoi pas, mettre le cerveau au travail sur autre chose. Et qui sait, ça peut donner de nouvelles idées pour écrire.