L’opération de transparence à grande échelle menée par Wikileaks au grand dam des gouvernements de la planète (à commencer par les USA et leurs alliés) n’a pas seulement pour effet de pousser lesdits gouvernements à des accès de peur panique. Elle joue aussi depuis quelques jours le rôle d’un révélateur à forte intensité sur les différents acteurs du Net, qu’il s’agisse de politiciens, d’entreprises ou de médias.
Car la grande bataille pour faire taire Wikileaks a déjà fait des victimes morales:
1) Tous les politiques, depuis Sarah Palin jusqu’à Éric Besson, qui ont réagi avec hystérie, eu recours à des mensonges divers et appelé à des mesures illégales pour contrer les empêcheurs de faire des cachotteries en rond;
2) L’entreprise Amazon, qui a chassé Wikileaks de ses serveurs à la suite de menaces de Joe Liebermann et autres sénateurs US. Prétexte: Wikileaks ne possède pas le copyright sur les textes diffusés…
3) S’y ajoute le service Paypal, tout aussi prompt à céder aux pressions et obtempérer lorsqu’un officiel affirme que quelque chose est illégal. Et de bloquer le compte sur lequel Wikileaks recueillait les dons.
4) Et jusqu’au gestionnaire de noms de domaines EveryDNS qui a supprimé le domaine wikileaks.org à la demande d’un « acteur étatique ».
(Vous avez dit violation des termes du contrat d’utilisation? Hmm?)
D’un autre côté, il y a ceux qui ne s’en laissent pas compter, du moins pour le moment, et qui savent ce que séparation des pouvoirs veut dire.
Quand le ministre Besson a parlé d’empêcher l’hébergement de miroirs du site Wikileaks en France, l’hébergeur OVH, qui loue justement de l’espace serveur pour un de ces miroirs, a préféré se prémunir en saisissant le juge des référés, en déclarant que l’entreprise obéirait à la décision de la justice, mais que ce n’était pas aux politiques de décider de la fermeture d’un site. « C’est comme ça que ça doit marcher dans un pays de droit. »
C’est vrai, quoi.
Au fait, pourquoi tant d’hystérie? On demande bien aux citoyens et citoyennes lambda de s’accoutumer à être sous le regard des caméras de surveillance à chaque coin de rue, à l’installation de mouchards « anti-copie » sur les ordinateurs privés et de se déshabiller (ou presque) pour prendre l’avion. Les mêmes gentils gouvernants nous expliquent que c’est pour notre sécurité, voyez-vous, et que les gens honnêtes n’auraient rien à craindre…
Ils ne croiraient donc pas à leur propre ligne officielle? Comme c’est bizarre. C’est fou ce que cela inspire confiance, ce genre de comportement.
Mais quant à faire taire les activistes de la transparence… Bon courage!
Bref, selon Google himself, le terme « Wikileaks » serait déjà plus fameux que Wikipédia. En parlant de références…
Quelques liens, pour le principe:
- Liste des miroirs de Wikileaks mise à jour, chez Bluetouff;
- Autre liste sur Boing Boing;
- Les instructions pour établir un miroir soi-même;
- Les documents sources du « Cablegate » à télécharger en torrent sur The Pirate Bay (attention, 2,16 Go);
- Méthodes alternatives à Paypal pour faire un cadeau de Noël à Wikileaks;
- Et liste de moyens de payment en ligne autres que Paypal, histoire de faire savoir à ces dernier, dans le langage universel du boycott, ce qu’on pense de leurs tactiques. Évitons juste Amazon Payments, évidemment…
Et sur Owni, de quoi réfléchir à l’étape suivante: « Augmentons nos démocraties de quelques lignes de code »…